Chapitre 29 (corrigé)

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Nous faisons une pause dans un bar au bord de l'autoroute. Liam a vraiment besoin de se reposer mais il refuse de s'arrêter trop longtemps. Nous nous accoudons au bar et commandons deux hamburgers bien saignants. Depuis peu, j'ai un penchant pour la viande crue, alors qu'avant, elle me faisait horreur. Ce qu'on peut changer en peu de temps. Liam se lève et sort un téléphone portable.

- Je vais prévenir les gars que je t'ai retrouvée. Ils sont impatients de te voir.

Il s'éloigne sans que j'aie le temps de dire quoi que ce soit. Je ne sais pas ce qu'ils attendent de moi, mais je ne suis pas sûre d'être à la hauteur. S'ils veulent que je défonce définitivement la tronche de l'autre saloperie de vampire, je suis partante. Mais être un chef de guerre... Je ne suis pas de cette trempe-là.

Soudain, une odeur pestilentielle de sueurs et de cigarettes vient se poser à côté de moi. Ça doit être un de ces mecs qui passent leur vie sur la route et qui croit que leur habitacle est un sauna à nicotine. J'essaie au maximum de retenir ma respiration, mais je ne pourrais pas rester là longtemps.

- Bonjour, moi c'est Mike ! C'est quoi votre petit nom ? dit-il à quelques centimètres de mon nez.

Non seulement il pue comme un chacal, mais en plus sa bouche semble contenir un cadavre en décomposition. Je grimace et retiens un haut-le-cœur.

- C'est dégage de là ! répliqué-je, cinglante. Je ne te conseille pas de me saouler. Je ne suis pas d'humeur.

- Oh ! Mademoiselle a ses ragnagnas, ajoute-t-il, se croyant drôle. C'est bien dommage, j'aurais bien goûter à ton petit bonbon sucré. Si tu vois ce que je veux dire !

Bien sûr que j'ai compris, gros lourdaud ! Surtout qu'il commence à poser ses sales pattes sur moi. Mon loup se réveille instantanément. Bordel, j'ai envie de lui arracher sa tête de con.

- Retire tes mains tout de suite !

- Allez ! Arrête de faire ta mijaurée ! me raille-t-il. Ça se voit que tu es le genre de filles qui aiment tirer un coup rapide dans un coin sombre.

Je me lève tellement rapidement que le tabouret de bar se renverse. Ma mâchoire se contracte, mes ongles s'enfoncent profondément dans la paume de mes mains. Contrôle-toi, Ivy ! L'homme descend de son tabouret. Il a bien une tête sur moi, mais je n'en ai rien à foutre. J'ai déjà maté des gaillards plus costauds que lui, notamment un certain chef de meute qui ferait bien de rappliquer avant que je défonce la tête de cet abruti. Ce dernier me dévore des yeux avec un sourire pervers sur la face.

- Alors ça te dit un petit tour dans les toilettes avec moi ?

C'en est trop ! Mon sang ne fait qu'un tour. Je le saisis à la gorge et sers jusqu'à ce que mes ongles s'enfoncent profondément dans son cou. Sur le coup de la surprise, le mec reste pétrifié et ses yeux s'arrondissent. Mon étreinte se resserre encore plus. Il attrape ma main et tente de la retirer. Mais c'est peine perdue, j'ai bien plus de force que ce prétentieux d'humain. Son visage vire au rouge. Il commence à se débattre. Ses genoux finissent par se dérober sous son poids. C'est maintenant moi qui le domine.

- Alors on rigole moins, abruti, dis-je, d'une voix rauque et remplie de fureur.

La peur se lit dans son regard et je jubile. Il a peur et il a mal. Le bleu gagne ses lèvres à présent. Il ne va pas tarder à suffoquer. Soudain, une grosse main vient se poser sur mon épaule. Je tourne vivement la tête vers celui qui tente de me déranger dans ma partie de « qui va mourir le premier ». Liam. Son regard est dur et déterminé.

- Lâche-le, Ivy, murmure-t-il.

- Sinon quoi, vociféré-je.

- Lâche-le s'il te plait. On va avoir des ennuis.

- Mais ce petit con m'a manqué de respect. Je ne peux pas laisser passer ça.

- Je comprends et dans d'autres circonstances et dans d'autres lieux, je t'aurais appuyé. Mais là... là, tu te laisses submerger par ta colère. Ce n'est pas toi. Ne perds pas le contrôle. Ne le laisse pas dominer.

Sa phrase a l'effet d'une douche froide. J'écarte instantanément les doigts, libérant l'autre mec à deux doigts de clapser. Merde ! Qu'est-ce que j'étais en train de faire ? je balaie du regard le bar. Tout le monde me dévisage. J'ai merdé. J'ai merdé grave. Il faut qu'on se tire d'ici avant que les autorités nous tombent dessus. Je me dirige à grands pas vers la sortie, Liam sur mes talons. Arrivée dehors, je prends une grande inspiration. J'ai l'impression de suffoquer.

(Alors, tu as aimé ?)

Comme à chaque fois, la voix intérieure du démon me fait tressauter.

- Tu fais chier ! Qu'est-ce qui t'a pris ? On aurait pu se faire prendre, voire pire !

- C'est exactement ce que j'allais te dire, s'énerve Liam.

Merde ! J'ai parlé à voix haute ! Je perds les pédales.

- Désolé, Liam. Ce n'est pas à toi que je m'adressais, m'excusé-je.

- A qui parlais-tu alors ? s'agace-t-il.

- A mon démon, marmonné-je.

- Tu veux dire à ton loup.

- Les choses sont plus compliquées qu'il n'y parait.

Liam fronce les sourcils et ce que je lis dans son regard ne me plait pas.

- Tu es capable de parler avec lui ?

- Oui. Mais c'est récent.

- Comment est-ce possible ? demande Liam, anxieux tout à coup.

- Je crois qu'il faudra qu'on ait une discussion tous les deux quand on sera à New York. Il y a des choses dont je dois te parler.

Liam opine du chef, tout en me lançant un regard méfiant. Je n'aime pas du tout la tournure que prennent les choses. Il semblerait qu'une partie de ce que m'a raconté Hella soit vraie. Liam n'est pas au courant de l'existence des démons. Il n'a pas non plus l'air de pouvoir discuter avec son loup. Il faut croire que j'ai hérité d'une saloperie de démon supérieur comme Ach. Là-dessus, elle n'a pas menti. Reste à savoir si c'est le cas pour le reste.

(Je ne suis pas n'importe quel démon. Je te l'ai déjà dit.)

Le revoilà celui-là.

(Fiche-moi la paix ! Tu m'as assez mis dans le pétrin comme ça !)

Il faut que je parle avec Ach. Il pourra m'aider à comprendre.

- Liam, nous devons y aller avant que la police nous tombe dessus.

Il acquiesce, sans cesser de me dévisager. Je lui fais peur. Je commence à en avoir marre d'effrayer tout le monde et de foutre la merde autour de moi. Avant d'enjamber la moto, je regarde le lycaon.

- Il faut que j'aille voir Ach. J'ai besoin de son aide.

Je voisbien que ça le fait tiquer, mais il ne bronche pas et se contente d'acquiescerd'un mouvement de la tête. Et nous voilà partis pour le manoir, en espérantqu'il accepte de me recevoir. Notre dernière rencontre n'était pas très rose.

Louve solitaire (en cours de correction)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant