Chapitre 57 (en cours de correction)

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Le temps semble s'être figé. Je n'entends plus que le battement assourdissant de mon cœur. Mon regard ne quitte plus la pointe ensanglantée de l'épée. Cette lame qui s'est plongée dans le cœur de Ach au lieu du mien. Cette arme qui l'a détruit et qui la fait disparaitre à jamais. Fine poussière semée dans le vent.

Je suffoque bien plus que lorsque le démon m'étreint. Et cette douleur, pernicieuse, qui gonfle à chaque battement de cœur, tel un cancer qui me ronge de l'intérieur. Perdre Luc et maintenant Ach. Comment puis-je survivre à ça ?

Je ne peux pas. Je ne dois pas. Soudain, tout devient limpide. Je sais ce qui me reste à faire.

Le temps reprend son cours. Les bruits des affrontements reviennent. Le goût du sang dans ma bouche se fait plus fort. L'ange fronce les sourcils en s'apercevant que je ne suis toujours pas morte.

- Ce vampire avait l'âme plus pure que je ne le pensais. Se sacrifier pour te sauver. Mais ce n'est que partie remise. Hati doit périr pour que le monde soit sauvé. Et cela doit passer par ton sacrifice.

Il relève son épée mais mes mains se referment sur la lame et l'en empêchent. L'ange semble hésiter, ne comprenant pas ma réaction. Ses traits se durcissent. Qu'importe qui je suis, qu'importe ce que j'ai fait, son but reste de me tuer.

Il tire plus fort pour se dégager mais je ne le laisse pas faire. Ma décision est prise. C'est moi qui dois mettre fin à tout cela. Ni lui, ni le démon n'aura cet honneur. Je hais Hati pour ce qu'il m'a fait subir, ce qu'il m'a obligé de faire. Je hais cet être de lumière pour ce qu'il a fait aux deux hommes que j'aimais.

Je vais leur couper l'herbe sous le pied à tous les deux. Comprenant ce que je m'apprête à faire, le démon se met à hurler de toutes ses forces. Son cri de rage fait vibrer chacune de mes cellules, provoquant une douleur insupportable. Mais je ne céderai pas. J'ai toujours vécu selon mes propres choix. Je mourrai de ma propre main.

Fermement accrochée à la lame, qui s'enfonce dans les paumes de mes mains, je me hisse, utilisant mes dernières forces pour accomplir ma dernière bravade. L'ange me regarde, incrédule. Il ne comprend pas mes intentions. Un sourire victorieux naît sur mes lèvres.

Posant la pointe sur mon cœur, je tire d'un coup sec. L'épée pénètre sans résistance à l'intérieur de ma poitrine. Le froid du métal dans mes entrailles n'est pas si désagréable. Je dirai même que cette sensation a quelque chose de libérateur. Pas de douleur. Juste un sentiment profond de liberté. Je lâche un soupir, ferme les yeux et me laisse aller. Mon corps est accroché à la lame, tandis que mes mains retombent.

Hati a cessé de crier. C'est fini et il le sait. Lentement, mes sens s'éteignent. Les bruits semblent de plus en plus lointains. Ma peau s'engourdit. Mes muscles cessent de réagir. Je ne ressens plus rien. Mon cœur ne bat plus. Je m'enfonce inexorablement dans l'obscurité. La mort n'est pas si terrible que ça. C'est juste une absence de sensations. Un vide étrangement reposant, après tout ce que je viens de vivre. Mais cette paix est de courte durée.

La douleur se rappelle à mon bon souvenir. Je sens qu'on me soulève. Une poigne de fer s'est refermée sur mon crâne, me décolle du sol. La pression qu'elle exerce est telle qu'une plainte m'échappe. Je me sens tourner et devant mes yeux, apparait le loup. Hati. Furieux, enragé. La haine transpire de son aura malfaisante er vient m'étrangler.

( - Qu'as-tu fait, humaine ? Tu as foutu en l'air tout ce que nous avions eu tant de mal à mettre en place. A présent, seul l'enfer t'attend et je vais t'y accompagner. Je vais t'y trainer et je suis ton bourreau pour l'éternité. Du moins jusqu'à ce qu'un nouvel hôte me soit désigné. Alors tout ce que tu as fait n'aura servi à rien.)

Avant même que je ne puisse répondre, mon corps se fracasse sur un sol invisible. Hati, debout sur ses pattes arrière, me traine derrière lui. Je ne lutte pas. De toute manière, je me suis faite une raison. Les portes de l'enfer me tendent les bras, prêtes à m'accueillir dans leurs entrailles de souffrance.

Soudain, le démon se fige. Une lumière vient d'apparaitre très haut dans le ciel noir. Elle grossit de plus en plus, se rapprochant de nous.

( - Non ! C'est impossible ! Ton intervention est totalement déloyale. Cette âme m'appartient. Je ne te la céderai pas.)

La lumière se mut bientôt en un ange. Qui... Gabriel ? Gracieusement, ses pieds touchent le sol. Il se redresse et fixe le démon. Sa sérénité contraste avec l'affolement mêlé de haine de la créature de l'enfer.

( - Dieu en a décidé autrement, Hati. Ni toi ni moi ne peut s'opposer à son jugement.)

( - Lucifer ne laissera pas passer cette intervention de Dieu dans ses affaires. Il y aura des représailles.)

( - Nous le savons. Nous y sommes préparés.)

L'ange tend la main vers le démon. Ce dernier tente de résister un moment mais bien vite, sa patte relâche ma tête qui rebondit sur le sol. Il recule devant l'apparition divine, en grognant son mécontentement. Gabriel fait un pas vers moi. Hati le maudit encore une fois avant de disparaitre dans les ténèbres.

Moi, je reste là, étendue, le regard perdu dans le noir absolu. Le visage doux de Luc apparait alors au-dessus de moi. Il me sourit et je sens mon âme se réchauffer.

( - Dieu t'accorde une seconde chance, Ivy. Ton acte de renoncement l'a touché. Tu as encore un rôle à tenir sur Terre. Maintenant, il est temps de revenir.)

Samain se pose sur ma poitrine. Sa lumière pénètre en moi, coule dans mes veinesjusqu'à mon cœur. Puis, soudain, une brûlure intense. Mon corps se cabre sousl'effort, se met à convulser. Cette douleur me rappelle ce que je venais dequitter sans regret, ma vie terrestre. Puis tout s'apaise et je sombre dans unétat où ma conscience s'endort paisiblement.    

Louve solitaire (en cours de correction)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant