Chapitre 37 (corrigé)

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Je suis au milieu d'une rue bordée de chaque côté de petites maisons. Un quartier résidentiel, simple, sans chichis. Ces dernières ne sont séparées que par de petites haies par endroits. Les couleurs chaudes du soleil couchant s'étalent sur une mer d'huile que j'aperçois entre deux bâtisses. Une douce brise marine vient caresser mes narines de ses fragrances iodées. Je ne sais pas où je suis mais cet endroit me plait énormément. Dans une autre vie, j'espère vivre dans un endroit aussi paisible. Les lumières aux fenêtres s'allument au fur et à mesure que j'avance. Mes pieds m'entrainent vers une destination que j'ignore.

Soudain, des éclats de voix attirent mon attention. Devant le garage d'une des maisons, deux personnes jouent au basket. Je me fige aussitôt. Je reconnais immédiatement ce dos musclé, ces bras puissants, cette chevelure sauvagement organisée. Torse nu, Luc semble s'amuser follement avec une jeune femme. La jalousie enserre mon cœur entre ses doigts crochus quand je le vois la prendre dans ses bras et poser un délicat baiser sur son front. Il a l'air tellement heureux. J'ai envie de m'enfuir mais mon corps me conduit dans la direction opposée. Je me retrouve à me cacher derrière la haie bordant le jardin de cette villa de banlieue, à l'épier.

Plus je le regarde sourire pour elle, plus je sens mon cœur se briser. Cette horrible douleur dans ma poitrine me fait défaillir. Elle n'a pas le droit de le toucher ainsi. Elle n'a pas le droit d'avoir de lui ce que je ne peux plus obtenir. Son amour. C'est mon Luc. Il m'appartient. Les larmes menacent, je tente de les ravaler par fierté. Je m'appuie contre le buisson le plus proche et me laisse glisser au sol. Puisque mon corps refuse d'obéir et de fuir loin de tout ça, je suis condamnée à affronter cette vision du bonheur et de l'innocence que je ne connaitrai jamais. Mes paupières acceptent enfin de se fermer pour me soustraire à ce spectacle et les larmes déferlent aussitôt. Mon corps est tellement secoué de sanglots que je ne me rends compte de sa présence à mes côtés que lorsque Luc pose les mains sur mes épaules. A ce contact, je relève vivement la tête.

- Ivy ?

Son visage reflète une surprise et une joie non dissimulées. Pourtant, à ce moment-là, je ne ressens que de la colère. Je lui en veux d'être heureux, sans moi, malgré moi. Je le déteste d'avoir trouvé une paix que je n'aurais jamais. Je le hais d'être passé à autre chose, parce que son cœur s'est épris de quelqu'un d'autre. La rage envahit chaque cellule de mon corps, fait bouillir mon sang, pulse dans chaque recoin de mon âme. Soudain, elle éclate et je me retrouve, au-dessus de lui. Mes griffes poussent en une fraction de seconde et je me mets à lui lacérer le torse, ses bras qu'il place devant lui pour se défendre, son visage que je finis par atteindre. Et je m'acharne. Quelqu'un tente bien de m'arrêter mais je l'envoie voler plusieurs mètres plus loin. Je découvre la jeune femme blonde, sûrement assommée, gisant au sol.

Quandje me retourne vers Luc, il ne bouge plus. Ce n'est plus qu'un amas de chairslacérées rougissant. Je me rends compte alors de l'horreur de ce que j'ai sousles yeux. Je viens de massacrer Luc. Je viens de tailler en pièces l'homme quiaurait pu être celui avec lequel j'aurais fait ma vie, si seulement je n'avaispas été un monstre. Mon dieu, qu'ai-je fait ? Je recule jusqu'à rencontrerla haie. J'essaie de l'éloigner plus, pour ne plus voir, pour effacer cettevision effroyable. Mais rien à faire, mes yeux refusent de se détacher de cespectacle macabre. Je m'effondre et me mets à hurler. Je crie à m'en exploserles cordes vocales jusqu'à que le souffle me manque. C'est alors que jel'entends dans ma tête. Ce rire lugubre qui me glace le sang. Le démon se moquede moi, se réjouissant face à son œuvre. Mes mains se plaquent contre mesoreilles et je recommence à hurler. Plus je crie, plus le rire s'intensifie.    

Louve solitaire (en cours de correction)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant