Chapitre 43 (en cours de correction)

2.5K 267 5
                                    

Je les regarde tour à tour, complètement incrédule. Ce qu'ils sont en train de me suggérer est juste hallucinant. Les accepter tous les deux, en même temps. C'est juste... Soudain, le souvenir de mon hallucination refait surface. Mon corps se met à frémir.

- Je vois que tu avais déjà envisagé la chose, susurre Ach.

- Ce n'était pas moi, c'était le démon qui s'amusait à me torturer, réplique-je.

- Une torture qui t'a amené jusqu'à la jouissance, rétorque-t-il.

Je le foudroie du regard, incapable de lui donner tort. Luc est resté impassible, muré dans le silence. Il préfère fixer le sol plutôt que d'affronter mon regard. Je ne peux pas choisir entre eux. J'ai essayé, je ne peux pas. Ils me sont aussi indispensables l'un que l'autre. Mais leur demander ça serait purement égoïste. Ach se met alors à ricaner.

- Non mais regardez-vous, enfermés dans vos croyances puritaines ! Vous êtes pathétiques !

Son changement d'attitude me choque, autant que Luc apparemment, puisqu'il détache enfin ses yeux du plancher. Que cherche-t-il à faire en nous provoquant de la sorte ?

- Cessez donc de croire que votre vision étriquée de l'amour soit la seule envisageable. Certes, partager Ivy m'est intolérable, mais plutôt que de la perdre, je suis prêt à faire cette concession.

En une fraction de seconde, Ach se retrouve devant moi, son corps frôlant le mien. Aussitôt, mes sens s'affolent. Mon cœur bat plus vite. Ma raison se déconnecte. Doucement, il caresse l'ovale de mon visage, du revers de la main.

- Je sais que tu ressens la même chose que moi, Ivy. Tu sens ce lien qui nous unit malgré tout. Je connais tes sentiments pour lui. Je l'ai su même avant que tu ne les acceptes. Pourtant, je ne peux pas renoncer à toi aussi facilement.

Ses lèvres effleurent les miennes et j'entends Luc se lever du lit brusquement. Ach se place alors derrière moi et caresse langoureusement la naissance de mon cou.

- Et toi Luc, serais-tu prêt à l'abandonner uniquement pour contenter ton orgueil de mâle ?

Ses doigts continuent leur va-et-vient sur ma nuque. Son souffle glacé me fait frissonner de plaisir et je sens que je perds le contrôle sur mon corps.

- Regarde, Luc. Regarde son corps réagir. Elle en a envie. Elle n'ose pas le dire mais elle le désire ardemment.

Le bout de sa langue vient titiller mon oreille et je retiens mon souffle. En deux enjambées, Luc nous rejoint. Il repousse violemment le vampire.

- Ote tes sales pattes !

Ach se met à ricaner. Je me retourne et je vois ses yeux flamboyer d'un violet incandescent.

- Que cherches-tu à faire, Luc ? Me défier ? Je t'ai pourtant offert une proposition en or. Mais il faut croire que ton sens de la propriété est trop forte.

- Je ne suis la propriété de personne, m'offusque-je.

- Ce n'est pas moi qui te revendique à corps et à cri, se moque-t-il.

Luc se précipite sur Ach, mais le vampire est trop rapide. Il l'esquive et le pousse violemment contre le mur. Le chasseur se retourne et repart à l'attaque.

- Ça suffit tous les deux !

Ni l'un ni l'autre ne m'écoute. Luc est tenace et finit par balancer une droite dans le visage du vampire.

- Ça, tu vas le regretter !

Il l'attrape par le cou et décolle ses pieds du sol. Luc se débat tant bien que mal, en tentant de lui asséner des coups de pied.

- Bordel, Ach, lâche-le !

Mais il refuse d'entendre raison. Je laisse ma colère me submerger une fois de plus et le cogne en plein dans les côtes. Sous l'impact, Ach laisse tomber Luc, qui se relève aussitôt, prêt à repartir à l'assaut. Je le contrecarre en m'interposant entre les deux.

- J'en ai marre de votre attitude de machos, hurle-je, à bout de nerfs. Rien à foutre de vos compétences d'hommes de Cro-Magnon. Vous allez vous calmer ou sinon c'est moi qui vous en colle une.

Les deux semblent surpris, ce qui apaise tout de suite l'ambiance.

- Toi, tu vas aller t'asseoir sur ce putain de lit et oublier ton comportement de parfait abruti, lance-je à Luc, qui se met à froncer fortement les sourcils.

Devant ma détermination, le chasseur cède et retourne se poser sur le lit, les bras croisés sur la poitrine.

- C'est ça, gentil toutou, obéis à ta maîtresse, se moque le vampire.

- Oh toi, tu la fermes ! Si tu crois que je n'ai pas compris ton petit jeu ! Il vaudrait mieux que tu ailles t'aérer un peu. Vas donc te dégoter une bimbo pour lui sucer le peu de cervelle qu'il lui reste. Peut-être qu'elle t'en donnera assez pour que tu redeviennes raisonnable. Parce qu'en ce moment, tu en manques cruellement.

Luc réprime avec difficulté un rire. Ach et moi le foudroyons du regard.

- Premièrement, je ne suis pas un zombie, je ne mange pas de cervelle. Et deuxièmement, ce n'est pas toi qui vas me dire ce que j'ai à faire.

Je l'attrape par le col. Ma colère est telle que je sens le démon gagner du terrain. Il est temps que Ach sache que je ne suis pas son jouet. Je le soulève légèrement et ses talons se décollent. Comprenant ce qui est en train de se passer, ses yeux s'écarquillent de surprise.

- Vraiment ? tu es sûr de toi ? Si tu crois pouvoir me refaire le coup de la dernière fois, tu te goures. Ne sous-estime pas Hati. Lui aussi a ses limites et tu es à deux doigts de les franchir. Alors je ne pourrais plus rien pour toi. Reviens que quand tu sauras où est ta place.

Ma voix se module entre mes tonalités naturelles et celles plus rauques du démon. Contenir sa soif de sang est difficile. Même l'affection que j'ai pour le vampire ne saurait la freiner très longtemps. Il vaut mieux qu'il s'en aille, le temps que je m'apaise.

Ach baisse aussitôt les yeux et je le repose au sol. Sans un mot, il sort et claque la porte derrière lui. Epuisée par cette lutte intérieure acharnée, je dois m'asseoir par terre pour reprendre mon souffle. Luc me rejoint et pose délicatement ses mains sur mes épaules. Je le repousse aussitôt. L'amertume me prend les tripes. Moi qui ne voulait pas lui montrer ce côté de ma personnalité, de ma vie. Maintenant, il ne pourra pas nier l'évidence. Je ne suis pas faite pour lui.

- A quoi tu pensais en passant cet accord avec Ach ?

- Je crus bêtement que... Je t'avais perdu déjà une fois, tu ne voulais plus me voir, alors je me suis dit que c'était peut-être une solution pour me faire une place dans ta vie.

Je me mets à rire toute seule face à l'absurdité de la situation.

Maisquelle vie, Luc ? Je suis habitée par un démon qui doit provoquerl'apocalypse d'ici quelques jours. Démon qui d'ailleurs va sûrement broyer monâme dès qu'il en aura l'occasion. Ma durée de vie se limite aux quelques joursqui restent avant la pleine Lune. A moins que j'accepte de libérer Hati, etlaisser libre cours à sa folie meurtrière. Tu crois vraiment que ta place setrouve ici avec moi ?    

Louve solitaire (en cours de correction)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant