Chapitre 53 (en cours de correction)

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La journée est passée plus vite que je ne le pensais. Nous avons peu parlé. Nous ne nous sommes pas lâchés. Ma barre chocolatée à la main, je me dis que le chocolat va drôlement me manquer. Je la savoure, appréciant chaque bouchée en sachant que c'est la dernière. J'ose un coup d'œil dans sa direction. Il est pâle comme la mort. Depuis quand ne s'est-il pas nourri ? Sans plus y réfléchir, je retire ma veste et lui tend mon bras.


- Bois.

Le vampire me dévisage. Sans un mot, il attrape mon poignet, plante ses crocs en douceur et aspire avec un plaisir non dissimulé. Je me laisse aller tout contre lui, ma tête commençant déjà à tourner. De délicieuses sensations se rappellent à mon bon souvenir. Je ferme les yeux et me laisse porter. Cette sensation d'extase est de courte durée. Déjà Ach se détache de mon bras. Je me redresse tant bien que mal. Les yeux mi-clos, j'observe sa bouche pulpeuse. Je crève d'envie de l'embrasser.

D'un geste mal assuré, je saisis son menton et l'embrasse avec avidité. Il répond à mon baiser, tout en m'attirant plus près. Ses mains se mettent à parcourir mon corps. Un désir incandescent s'allume en moi. Je pourrais presque les arracher les vêtements ainsi que les miens, pour qu'il me prenne sauvagement. Ici et maintenant.

Un rire rauque me stoppe dans mon élan.

- Regarde, Emeraude. La pire des abominations. Un vampire avec une lycaon. Il manquerait plus qu'ils nous fassent un petit.

Je me détache de Ach, cherchant du regard à qui appartient cette voix éraillée qui me semble familière. Le vampire s'est mis devant moi, pour me protéger. Mais je suis tout à fait capable de me défendre toute seule. Je me lève, prête à en découdre.

Un corps se détache alors de la pénombre du sous-bois. Comment ai-je pu ne pas le voir ? Merde, c'est le blond du supermarché. Mais où est sa copine ? tous mes sens sont en alerte, mais impossible de la localiser.

- Pathétique. Elle n'est même pas capable de nous repérer. Les démons supérieurs ne sont plus ce qu'ils étaient.

La brune apparait à son tour, à côté du blondinet. Mais comment ne l'ai-je pas vu plus tôt ?

- Mais qu'est-ce que...

- Des sorciers, répond Ach.

Des sorciers ? Il manquait plus que ça. Depuis quand les sorciers ça existe ?

- Ils savent se faire discret. Autant les vampires et les lycaons ne sont pas en très bon terme, autant les sorciers nous détestent cordialement. C'est pour cela que nous ne nous fréquentons jamais.

- On ne se mêle pas à la pourriture, réplique la fille.

Je sens ma patience fondre comme neige au soleil.

- Alors que faites-vous ici ?

- L'Apocalypse, lycaon. Sans nous, il ne peut pas avoir lieu.

Je jette un coup d'œil interrogatif vers Ach.

- Je n'en sais pas plus que toi. Je ne suis pas dans les petits d'Hella. Encore moins ceux de Samuel.

- On va être obligé de les instruire, Isaiah, reprend-elle. Je t'en laisse la charge. Tu sais que je n'ai aucune patience.

La sorcière va s'appuyer sur la barricade et admire la cascade, comme si de rien n'était. Le blond s'adosse à un arbre, croise les bras et soupire.

- Tu me laisses toujours le sale boulot, Emeraude. Ça devient lassant.

Ça y est. Ma jauge de self-control est à zéro. Je sers les mâchoires pour tenter de me calmer. A mes côtés, Ach est plus tendu que jamais. Sa main me broie les phalanges. C'est ce qui m'empêche de péter un câble.

- L'ouverture des portes de l'Enfer ne peut se faire qu'en la présence des principaux lieutenants de Satan. Ils sont sept à avoir été envoyés sur Terre, les sept cavaliers de l'Apocalypse. Deux d'entre eux ont pris l'apparence de vampires, deux autres celui de lycaons. Nous sommes ceux qui se sont incarnés en sorciers. Et bien sûr, reste celui qui va tous nous diriger et veiller au bon déroulement des plans de notre Seigneur : Azazel, le bras droit de Lucifer.

J'ai bien cru que Ach allait se liquéfier sur place. Je le regarde, intriguée.

- Azazel est là ?

- Pas encore mais il sera bientôt parmi nous.

Ach s'agrippe à mon bras. Je ne l'ai jamais vu aussi désespéré. Alors que je vais l'interroger, un brouhaha accompagné d'une odeur caractéristique me coupe l'herbe sous les pieds.

- Les lycaons sont arrivés, réplique-je aussitôt.

Je me dirige vers le point de vue, cherchant du regard mes congénères. Au pied du bassin, dans la gorge étroite, des hommes sortent de la forêt et se postent le long de la rivière. Je me détourne et, sans un mot, saisissant la main du vampire au passage, je me dirige vers la meute qui ne cesse de croitre. Je cours plus que je ne marche dans le sentier. Nous arrivons enfin à destination.

En quelques minutes, les rives sont noires de monde. D'un côté, les lycaons ont établi leur campement. De l'autre, les vampires patientent sous les arbres. Toujours ce clivage navrant. Ils vont tous devoir combattre les anges et pourtant ils sont toujours là à s'ignorer. Je cherche dans la foule un visage familier. Liam. Repoussant les lycaons qui me bouchent le passage, je ne tiens pas compte de leur grognement de protestation. Il ne m'a toujours pas vu. Je pose la main sur son avant-bras. Il se retourne et je devine dans son regard un mélange de soulagement et d'inquiétude.

- Ivy.

Je sers contre moi ce gros ours, qui restent les bras en l'air devant ma réaction incongrue.

- Je sais, elle est bizarre aujourd'hui. Peut-être est-ce la nostalgie qui fait surface ?

Je fronce les sourcils à l'intention de Ach, avant de lui donner une tape sur la poitrine.

- Ferme-la, abruti. Tu étais bien content de mon côté nostalgique tout à l'heure.

- Oui, en effet. Je regrette juste qu'on ait été interrompus.

Le vampire tente de faire de l'humour mais je vois bien qu'il n'est pas très à l'aise. Je pense que la conversation de tout à l'heure l'a bouleversé plus qui ne veut bien le montrer.

- Ivy.

La voix de Samuel me crispe aussitôt. Il avance vers moi d'un pas décidé. Les autres s'écartent sur son passage. Derrière lui, j'aperçois la silhouette fluette d'Hella. Je grimace malgré moi.

- Je suis là. Comme promis.

Il se plante devant moi, me toisant de son regard intimidant. Mais je ne me laisse pas impressionner.

- Ta place n'est pas ici. Les autres lieutenants se sont réunis en amont, près du bassin.

Pourquoi ne suis-je pas étonnée qu'il soit au courant de tout ?

- Azazel est déjà là ?

Alors qu'il vient de faire volte-face, Samuel revient vers moi et me dévisage. Et oui, petit frère, je suis au courant de certaines choses.

- Non, mais il ne saurait tarder. On a intérêt d'être déjà sur place avant qu'il ne soit là. Il n'est pas du genre à apprécier le manque de ponctualité.

Il n'a pas l'air commode cet Azazel pour réussir à foutre la trouille à Ach et Samuel. Je hoche la tête et suit Samuel, la main de Ach toujours dans la mienne. Mon frère s'arrête et jette un regard condescendant vers le vampire.

- Lui n'est pas convié.

- Je m'en fous royalement. C'est tous les deux ou personne.

- Libre à toi. Tu en assumeras lesconséquences. 

Louve solitaire (en cours de correction)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant