Le trajet a été une vraie torture pour mes sens. Je n'avais pas qu'une envie lui caresser son torse, humer son parfum enivrant. J'ai dû me mordre les lèvres jusqu'au sang pour m'empêcher lui embrasser la nuque. Il faut que je me rende à l'évidence, cette petite séance de pelotage en règle, sur le bord du lac, a éveillé mon désir. Non pas qu'il ne me tentait pas avant, mais avoir caressé son corps musclé a été le geste de trop qu'il m'a fait basculer.
Quand Luc gare enfin sa moto dans le jardin, ma volonté s'est réduite à une peau de chagrin. N'y tenant plus, je saute de l'engin, avant même qu'il ait fini sa manœuvre. J'égrène un chapelet de jurons pour moi-même, jusqu'au perron. Luc me rattrape en quelques enjambées et ouvre la porte devant moi. A ce geste galant, il allie un sourire désarmant. Maudit chasseur, je fais tout pour te sortir de ma tête et tu te fais encore plus charmant.
Dans la maison, pas le moindre bruit. Je me réjouis intérieurement. Peut-être Ach est-il de sortie. Mais ma joie est de courte durée. On le trouve assis, dans le salon, semblant guetter notre arrivée. Il a les jambes croisées, les bras posés sur les accoudoirs. Son air sombre n'augure rien de bon. Merde ! Pourvu qu'il n'ait rien lu dans mes pensées. Ses ongles s'enfoncent dans le matelassage du siège. Ses lèvres se pincent. J'ai l'impression qu'il contient sa colère.
- Pendant que vous batifoliez, les chasseurs sont passés. Ils savent que vous êtes ici. J'ai réussi à les convaincre du contraire, mais ils vont sûrement revenir à la charge.
Je blêmis d'un coup. Je me tourne vers Luc. Son visage est fermé. Ses yeux fixent le sol.
- Demandez donc à votre si parfait petit chasseur comment ils ont pu vous retrouver aussi rapidement, rétorque Ach sur un ton hargneux.
Je dévisage à nouveau Luc. Je cherche dans son regard des réponses, mais il me fuit. Putain de merde ! Ne me dis pas que...
- Luc, c'est à cause de toi ? demandé-je prudemment.
Il passe nerveusement les mains dans ses cheveux. Je sens une colère sourde remonter de mes entrailles.
- Luc, réponds, exigé-je, sur un ton tranchant.
Il lève enfin la tête. Ce que je vois dans ses yeux me glace le sang. Il savait. J'ai un mouvement de recul. Mon cœur est pris dans un étau.
- Le conseil m'a contacté. Ça fait quelques jours que je n'avais pas donné de signes de vie. Il voulait savoir ce que je faisais. Alors je leur ai menti, mais je me doutais que le mensonge n'était pas passé. J'allais t'en parler mais...
- Ça suffit ! hurlé-je à pleins poumons.
Je commence à faire les cent pas. Comment avais-je pu être aussi bête ? Luc est un chasseur et le restera à jamais. Ce lien est plus fort que l'attirance qu'il éprouve pour moi. Il ne peut pas renier tout ce qui a fait sa vie, en un claquement de doigts. Je comprends mieux son attitude distante au bord du lac.
- Tu leur as dit où on était ?
- Bien sûr que non, s'offusque-t-il. J'ai juste dit que j'étais sur une piste. Il fallait bien que je justifie mon silence !
- Et tu pensais vraiment qu'ils allaient te croire, idiot !
- Tu me fais chier, Ivy. Je ne suis pas aussi con que tu sembles le croire. J'essayais juste de gagner du temps.
Nous nous affrontons du regard. Rien ne le trahit. Ni sa respiration calme, ni les battements soutenus de son cœur. Je perçois juste de la colère et de l'amertume. Il semble avoir dit la vérité, mais quelque chose s'est brisé en moi. Je me rends compte que j'ai sous-estimé sa loyauté envers les chasseurs. Ce coup de fil date d'hier au mieux. Entre temps, il a pu découvrir quelle bête immonde je suis réellement. Rien ne me dit qu'il ne va pas se rétracter et me trahir pour de bon. Ach se lève alors. Je le sens se placer derrière moi et poser ses deux mains glacées sur mes épaules.
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Louve solitaire (en cours de correction)
Manusia SerigalaVous vous rappelez de cette histoire d'amour avec un loup-garou qui tombe amoureux d'une humaine, qui elle aime un vampire ? Eh bien, c'est tout l'opposé de ma vie ! La mienne n'est qu'une succession de galères, qui a débuté le jour de ma Métamorpho...