Chapitre 48 (en cours de correction)

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Le taxi se gare devant un hangar grisâtre. Un néon défraîchi m'indique que je suis arrivée à bon port. Fisher Automobile. Je file au chauffeur quelques billets, sans même lui jeter un regard. Derrière moi, la voiture redémarre et je presse le pas pour atteindre de la porte de l'atelier. J'ai hâte de passer au carnage. J'appuie sur la poignée. Elle s'ouvre sans difficulté. Soit on nous a mal renseigné, soit les chasseurs sont des enfoirés d'inconscients. Qu'importe ! Humains ou chasseurs, j'ai besoin de chair fraîche.

L'intérieur est à peine éclairé à cette heure, mais la pénombre ne me dérange pas. Elle est mon alliée. J'y vois parfaitement et elle me cache aisément de ceux que je veux surprendre. Le cliquetis des outils m'indique d'ailleurs où les trouver. Derrière la carcasse d'une voiture posée sur un pont élévateur, une dizaine d'hommes bricolent tout en sirotant une bière. Ils ont l'alcool matinal ! Ils ont l'air si... innocents. Si seulement ils savaient ce qui va bientôt leur arriver. Je quitte l'ombre pour enfin m'exposer. Rapidement, l'un d'entre eux me repère et indique aux autres ma présence d'un hochement de tête.

- Nous pouvons vous aider, Mademoiselle ?

- Tout dépend ce que vous savez faire, réponds-je un sourire aux lèvres.

Les autres se mettent à ricaner, croyant sûrement à une provocation. Je n'ai pas besoin de les provoquer. Je viens juste les massacrer.

- Nous savons faire des tas de choses. Tout dépend ce que vous recherchez, me lance un grand brun, dont le regard lubrique glisse sur mon corps.

J'ai envie de lui arracher tout de suite sa sale petite gueule, mais je dois d'abord savoir si je suis au bon endroit.

- Ma demande n'est pas conventionnelle. J'ai besoin de chasseurs.

Tout à coup, leurs visages changent d'expression.

- Alors, nous ne pouvons rien pour vous, Mademoiselle. J'en suis désolé. Ici, c'est un garage et non une cabane dans les bois.

Mes lèvres s'étirent encore plus. Cette non-confirmation est un aveu à lui tout seul. Je suis donc exactement où je dois être. Je décide alors de retirer mes chaussures. Ils me regardent, intrigués. J'attrape ensuite le bas de ma robe et la fait passer au-dessus de ma tête. J'entends alors les souffles s'accélérer. Leurs regards ont pris la teinte du désir. Pauvres petites créatures irréfléchies. Ils ne sentent même pas le piège se refermer sur eux. Je la plie consciencieusement et la dépose sur mes chaussures.

- Mademoiselle, je ne sais pas ce que vous cherchez, mais vous devriez vous rhabiller. Sinon, je ne réponds plus de mes gars.

- Je n'ai pas peur d'eux. Vous avez déjà essayé de m'avoir dans le hangar. Sans grand succès.

L'incompréhension traverse à présent les yeux. Soudain, l'un d'entre eux – sûrement le moins idiot – comprend et se lève précipitamment pour se diriger vers un coffre de métal. Je ne lui laisse pas l'occasion de l'atteindre. En quelques secondes, je me transforme et me jette à sa gorge. Les autres, dans un cri d'effroi, saisissent enfin dans quel pétrin ils se sont fourrés. Ils tentent de fuir ou de se saisir d'armes. Mais le démon n'a pas l'intention de les laisser abîmer son enveloppe de chair. Il les attaque, les uns après les autres. Mes crocs s'enfoncent dans des gorges. Mes griffes lacèrent les chairs. Le sang recouvre mon pelage.

Certains réussissent à me toucher, mais cela ne fait qu'attiser sa soif de carnage. Il s'acharne sur certains, au point où on ne distingue plus les traits de leurs visages. Ils succombent, un à un. Bientôt, seul subsiste le grand brun au regard pervers. Ses yeux ont changé. J'y vois à présent la peur. Une peur viscérale. Et j'en suis euphorique. Je quitte mon état de lycaon pour retrouver mon corps de femme. Nue, couverte de sang, je le terrifie encore plus. Dans son regard, je vois maintenant les flammes de l'enfer qui brûleront bientôt leur monde.

Je ne peux m'empêcher de rire à gorge déployée devant sa vaine tentative pour m'échapper. Je le saisis alors à la gorge et le plaque contre un mur. Il s'étouffe lentement, s'agissant telle une poupée de chiffon entre mes doigts.

- Très bien, chasseur. Nous avons à parler. Je te laisse le choix. Soit tu me dis la vérité et je te tuerais vite. Soit tu me mens et je vais te torturer lentement.

Comme pour ajouter le geste à la parole, je lui lacère avec délice les côtes. Un couinement me fait comprendre qu'il a saisi le message. Je relâche alors ma prise. Il s'affale au sol dans un bruit sourd. Je m'accroupis pour me retrouver à sa hauteur. Son visage a pâli.

- Commençons par le début. Qui vous a prévenu pour notre réunion ?

- De quoi parlez-vous ?

- Mauvaise réponse, soupire-je.

Mes griffes s'enfoncent dans les chairs tendres de sa cuisse droite. Il réprime un cri.

- Je repose donc ma question : qui vous a dit que nous serions dans le hangar sur le port ?

Je le sens hésiter. Je m'enfonce un peu plus, histoire de lui rappeler ce qui l'attend. Il gémit.

- L'un d'entre nous l'a su par un de ses indics. Il a refusé de nous divulguer son identité.

- Et ?

Mes doigts trifouillent dans son muscle. Il serre les dents. Une goutte de sueur perle le long de sa tempe.

- Il nous a donné le lieu et l'heure. Et aussi la condition que lui a imposé l'indic pour toutes ses infos. Nous devions tuer en premier le chasseur.

Mon sang se fige aussitôt. Luc était visé. Toute cette attaque avait-elle eu pour seul but de le tuer ? j'arrache alors un morceau de chair. Le chasseur expire un cri de douleur.

- Qui a ordonné une chose pareille ? vocifère-je.

- Je vous jure que je ne sais pas.

Je tente de contrôler ma rage. Si je le tue maintenant, je n'aurais pas toutes les réponses que je suis venue chercher. Je prends une grande respiration et plonge mes yeux dans les siens. Pendant un long moment, je tente de souder son âme. Il a l'air d'être sincère. Je n'obtiendrais rien de plus à ce sujet. Passons donc à la suite.

- Deuxième question. Réfléchis bien à ce que tu vas dire. Où sont les anges ?

Ses yeux s'écarquillent de surprise.

- Les anges apparaitront quand l'apocalypse sera sur le point de se produire.

Je lui sors alors mon plus beau sourire.

- Alors ils ne devraient pas tarder à montrer le bout de leur nez.

Cette fois, la terreur déforme ses traits.

- C'est... c'est impossible !

- Et pourtant ! Regarde-moi ! Je suis celle qui va mener l'enfer sur Terre. Mais ça, tu n'auras pas l'occasion de le voir car ta vie finit bientôt.

- Les anges vous arrêteront et vous retournerez pourrir en enfer, Démon.

Dans un élan d'audace, le chasseur me crache à la figure. Un rire rauque s'échappe alors de ma gorge.

- Tu y seras bien avant moi.

Le démon plante ses griffes dans l'abdomen du chasseur, attrape son cœur, encore palpitant, et le retire d'un coup sec.

Passele bonjour à Lucifer et dis-lui que bientôt la Terre sera à lui.    

Louve solitaire (en cours de correction)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant