Chapitre 47 (en cours de correction)

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Le jour de l'apocalypse approche à grand pas. Hella et Samuel se sont chargés de rameuter les lycaons et les vampires des environs. Evidemment, Liam a débarqué avec sa bande. Il a tiré une sale tronche en me voyant. Il faut dire que j'ai une mine affreuse. Je ne mange plus, je ne dors plus. Je ne sais même pas comment je fais pour être encore debout. Sûrement grâce à Ach qui réussit à me gaver de force de temps à autre.

- Ivy, tu fais peur à voir, me lance Liam.

- C'est le but.

Il me dévisage encore plus. Il ne comprend pas. Evidemment qu'il ne comprend pas. Personne ne comprend, accepté Ach. C'est le seul qui réussit à me maintenir à flot. Il est toujours en train de me surveiller. Ses yeux ne me lâchent plus. La nuit, nous restons de longues heures à regarder les lumières de la ville, tous les deux, assis face à la baie. Parfois, je m'endors contre lui. Il ne bouge jamais, attends que je me réveille. Mais ça ne dure jamais très longtemps. Une heure tout au plus. Mes cauchemars ne me laissent aucun répit.

- La meute attend tes ordres.

La réflexion de Liam me tire des méandres de mon esprit. Je le fixe un moment, un peu perdue, avant de comprendre ce qu'il vient de me dire.

- Adresse-toi à Samuel. C'est lui qui coordonne les meutes.

Liam semble vouloir ajouter quelque chose mais déjà je lui tourne le dos. Au bout de quelques secondes, je l'entends tourner les talons. Me voilà de nouveau seule, et ça me convient. Depuis cette nuit-là, je suis devenue avare en paroles. Je me contente de répondre afin qu'on me fiche la paix. Samuel a rapidement renoncé à nos échanges. Ach, lui, a tout de suite compris. Il est devenu aussi taciturne que moi. Il est devenu mon ombre. Là où je suis, il n'est jamais très loin. D'ailleurs, je l'entends se rapprocher. Le vampire pourrait venir sans faire de bruit, mais il sait que mes réactions sont imprévisibles et souvent violentes. Hati n'est pas un démon commode. Il aime la violence, les confrontations. A présent, je lui laisse le champ libre et il ne se gêne pas pour laisser libre cours à sa fureur.

- Que veux-tu Ach ?

Je sais qu'il hésite à dire ce qu'il a sur le cœur. Il est vrai que je ne lui simplifie pas la tâche.

- Il ne reste que deux jours. Tu devrais sortir un peu. Samuel et Hella ont déjà tout finalisé.

- Sortir pour quoi faire ? Côtoyer cette vermine puante ? Non merci ! J'attendrai ici jusqu'au jour de l'apocalypse. Quand je sortirai, ce sera pour semer le chaos.

- Te rends-tu compte de ce que cela signifie ? le monde ne sera jamais plus le même. Tout ce que tu as connu disparaitra.

- Et alors ?

Ach se tait. Tout cela, je n'en ai plus rien à faire. L'homme n'est qu'une bête immonde. Bien pire que les démons que je côtoie chaque jour.

- Il va y avoir beaucoup de morts. Dieu ne nous laissera pas gagner aussi facilement. Il enverra ses anges pour nous contrer.

- Qu'il les envoie, je vais les déchiqueter avec plaisir.

Le vampire pose les mains sur mes épaules. Je tressaille en sentant son contact glacé.

- Ce que je craignais le plus est arrivé. Je t'ai perdue. Toutes mes tentatives ont échoué. Sa disparition a fini de te faire basculer.

Je me crispe aussitôt. Il n'a pas le droit. Je lui interdis de parler de lui. Je me retourne vivement et lui fais face. Ses yeux sont tristes à en mourir. Il n'a pas le droit d'être triste. C'est de sa faute s'Il est mort. Je le repousse violemment.

- Je te l'interdis. Il serait encore en vie si tu ne l'avais pas ramené jusqu'ici. Il est mort à cause de toi.

- Luc t'aurait retrouvé tôt ou tard. Tu n'aurais pas dû l'abandonner comme tu l'as fait. Son côté bon garçon l'obligeait à venir à ton secours.

- Tu n'as pas le droit de prononcer son nom.

La colère envahit de nouveau mon corps.

- Je ne l'ai pas tué, Ivy.

- Mais tu y as contribué. Peut-être même est-ce toi qui a prévenu les chasseurs ?

Ach fait un pas en arrière, comme percuté par mes paroles. Ses yeux ont repris leur éclat violine. En une fraction de seconde, il m'attrape et me plaque au mur.

- Jamais, tu entends, jamais je ne ferai quelque chose qui te mette en danger. Plutôt mourir que de te perdre.

Sa déclaration réussit à atteindre mon cœur, pourtant bien cadenassé. Mais je ne peux pas, je ne veux pas ressentir encore de l'amour. Plus jamais. Ses yeux me sondent encore un instant, puis il me relâche et quitte la pièce aussitôt.

Ach n'est pas réapparu cette nuit-là. Et c'est tant mieux car je ne sais pas si j'aurais pu encore soutenir son regard. C'est le seul qui sait comment percer ma carapace. Il me rend faible et il n'est pas question que je sois faible. Quand l'aube pointe son nez, je décide de quitter mon point d'observation pour aller me préparer. Le vampire avait raison, il faut que je sorte. Mais pas pour les raisons qu'il avance. J'ai besoin de me défouler. Le démon ronge son frein et devient intenable. L'appel du sang et de la chair fraîche est devenu trop fort.

Après une douche rapide, j'enfile une robe. Samuel est dans le salon, en pleine conversation téléphonique. Quand il me voit passer, ses sourcils se soulèvent d'étonnement.

- Où vas-tu ?

- J'ai besoin de prendre l'air.

- Et tu ne veux pas m'en dire plus ?

Je me tourne vers lui et l'observe un instant. Puis je le rejoins en quelques enjambées, pour venir me placer sous son nez.

- Je vais avoir besoin de ton aide. Où est-ce que je peux trouver des chasseurs à massacrer ?

Mon frère semble hésiter un instant. Puis ses lèvres s'étirent dans un sourire machiavélique.

- Je suis content que tu sortes enfin de ta torpeur. Au nord de la ville, sur Welch St, un petit garage. Il parait que c'est leur point de chute.

- Merci petit frère.

Alors que je m'apprête à franchir la porte, Samuel m'interpelle.

- Tu veux qu'une voiture te dépose là-bas ?

- Inutile. Je vais prendre un taxi. Au fait, je t'ai piqué deux cents dollars. Ne les cherche plus.

J'entendsencore son ricanement quand les portes de l'ascenseur se referment. Une énergienouvelle se met à courir dans mes veines. Je trépigne d'impatience de sentirsous mes griffes les petits corps convulser. Je me lèche les lèvres rien qu'àl'idée de les voir se débattre pour tenter de m'échapper. Quand les portess'ouvrent enfin, je soupire de soulagement. Ma frustration est telle que jepourrais tuer la première personne qui s'opposerait à moi. Arrivée dehors, jetrouve rapidement un taxi. Les yeux concupiscents du chauffeur sur mes jambesdénudées me donnent une furieuse envie de lui sauter à la gorge, mais je meretiens car il est mon ticket pour un pur moment d'extase.    

Louve solitaire (en cours de correction)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant