Chapitre 8 (corrigé)

6.9K 570 28
                                    


J'émerge des bras de Morphée. Je me sens particulièrement bien ce matin. Est-ce dû à cette respiration calme et apaisante, distincte de la mienne, ou à cette douce chaleur qui se diffuse à travers ma joue, ma poitrine, ma jambe ? Mon esprit encore embrumé ne sait pas où il est, mais on s'en balance. C'est trop bon pour y mettre fin. Je laisse échapper un soupir d'aise tandis que ma main se met à parcourir le tissu sur laquelle elle est posée. Je sens en-dessous un corps ferme, ondulant au rythme d'inspirations profondes qui s'accélèrent légèrement au fur à mesure de mes déplacements. Mes doigts continuent leur exploration et suivent les courbes descendantes sur lesquelles ils se promènent depuis tout à l'heure. Mais ils sont stoppés par une main qui se referme sur mon poignet.

- Je t'ai laissée contre moi parce que tu dormais profondément, mais il ne faudrait pas abuser, murmure une voix masculine.

La voix d'un homme, grave, suave. J'aime. J'entrouvre les yeux pour découvrir le visage de l'apollon sur lequel je suis étalée. De beaux yeux verts m'observent, méfiants. Et soudain, tout me revient. Les lycaons, le chasseur, ma cheville. Et c'est la douche froide. Je me redresse d'un coup.

- Mais qu'est-ce que...

Mes paupières se mettent à papillonner. La dernière chose dont je me souviens, c'est qu'après notre prise de bec, le chasseur est allé s'isoler en regardant à la télé, et que de mon côté, je me suis laissé aller au sommeil, bon gré mal gré.

- Est-ce que tu... on a...

A priori non, vu que j'ai encore mes vêtements et lui aussi. Sans compter le regard perplexe qu'il me lance.

- Qu'est-ce que tu fais dans le lit ? m'indigné-je.

- D'abord, c'est mon lit, je l'ai payé, proteste-t-il, les bras croisés sur sa poitrine. Et ensuite, tu n'as rien à craindre de moi. Je suis peut-être un enfoiré de chasseur, qui assassine à tour de bras, mais je sais me tenir. Je ne suis pas du genre à abuser d'une femme endormie.

De toute évidence, notre discussion a laissé des traces. C'est vrai que je me suis lâchée hier et que je n'ai pas vraiment été tendre avec lui. Je dirais même que j'ai fait ma langue de vipère, en le traitant de monstre sanguinaire, alors que, jusqu'ici, il s'est montré plus que correct avec moi.

- Ce n'est pas ce que je voulais dire...

Comment pourrait-il voir autre chose qu'un loup garou en moi, si moi-même je reste sur les clichés qu'on m'a inculqués ? Il est le premier homme qui démontre à mon égard un minimum de respect. Et moi, je continue à me conduire en sauvage effarouchée. Je sais, c'est un chasseur, rien ne me garantit que tout ça, ce n'est pas du cinéma. Après tout, il veut m'emmener voir le Conseil. Qui sait ce qui m'attend là-bas ? Mais je ne peux toujours douter de tout le monde. Et là, j'ai envie de faire confiance, de lui faire confiance. Alors il faut que je prenne sur moi. Je dois faire le premier pas pour essayer d'arranger les choses.

- Je suis désolée. Hier soir, j'y suis allée un peu fort.

Le chasseur lève un sourcil, mais il est toujours sur la défensive. Il va falloir faire mieux pour le convaincre.

- On est parti du mauvais pied tous les deux, soupiré-je. D'accord, par nature, nous sommes rivaux. Mais, de toute évidence, nous ne sommes pas comme les stéréotypes dont on nous a bourré le crâne. Tu n'es pas un chasseur, prêt à tout pour tuer du lycaon. Au contraire, je t'ai trouvé particulièrement... gentil avec moi.

Il soupire en décroisant les bras.

- Je ne suis pas comme ça. Faire du mal pour le principe n'est pas dans mes habitudes. Au contraire.

Louve solitaire (en cours de correction)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant