Louve solitaire (en cours de correction)

Chapitre 42 (en cours de correction)

Luc me tourne vers lui et plante ses beaux verts dans les miens. Je perds pied, j'abandonne toutes mes bonnes résolutions.

- Pourquoi t'inquiètes-tu pour quelque chose qui n'est pas encore arrivé ? Je vais bien et tout se passera bien. Tu sais maîtriser ton démon, je l'ai vu à plusieurs reprises. Je te fais confiance.

- Tu ne devrais pas. J'ai changé, Luc. Beaucoup changé.

- C'est bien pour ça que tu as besoin de lui, réplique Ach, qui nous observe de loin, assis sur les marches. Luc saura te ramener. Il t'obligera à repousser le démon. Depuis que tu lui as dit adieu, tu as oublié ce que tu es.

La rage reprend le dessus et j'ai envie de boxer son petit visage arrogant. Bon sang ! Ach a raison. Je n'arrive plus à me contrôler. Tout est prétexte pour laisser libre cours à ma fureur, à sa fureur. Démon de merde ! Je sers la mâchoire pour contenir toute cette colère. Luc me caresse les épaules tendrement. Je pose la tête sur son torse pour tenter de reprendre mon souffle. Le repousser, l'enfouir au plus profond de moi, dans sa cage que je n'aurais jamais dû entrouvrir. C'est difficile, c'est douloureux, mais c'est nécessaire. Sinon l'indicible risque de se produire. Luc resserre son étreinte. J'entends son cœur tambouriner contre mon oreille. J'emplis mes poumons de son odeur suave. Luc. Ma bouée, mon roc. Je dois m'y accrocher pour ne pas sombrer dans l'obscurité.

- Ivy, laisse-moi rester auprès de toi.

Je soupire, vaincue. Mes bras le pressent contre moi. Ce fichu vampire avait raison. Il n'y a que Luc pour me ramener à la raison.

- Il faut partir maintenant, finis-je par dire. Ach, va chercher nos affaires.

En un clin d'œil, le vampire revient avec mon sac. Nous nous dirigeons vers la sortie quand soudain, mon geste s'arrête. Cette odeur. Samuel. Il est dans l'ascenseur. Bordel de merde ! La porte s'ouvre alors, laissant apparaitre mon frère, dont les yeux rouges reflètent une colère difficilement contrôlée.

- On m'a dit que le vampire était de retour et qu'il avait ramené un chasseur. Je suis arrivé à temps à ce que je vois. Pousse-toi, Ivy. Je vais m'en occuper.

Samuel s'approche dangereusement de Luc, toutes griffes dehors. Je m'interpose.

- Samuel, c'est Luc.

- Le chasseur qui t'a emmené au conseil et à cause de qui tu as failli mourir, continue Samuel, toujours sur le qui-vive.

- L'homme dont je suis amoureuse.

Du coin de l'œil, je vois le visage de Ach se fermer. Je sais que je suis en train de lui faire de la peine mais il faut que mon frère comprenne à quel point Luc est important pour moi. Samuel se fige, semble réfléchir. Mon cœur bat à cent à l'heure. Mon esprit tente de trouver une échappatoire au cas où il déciderait tout de même d'en finir avec Luc. Mais heureusement, il se radoucit.

- Tu tiens réellement à lui.

Je hoche la tête.

- Alors qu'il s'en aille.

- Impossible, les chasseurs nous ont vu entrer, réplique Ach. Si Luc sort seul, il sera considéré comme un traite. Et ils ne sont pas du genre à pardonner ce genre d'incartade.

Je ne lâche pas les yeux de mon frère. Qu'il fouille dans mon âme, qu'il voit à quel point j'ai besoin de lui et que je ne pourrais jamais me pardonner s'il lui arrivait quelque chose. Samuel lève les yeux au ciel.

- Très bien, il peut rester. Le vampire aussi. Mais pas question que l'un d'entre eux viennent contrecarrer nos plans. Ils sont de notre côté à partir d'aujourd'hui, de gré ou de force.

Je jette un regard suppliant vers Luc. Sa mâchoire se contracte fortement. Je sais que cela revient à lui demander de renoncer à ce qu'il est au fond de lui.

- C'est d'accord, marmonna-t-il, les yeux rivés au sol.

- Alors, vous êtes mes invités mais interdiction de sortir jusqu'à qu'on ait bouclé cette réunion avec les vampires. Est-ce clair ?

Luc et Ach acquiescent, un peu à contre cœur.

- Maintenant, laissons ces messieurs discuter. Je pense qu'ils vont devoir trouver un terrain d'entente. Deux mâles pour ma sœur chérie. Ce serait dommage de devoir nous débarrasser d'un nouveau cadavre ce soir.

Samuel me tire vers le salon, laissant Luc et Ach en tête à tête.

Les deux se sont éclipsés à l'étage. Tandis que Samuel me parle encore et encore de la rencontre avec la reine des vampires, mon esprit est obnubilé par Luc et Ach. On ne s'est pas revu tous les trois depuis le clash avec l'autre folle, et je redoute leur confrontation. Lorsque j'ai quitté Luc, on venait de faire l'amour et pour la première fois, j'avais senti cette connexion, ce sentiment si fort qui m'avait complètement embrouillé. Puis je l'ai trahi. Je me suis lâchement laissé aller à mes pulsions. J'avais couché avec Ach et j'avais aimé. J'aimais toujours ça. Je ne peux pas le nier. Il y a quelque chose de particulier entre nous. Mon cœur est perdu mais ma conscience montre du doigt mes actes inavouables. Je joue sur les deux tableaux et ça va finir par me péter à la figure.

Quand enfin Samuel me laisse partir, je me précipite dans les escaliers mais je suis incapable d'appuyer sur cette fichue poignée. Je sens qu'ils sont là, tous les deux. Je les entends parler. Ils sont étrangement calmes. Je m'attendais à ce que l'un tente d'étriper l'autre. C'est tout le contraire.

- C'est à elle de décider, marmonne Ach. Tu n'as rien à dire et moi non plus. Si cet accord lui convient, tant mieux pour nous. Sinon...

- Tu as de la chance que ce qui m'importe, ce sont ses sentiments. Je sais qu'elle tient à toi. Je ne sais vraiment pas pourquoi, mais c'est le cas. Tu ne peux pas savoir à quel point ça me fait chier.

- Crois-moi, tu n'es pas le seul à te dire que cette situation est foireuse.

Je finis par pousser la porte. Luc est assis sur le lit, la tête posée sur ses doigts entrecroisés. Ach, quant à lui, est adossé au mur nonchalamment. Ils ne lèvent pas la tête en m'entendant entrer. L'atmosphère est pesante. Mon estomac se resserre, redoutant la conversation qui s'annonce.

- Je vous écoute. C'est quoi le deal ?

- Evidemment, elle a tout entendu, ricane Ach.

Luc se contente de se frotter les tempes et Ach de se balancer sur ses pieds. Je sens que ma patience frôle le niveau zéro.

- Vous allez me le dire, bordel ! On ne va pas y passer la nuit ?

- Très bien, puisque Monsieur Muscle ne semble pas prêt à tout balancer, je m'y colle, lâche le vampire, sur un ton méprisant.

Luc lui lance un regard noir mais ne bronche pas.

- Après avoir longuement discuté et confronté nos points de vue, nous sommes arrivés tous les deux à la même conclusion. Un seul choix s'offre à nous et c'est toi qui va devoir trancher. Soit tu choisis l'un d'entre nous et l'autre s'effacera, soit tu nous prends tous les deux.

- Tous les deux ? bredouille-je. Comment ça tous les deux ?

Tu astrès bien compris, rétorque Ach, avec un sourire salace.