Chapitre 49 (en cours de correction)

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Je rince consciencieusement mes bras. Cette petite séance de massacre a été un peu salissante. J'inspecte mon reflet dans le miroir des toilettes. Mes cheveux sont poisseux. J'oublie parfois que le loup n'est pas du genre à faire dans la dentelle. Au contraire, plus c'est sanglant, mieux c'est. Il aime se nourrir de la souffrance. Mais je n'ai pas fini de le rassasier. Tandis que j'entreprends de rincer ma tignasse, je réfléchis à mon plan d'attaque.

Premièrement, récolter le maximum d'informations ici. Les chasseurs m'ont appris certaines choses. A moi de combler les vides. Ensuite, faire disparaitre les corps. Un petit feu de joie devrait faire l'affaire. Je ne veux pas leur mettre la puce à l'oreille avant l'heure. Quoique... Ils doivent déjà être sur les dents, sinon ils ne nous auraient pas attaqué comme ça. Après, je rentre chez Samuel. J'ai des questions à lui poser, ainsi qu'à Ach. Je dois envisager toutes les possibilités. Bien plus que l'Apocalypse, retrouver le meurtrier de Luc est ma priorité. J'ai encore deux jours pour mettre la main sur cet enfoiré et lui faire payer.

Je ferme le robinet. J'observe la fille du miroir. Mon regard est dur et acéré. Une légère lueur rougeâtre a envahi mes iris bleues, leur donnant parfois une teinte caramel. Ce que j'étais avant est mort. J'ai accepté le démon et j'ai aussi soif de sang que lui. Plus besoin de lutter, juste accepter, le laisser s'exprimer. C'est la première fois de ma vie de lycaon que je peux me laisser aller. Jamais je n'aurais pensé que ce soit à ce point une libération.

Je traverse le garage à la recherche du bureau. Un petit coup d'œil à leur ordinateur devrait être instructif. Au passage, j'enfile ma robe qui étonnamment a échappé aux projections de sang. J'allume le PC et farfouille un peu. Je finis par tomber sur des fichiers dont un donnant la liste des biens appartenant aux chasseurs. Parfait. Je saurais où faire mes recherches. En fouillant dans un tiroir, je tombe sur une clé USB. Je copie ce dont j'ai besoin. Maintenant, passons à la phase suivante. Destruction des preuves.

J'attrape un bidon d'essence et asperge tout. La voiture, les corps. Le liquide irisé se mélange au rouge du sang qui couvre le sol. Bon, il me faut de quoi allumer ce fichu feu. Il y en a bien un qui devait fumer. J'inspecte chaque poche. Je finis par trouver un briquet dans le jean d'un mec à moitié éviscéré. Dans son état, il ne risque plus d'en avoir besoin. Je me dirige vers la porte d'entrée et me retourne pour contempler mon œuvre. Je souris malgré moi. C'est la première fois que je tue des gens, sans le regretter une seconde. J'en viens même à trouver ça beau. On dirait presque un tableau de Caravage. La beauté crue de la mort. Je me baisse alors et pose la flamme sur la surface liquide. Aussitôt, le feu se propage et envahit rapidement tout le garage. Je sors comme si de rien n'était. Et tandis que je m'éloigne de cet enfer, j'entends les flammes prendre pleinement possession des lieux et effacer toute trace de ma venue.

Quelques minutes plus tard, me voilà à nouveau chez Samuel. L'appartement semble vide. Très bien, ça me laissera le temps de regarder plus attentivement ces fichiers. Je rentre dans son bureau et m'y installe. Je fais défiler tranquillement l'écran. Apparemment, ils ont quelques planques. Le Q.G. semble être un bar. Je sais ce que je vais faire ce soir. Quand j'éteins l'ordinateur et pivote dans le fauteuil pour sortir, je tombe nez à nez avec Ach. Il se tient debout, à côté de la porte, sans bouger. Ses yeux me fixent intensément, comme à leur habitude. Nous restons ainsi un long moment.

- Alors tu es revenu. Je pensais que cette fois, tu serais définitivement parti.

Il ne dit toujours rien. Seul son regard semble montrer une réaction. Le noir profond de ses iris me dévoile son âme. Il y a tellement de tristesse. Soudain, je doute. Est-ce qu'il serait capable de faire une chose pareille ? évidemment qu'il l'est. C'est Ach. Tout ce qu'il fait n'a qu'un objectif, le satisfaire. Luc était un obstacle. Il a très bien pu le supprimer. Je me reprends.

- Qu'attends-tu de moi, Ach ?

Je le sens hésiter, puis il décide de se laisser tomber dans un des fauteuils devant le bureau.

- Rien, Ivy, rien. Je suis juste incapable de m'éloigner de toi.

Je me lève, fais le tour du bureau et vient m'installer entre lui et le meuble. J'ai besoin d'être proche de lui, pour mieux analyser ses réactions. Plus je l'observe, plus je le trouve las. Il est si loin du vampire que j'ai rencontré dans un bar, il n'y a pas si longtemps. Lui aussi, je l'ai détruit. Mais je ne peux m'empêcher d'envisager qu'il soit le responsable. Je dois en avoir le cœur net.

- Je veux savoir, Ach. Je veux savoir si c'est toi qui a fait assassiner Luc.

Il lève aussitôt un regard incrédule vers moi. Il m'interroge, plonge dans mon esprit pour savoir si je mens. Je ne mens pas, Ach. Quelqu'un voulait sa mort. Je veux savoir si c'est toi.

- Non, je n'y suis pour rien. Je ne sais que trop ce qui se serait produit. Et je ne me suis pas trompé.

- Pourquoi devrais-je te croire ? Tu sais si bien manipuler les autres.

Soudain, Ach attrape ma main et la plaque contre sa poitrine, juste au-dessus de son cœur. Je sens les battements à travers le tissu et sa peau glacée. Ses yeux noirs transpercent mon âme.

- Prends-le. De toute manière, il t'appartient déjà. Que dois-je faire ou dire pour te convaincre ? Jamais je ne te ferais du mal. Je préférerais mourir.

Ma main posée si près. Il me suffirait d'enfoncer mes griffes, d'attraper son cœur et de le broyer. Mais... je ne peux pas. Ach a toujours été là pour moi. Toujours. Ce n'est pas lui.

Je fais glisser mes doigts sur son torse, sans le quitter des yeux. Sa bouche s'entrouvre. Non, Ach. J'ai compris que ce n'est pas toi, mais il n'est pas question que tu me touches. Je me lève et quitte la pièce, sans lui laisser le temps de réagir.

En passant la porte, j'évite tout juste d'entrer en collision avec Samuel. Décidément, ils ont décidé de me surprendre aujourd'hui. Il me lance un regard interrogateur.

- Je mettais les choses au point avec Ach. Tout va bien.

Je me dirige vers le salon et me poste devant la baie. Maintenant, il faut que je cuisine mon frère. Il avait tout intérêt de retirer Luc de l'équation. Luc était ma conscience. Sans lui, je ne suis plus que le démon. Exactement ce que veut Samuel. Je le sens derrière moi. J'entends son cœur battre à rythme régulier.

- Alors tu t'es bien amusée avec les chasseurs ? demande-t-il sur le ton de la plaisanterie.

- Oui, follement.

- Tant mieux. Je suis heureux que tu sois de nouveau parmi nous. J'ai besoin de toi, ma sœur. Je ne peux rien faire sans toi, tu le sais.

- Evidemment.

Jeprends une grande respiration. La discussion qui va suivre va me demanderbeaucoup de concentration et de maîtrise. Si Ach sait se jouer des personnes,Samuel est pire encore. Pire qu'Hella. Je vais devoir être plus rusée que leserpent tentateur.    

Louve solitaire (en cours de correction)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant