Chapitre 25 (corrigé)

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Luc a passé tout l'après-midi dans le jardin, en compagnie de Hella. Je les ai observés en train de discuter. Au début, il était tendu, distant, puis au fur et à mesure, je l'ai vu se calmer. A présent, je le vois même sourire. Et ça ne me plait pas du tout. Décidément, cette femme me porte sur les nerfs. La nuit commence à tomber. En plus de mon agacement, s'ajoute à présent l'appréhension. Je redoute les événements qui vont suivre. Mon esprit est complètement chamboulé, perturbé par ce qu'il a vu et entendu aujourd'hui.

Hella nous a proposé de nous installer dans un boudoir, à l'étage, pour être plus à l'aise. La pièce est en effet plus petite que le salon dans lequel elle nous avait accueillis. Celle-ci est tapissée d'un papier-peint pourpre aux entrelacs prunes. Sur le mur faisant face à la porte d'entrée, un immense miroir encadré de dorures reflète tout ce qui s'y trouve. Disposés de part et d'autre, des sofas en acajou et velours prune se font face, séparés d'un simple repose-pied faisant office de table basse. Les appliques ajourées diffusent une lumière jaunie, donnant un air chaleureux à la pièce. L'atmosphère semble hésiter entre le lugubre et le rassurant. A moins que ce soit moi qui suis dans cet état d'ambivalence.

Luc a tenu à être présent, mais je vois à quel point il est furieux. Son regard vert perçant et ses sourcils froncés témoignent de son désaccord. Hella s'est installée à ses côtés. Sa main est posée nonchalamment sur les genoux du chasseur. Elle est tout sourire, lisant ma jalousie non dissimulée. Mes lèvres sont pincées dans une moue contrariée. Ach, assis près de moi, a passé un bras au-dessus de mes épaules. Il jette un regard narquois à Luc, ce qui le rembrunit encore plus. Nous sommes là, à nous regarder en chiens de faïence. Soudain, la voix doucereuse de la suceuse de sang brise le silence :

- Je pense qu'il serait temps de s'y atteler. Nous n'allons pas restés assis ici, à s'observer, pour l'éternité !

Je soupire d'agacement. Ça me fait royalement chier de le dire, mais il faut bien s'y mettre. Je me retourne vers Ach. Son regard s'est adouci. Je pense qu'il essaie de se faire plus rassurant, pour me mettre à l'aise. Je saisis mes cheveux et les bascule sur mon épaule gauche, dégageant ainsi ma gorge. Je penche ensuite ma tête sur le côté, pour lui offrir le meilleur angle pour enfoncer ses crocs dans mon cou. Une étincelle violine passe dans ses yeux. Ach pose délicatement sa main sur mon bras et la remonte pour saisir mon épaule. Lentement, il incline son visage et s'approche de ma carotide offerte. Alors que ses lèvres menacent de rentrer en contact avec ma peau, il s'arrête.

- Fermez les yeux. Au début, ce ne sera pas très agréable, mais passé ce cap, vous verrez que ce n'est pas si déplaisant. Ne m'interdisez pas d'entrer dans votre esprit. Laissez-vous aller.

Aussitôt dit, ses dents s'enfoncent dans la chair tendre de ma gorge. Je retiens une grimace de douleur. En effet, sentir des pointes acérées s'introduire dans votre corps est loin d'être réjouissant. Pourtant, quelques secondes après, une vague de douce chaleur envahit mes veines. Elle se diffuse doucement dans tout mon corps. Mes muscles tendus se relâchent et la douleur devient acceptable. Puis elle devient agréable, et même savoureuse. Je ne peux alors m'empêcher de soupirer. Mon corps se détend. J'entends à côté de mon oreille les succions de Ach. Elles sont douces et régulières. Rien à voir avec ce que je m'imaginais.

- Ivy...

La voix angoissée de Luc m'incite à rouvrir les yeux. Je le vois figer sur le divan. Tous ses muscles sont tendus. On dirait qu'il veut se lever mais qu'une force inconnue le cloue sur place. Je tourne mon regard vers Hella. Son sourire machiavélique me fait comprendre immédiatement ce qu'il se passe. Elle le retient prisonnier. J'essaie de parler mais ma voix est bloquée dans ma gorge. Je lis dans les yeux de Luc de la colère et de la peur. Il a peur pour moi. Je voudrais me dégager mais Ach resserre la pression de sa main sur mon épaule. Sa bouche se détache. Elle dégouline de sang. Un sang rouge foncé. Le mien. Le vampire passe une langue avide sur ses lèvres rougies.

Louve solitaire (en cours de correction)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant