Chapitre trois, quand le chat rencontre la panthère

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***

— Ah, voilà, la gourde de sang.

C'était une simple affirmation dictée sur un ton à peine intéressé.

Sans attendre de réaction ou de réponse, la vampire se détourna d'Annabelle pour plonger ses yeux éclatants dans ceux de Léné. Elle haussa les épaules.

— Elle est jolie pour une humaine. Mais rien ne veut une beauté vampiresque, n'est-ce pas, më droy ?

Son sourire dévoila des canines allongées par le désir et elle se pencha sur lui pour l'embrasser, emmêlant ses doigts dans ses cheveux noirs.

Lentement. Lui mordillant malicieusement la lèvre inférieure.

Brusquement. Explorant sa bouche.

Et pendant l'interminable minute, Annabelle ne bougea pas un cil, paralysée. Brisée de l'intérieur.

Lorsque la porte s'était refermée dans un bruit sourd derrière elle, la jeune femme avait sursauté, puis le choc de ce qu'elle voyait l'avait figée.

Mhùron lui avait dit que le capitaine Say'On était en vie. Elle se souvenait de son sourire satisfait lorsqu'il avait vu le soulagement mêlé de désespoir sur son visage, l'incertitude la ronger. Il l'avait autorisée à le voir, mettant en avant sa bonté d'âme. Mais Annabelle savait pertinemment que c'était pour mieux la garder sous sa coupe, lui donner ce qu'elle voulait afin de mieux la contrôler à l'avenir. Elle n'était pas dupe. Elle ne le serait pas deux fois.

Libérée de prison depuis deux semaines, elle avait longuement hésité avant d'enfin se décider à revoir Léné. Lui parler. Et peut-être. Oui, peut-être, lui pardonner. Mais apparemment, il était loin d'en avoir besoin. Loin de s'en préoccuper avec ses mains posées sur les hanches d'une autre et sa langue explorant d'autres saveurs.

Sa gorge se serra et son cœur, déjà malade de peur et de chagrin, se liquéfia.

Elle retint un sanglot : elle ne pleurerait plus. Pas pour lui.

Diya s'écarta enfin d'un Léné oscillant entre confusion et stupéfaction. Elle déplia son long corps félin, et se retourna de nouveau vers Annabelle, ses lèvres pleines étirées par un sourire satisfait.

— Tu nous rejoins, humaine ? Mon époux semble apprécier ta compagnie. Ou préfères-tu... regarder ?

— Diya, gronda Léné d'une voix sourde.

— Quoi ? Tu préfères que je la tue ?

Léné tenta de la saisir, mais, plus rapide, elle bondit du lit et rejoignit Annabelle en deux longues enjambées, avant son compagnon.

— é...époux ? bégaya Annabelle, les regardant tour à tour.

La voix sirupeuse de Diya vira soudain dans les aigus quand elle éclata de rire. Derrière elle, le vampire s'était levé et, mal assuré sur ses jambes, s'appuyait au montant du lit pour ne pas tomber.

Diya posa ses poings sur ses hanches divinement moulées dans son pantalon de velours bordeaux.

— Je l'aime bien, Léné. Elle est rafraîchissante. Mais es-tu certain qu'elle soit intelligente ? Elle me semble... limitée.

S'en fut trop pour l'apprenti Algaël ; elle en avait assez d'encaisser sans broncher !

Dépliant les doigts, elle fit glisser dans la paume de sa main, l'objet qu'elle avait dissimulé dans sa manche et arma son bras à une vitesse qui aurait même pu échapper à l'œil guerrier de Diya.

La PIERRE de SANG tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant