Chapitre Vingt-Huit, Lorsque choisir un camp, c'est pour les faibles

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Euridice hocha la tête en signe de respect. Elle se souvenait de leur dernière rencontre et de la reine, aussi implacable que juste qui s'était tenue devant elle, alors. Dans les yeux sans fond qui la fixaient aujourd'hui, elle y lisait, en plus, une ardente détermination. De celles qui ne souffrent d'aucune défaite. Mais elle percevait également de l'épuisement dans les rides creusent au coin de sa bouche, dans la teinte grisée de ses cernes, dans son teint pâle et éteint. Louve Elanora Roy'Quin était diminuée et un œil aiguisé ne pouvait louper l'épuisement qui affaissait légèrement ses épaules toujours droites.

Malgré cela, le visage de la reine était aussi calme que la surface d'un lac, juste avant qu'une tempête soulève des gerbes entières d'eau déchaînée.

— Heureuse de vous revoir, l'accueillit Euridice en redressant la tête, même si j'aurais voulu que ce soit avec de meilleures nouvelles.

— Ne vous fustigez pas, mon enfant. Silla n'est pas le plus aisé des adversaires.

Euridice hocha la tête.

— Et s'il y a quelqu'un à blâmer, reprit la reine, c'est moi. Je ne sais que trop bien ce qui l'a poussé à agir de la sorte.

Ils ne la contredirent pas. Ils savaient qu'elle avait en partie raison, même si elle n'était que la graine qui avait fait pousser un arbre de haine et de folie bien plus démesuré qu'il n'aurait dû être.

Euridice se tourna vers Vania et posa une main sur son épaule.

— Si vous êtes là, tous les deux, c'est qu'Aram a réussi à faire passer le message, n'est-ce pas ? Il est ici ? Avec vous ?

— En pleine forme et sur ses deux... sur sa jambe.

Deux paires d'yeux roulèrent vers le plafond, mais aucune des deux femmes ne fit de commentaire.

— Bien, reprit Euridice. Vous avez un plan ?

— Est-ce que, foncer dans le tas et tout dégommer en est un ?

— Si tu pèses deux tonnes et que tu es fait de roche, oui. Sinon, il va falloir quelque chose de plus, hum, fin...

Vania haussa les épaules, faussement déçu.

— Je récupère mes fils, en un seul morceau. Pour le moment, c'est ma priorité. Silla peut bien se retrancher derrière ses gardes en attendant. Je veux qu'il se pisse dessus à l'idée que je viendrais bientôt le débusquer dans son trou à rat.

— Eh bien, siffla Vania, impressionné. Ma chère tantine ! Ce voyage aura enrichi de quelques envolées des bas-fonds, votre vocabulaire aristocratique.

Euridice échangea un regard avec l'Algaël. « Tantine ? », demandèrent ses yeux.

— Une petite blague entre nous, lui souffla-t-il à se penchant légèrement à son oreille.

Elle plissa les yeux, mais n'émit pas d'autres commentaires.

— Nous devons retrouver chacun nos compagnons. Unis, nous serons bien plus efficaces. Et nous devons trouver des armes. En dehors du commandant, qui d'autre est avec vous ?

— Un mercenaire, une ogresse et un fantôme, en plus du vieux bougon et de nous deux.

Euridice s'autorisa une courte pause, perplexe.

— Mhmmm. Moi qui pensais que ma propre troupe était le summum de l'hétéroclisme...

— Tu sais bien, que je fais toujours mieux que toi, ma fleur, la taquina Vania en lui agrippant gentiment le menton.

La PIERRE de SANG tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant