Trois semaines plus tard…
Carlie le vit devant la Délimart de Diquini à Carrefour. Il était tard, il se tenait là dans le noir, le visage fermé. Visiblement de mauvaise humeur, il avait deux sachets d’emplettes à chacune de ses deux mains. Il semblait être en peine de trouver une camionnette pour rentrer chez lui. Elle se rappela la conversation avec Mirabelle, pensa au fait que cela fait des années qu’elle n’a pas eu de relation intime avec une personne, et même elle ne se souvenait pas vraiment d’avoir été amoureuse une fois de sa vie. Avait-elle la capacité d’aimer ? Était-elle froide à ce point ? Est-ce se laisser influencer, si elle allait lui parler ?
- Je vais faire une folie…Tant pis si je le regrette ; après tout, c’est quoi la vie sans regret ? Se dit-elle à voix haute en regardant Justin derrière la vitre.
- Quoi ? Tu parles à qui Carlie ? demanda son frère au volant.
- Personne ! Gare-toi là, je vais parler à quelqu’un.
À peine son frère avait-il garé la voiture qu’elle descendit brusquement et claqua fort la portière dans sa hâte. Elle avança vers lui, elle était dans son dos, elle regarda sa nuque, ses cheveux qui étaient très fournis et semblaient vouloir se boucler naturellement. Elle aurait pu passer ses doigts dedans, mais doucement elle lui tapota l’épaule.
- Bonsoir Justin.
- Bonsoir…
Il plissa les yeux, ne pouvant pas voire facilement de qui il s’agissait dans le noir.
- Toi ! cria-t-il quand il reconnut Carlie.
Celle-ci rit jaune, baissa la tête, comme si on le prenait en faute.
- Je t’avais bien dit que je permettrai au hasard de choisir si l’on va se rencontrer encore une fois, s’il le voulait bien.
- Oui, je me souviens bien, ton truc du hasard-là. C’était méchant de me laisser planter là comme un idiot la dernière fois. Répliqua Justin l’air fâché.
- Je suis désolée, j’étais en retard dans un cours, il fallait que je parte.
- D’accord. Mais comme, je te l’avais dit, ce n’était pas la première fois que je te voyais. Je t’ai même connu enfant, tu sais.
Carlie, écarquilla les yeux !
- Vraiment ?
- Oui, vraiment ! Je ne suis pas si inconnu que cela. Je te voyais passer chaque matin partant pour l’école, dans ton uniforme du Collège Juvénat.
- Waw ! Tu m’étonnes là ! dit-elle surprise. Écoute, je suis en voiture avec mon grand frère, on te dépose si tu veux ? proposa-t-elle.
- Oh non, merci, je suis accompagné. J’attends quelqu’un qui tarde à venir. Et je ne dors pas à Carrefour ce soir.
- Ah ! d’accord, dit Carlie, l’air dépitée. Ben, contente que le hasard nous a permis de nous revoir.
- Moi de même. Répondit Justin dans un sourire.
Elle lui tourna le dos, elle fit quelque pas quand Justin cria :
- Carlie !
- Oui, Justin.
- Je ne vais pas laisser le hasard décider cette fois-ci.
Elle ria d’un rire franc et joyeux.
- Je t’en prie, donne-moi ce numéro. Continua Justin.
Elle ouvrit sa petite bourse qui pendait à ses hanches et prit un carnet, arracha une feuille, écrivit dedans, plia la feuille, la tendit à Justin avec un sourire au coin de ses lèvres pulpeuses et partit. Justin déposa par terre ses emplettes, déplia délicatement le papier, puis lit avec ravissement :
« 4000-000-000
Puisses-tu faire mieux que le hasard !
Carlie F. Michel »
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Kaléidoscopie d'une vie
Short StoryJustin et Carlie grâce à la complicité du hasard se sont croisés dans un bus qui quittait Carrefour pour le Centre ville de Port-au-Prince. Depuis lors, les fils de leurs vie se sont entremêlés ; formant ainsi un noeud d'affection, de complicité et...