Partie 18

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Justin se leva du lit et traversa les quelques mètres qui le séparait de la jeune femme pour venir se tenir devant elle.
- Quoi? Tu donnes ta langue au chat? rétorqua-t-il devant son silence. Où était donc passé, cette Saradjie, d'habitude si volcanique et si sûre d'elle ?
- J'attendais le bon moment Justin. répondit-elle d’une voix suave.
- Et selon toi c'est quand exactement le bon moment? demanda-t-il l’air plus calme.
- Eh bien.... Je... balbutia-t-elle sans pouvoir trouver ses mots.
- Quand tu te serais fraichement installée au Canada, c'est ça? Je ne te demande même pas ce que tu voulais faire de nous, de nos projets ensemble, et de notre relation !
- Non ! Cela n’a rien avoir avec tout ça. Justin, je t’aime et tu le sais ? J’ai juste eu une occasion inespérée et j’ai sauté dessus. A cet époque on ne se parlait pas vraiment, tu étais très distant vis-à-vis de moi, donc…
- Donc, tu as décidé toute seule tout en sachant que la décision ne t’appartenait pas uniquement, parce qu’elle aurait des incidences sur ma vie. Est-ce que j’ai bien compris ? l’interrompit-il en haussant le ton.
- Non ! Essaie de me comprendre mon amour. C’était un formulaire de demande de bourse pour faire une maitrise en « Diplomatie Internationale » je devais le remplir rapidement car le temps était presqu’écoulé. Alors, j’ai pris une décision.
- Bien sûr, tu as pris la décision qui te convenait le mieux.
- Sous-entendu par-là que j’ai agis de manière égoïste, que j’ai bafoué la base de confiance et de respect qu’est notre relation ? 
- Cela ressemble tout comme !
- Mais non ! Que je sois au Canada ne peux pas empêcher qu’on soit ensemble et c’est pour une bourse financière complète en maitrise. Ce n’est pas facile à obtenir, tu le sais ? Et j’ai demandé la résidence permanente parce que je pouvais le faire en ce moment et parce que j’aurais quelques avantages sociaux qui me permettraient d’aider mon petit frère qui va me rejoindre à la fin de l’année.
- Je vois…
- Ecoute ! C’était une décision prise sur le coup je l’admets, j’aurais dû te consulter. Mais que je ne sois pas en Haïti, ne peux pas changer nos projets concernant la lancée d’une maison de distribution de musique et de films. Au contraire, je pourrai faire les contacts ici au Canada, aux Etats-Unis etc… Et cela ne veut pas dire que toi, tu ne peux pas venir me rendre visite au Canada, d’ailleurs tu es déjà en processus dans le cadre de ton travail pour avoir le visa américain. Et moi, de mon côté, je peux toujours venir te voir en Haïti.
- Bien ! Tu as raison. Mais cela n’empêche que tu m’as menti. Et en plus, j’avais espéré en finir avec cette relation longue distance.
- Je ne t’ai pas menti, mon chéri. Et le programme de maitrise ne débute qu’en aout, j’ai encore plus de trois mois devant moi, je dois juste retourner au Canada pour régler quelques papiers pour la confirmation de la résidence et je peux revenir en Haïti, ou on peut se voir aux Etats-Unis. dit-elle toute mielleuse sachant que Justin s’adoucissait déjà.
- Mais tu m’avais caché ce changement de plan quand même.
- Oui, oui... je sais. Je suis désolée, mon bébé.
- Ouais. Ben, faut qu’on parte là ! Ce n’est pas tous les jours que je suis témoin d’un mariage quand même. Je ne peux pas me permettre d’être en retard. 
- D’accord, laisse-moi finir mon maquillage. Donne-moi 20 minutes !
- Je t’en donne 10 ! Dépêche-toi !
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A 24 kilomètres de Port-au-Prince, dans le sud-ouest d’Haïti Justin retrouve Jacmel, sa ville dont le nom Yaquimel décent celui des indiens Taínos. Il sourit à l’idée que son chez lui, fut appelé « cité de lumière », car elle a été la première ville de la toute la Caraïbe à avoir de l’électricité en 1925. Oui souvent ici en Haïti, on est le précurseur de grande réalisation, et traçons le chemin a d’autres, pour en oublier ensuite nous-mêmes de le suivre. L’air que l’on respire à Jacmel était plus douce que celle de Port-au-Prince, on était bien loin de la vie de folie trépidante que s’était habitué Justin à présent. Jacmel est cette ville dont après y avoir vécu ou mis les pieds une fois, l’on ne pourrait s’en empêcher d’y retourner. On y revient toujours. Que ce soit pour ses plages ou pour la gaieté qui semble être un trait commun à tous les gens que l’on croise. La proximité réelle qui existe entre les jacmeliens/jacmeliennes est facteur de l’harmonisation et l’hospitalisation qui fondent les rapports entre les gens du pays. Tout le monde s’intéresse à la vie des autres, on n’est pas isolée dans son propre cauchemar quotidien qu’est la vie ici-bas. Tout le monde se connait, d’où on ne peut se sentir étranger à la douleur de notre voisin, ou aux moments de réjouissances qui tous deviennent communs.     
Le bord de mer est l’endroit idéal pour une attraction dans l’après-midi, si l’on ne veut pas aller au bar de l’air. Dans les moments de la journée où le soleil disparait avec la complicité de la montagne. Ce spectacle naturel gratuit fait le plaisir de la majorité des jacmeliens/jacmeliennes qui ne peuvent s’offrir le luxe d’aller s’éclater dans un bar. Ici l’activité des gens est les petits commerces, et les développements artistiques sont des plus florissantes, surtout en période de carnaval. Comment avait-il pu oublier la vue de la baie de Jacmel en des montagnes, le bleu turquoise de la mer, les petits voiliers blancs filaient sur l’écume des vagues blanches ? Comment avait-il pu oublier le sentiment de bravoure qui l’emplissait lorsqu’il allait se jeter dans le wharf. Comment avait-il pu oublier ces discussions sans début ni fin avec Saradjie dans leurs après-midis passés sur la place de Toussaint Louverture ? Assis sur le bord de la mer, Justin et Saradjie se remémoraient leurs souvenirs d’enfants, dire qu’ils ont fait presque toutes leurs routes ensemble, depuis l’école primaire, jusqu’au secondaire ensemble. Leur déménagements à Port-au-Prince pour pouvoir faire des études supérieures, lui à la ENST et elle à CEDI. Ils se rappelèrent de la fois où ils ont fait éclater un pétard dans un banc au fond de la classe, ou la fois ils sont essayé pour la première fois de fumer une cigarette, ils ont failli bruler les rideaux de fenêtre de chez les Viard.

Kaléidoscopie d'une vieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant