Partie 19

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C’est vrai que Justin a sa famille à la vallée de Jacmel, mais il se refusait à les rendre visite
Il voulait passer un bon moment en intimité avec sa petite amie. Pour cela, il avait choisi d’aller à un hôtel où il peut avoir une chambre avec vue sur la mer, idée de profiter de la fraicheur de la brise marine le soir. Mais cela n’empêche pas que la ville est petite, et lorsqu’on est connu comme les Viard, il ne peut pas se permettre d’espérer passer un après-midi au bord de l’eau tranquille avec sa compagne sans se faire déranger. Parce qu’en ce même moment de remémoration de doux souvenirs avec sa tendre moitié, vient alors Ramy tout en sautillant ! Il est l’un des super potes de Justin originaire de Jacmel comme lui, qu’il a rencontré à ENST, dès lors ils sont devenus inséparables, et il est également le troisième associé dans le projet de maison de distribution. Celui-ci arrive le sourire aux lèvres et l’air tout excité.
- Je viens de recevoir un email de Paramount pictures, ils disent être prêt à négocier avec nous pour que nous soyons leur distributeur autorisé en Haïti ! criait-il presque.
- Quoi ? On a déjà passé aux maisons de productions de films étrangers ? Je croyais qu’on voulait débuter qu’avec ceux en Haït, à la rigueur on avait discuté de contacter ceux de la Caraïbe pour ne pas trop se renfermer sur nous-mêmes? demanda Saradjie étonnée.
- Oui, c’est vrai on s’était mis d’accord là-dessus… commença Justin.
- Mais qui ne tente rien n’a rien ! finit Ramy.
- Pour cela, nous avions choisi de tenter le tout pour le tout en écrivant à certaines sociétés de production comme Universal Pictures, Paramount Pictures, Hollywood, Bollywood, Annapurna, euh… Warner Bros Entertainment, Walt Disney Studios Motion Pictures. continua Justin sur la même lancée.
- C’est quoi Annapurna ? demanda Saradjie étonnée.
- Un studio de production de film en Inde qui fait des merveilles. répondit Justin l’air enthousiaste.
- Quoi, vous visez même l’Inde ! constata Saradjie.
- Pourquoi pas ? De même pour Bollywood, il est également en Inde. dit Ramy
Saradjie secoua la tête et grogna puis demanda :
- Mais pourquoi je n’étais pas au courant de tous ces avancées dans le projet ?
Justin répondit rapidement :
- On a juste eu une occasion inespérée et on a sauté dessus. A cet époque on ne se parlait pas vraiment, tu étais très distant vis-à-vis de moi, donc…
- Oui, oui je comprends où tu veux en venir. répliqua-t-elle abruptement, comprenant la pique que lui avait donné Justin.
- Vous voulez lire l’email oui ou non ? demanda Ramy qui ressentait qu’ils déplaçaient déjà la discussion.
- Nos batteries de téléphones sont mortes Ramy. se plaignit Justin.
- Et le Mac de Saradjie, elle ne se déplace jamais sans ? demanda Ramy l’air malicieux.
Les deux garçons pouffèrent de rire, et la jeune fille e se fâcha légèrement en disant :
- Il est dans ma valise de voyage, bande de jaloux !
Ils la laissèrent au bord de la mer, et rentrèrent dans l’hôtel. Ils trouvèrent l’ordinateur là où elle leur avait dit, sous une pile de sous-vêtements. Ils l’allumèrent, inséra la clé USB de Natcom, pour avoir de la connexion internet, même si elle marche à pas de tortue. Pendant que la petite boule bleue du navigateur Chrome n’arrêtait pas de rouler, Justin demanda alors à Ramy :
- As-tu déjà parlé avec Kensley du Plan média qu’il doit préparer pour nous ?
- Oui, il m’avait assuré que je l’aurai avant même son mariage, mais je n’ai encore rien reçu.
- D’accord, laissons-lui une pause. Après son retour de sa lune de miel, on le coincera. ricana Justin.
- Est-ce que ton oncle a réussi de trouver le prêt à la banque pour toi ?
- Oui, t’inquiète. Il m’a dit qu’il transférera l’argent sur mon compte dans la semaine qui vient. Et toi ? Tu veux toujours vendre tes parts des terres de tes parents ?
- C’est déjà fait ! Je l’ai vendu à une tante. Au moins, la terre restera toujours aux mains de la famille.
- Super !
- J’ai un appel, je te reviens. dit soudain Ramy.
- Tu as ton téléphone avec toi ? demanda Justin avec étonnement.
- Oui, le téléphone de rue pas celui de maison. répondit-il en riant et montrant le petit model de MKTEL que vend la DIGICEL.
………………………………………..
Durant l’absence de Ramy, Justin finalement accéda à Gmail, mais la boîte mail de Saradjie s’est ouverte immédiatement devant lui. Il cliqua sur l’icône à droite de l’écran, mais celui-ci prit une éternité pour apparaitre, afin qu’il puisse la déconnecter. C’est alors que son attention fut attirée par un mail d’une certaine Jenna Fox. Il l’a connaissait, souvent sa petite amie lui parlait de cette fille avec qui elle s’est liée d’amitié dès les premiers jours de son arrivée à Montréal. Elles étaient complètement inséparables, et s’entendaient à merveille selon les dires de Saradjie. L’objet du message disait Si j’étais un homme, cela intriguait Justin. Il rappelait alors que c’est le titre d’une chanson que de Diane Tell que sa petite amie aimait beaucoup. Et cela fit un peu de sens dans son esprit pour lui. Mais la connexion internet refusait catégoriquement de marcher correctement, la petite boule perdit sa couleur bleue et passa au gris. La connexion ne faisait que couper et se reconnecter, pour ensuite dire erreur carte SIM. Justin s’énerva et sorti dehors, sur la balustrade, peut-être la connexion s’améliora pensait-il. Et enleva la clé USB pour la réinsérer dans un autre port de la machine. Ce changement semblait vraiment aider, car la petite boule reprit vit en redevenant bleue. Ne sachant pas comment, si c’est en essayant de voir plus près le message, peut-être qu’il a cliqué dessus par inadvertance et le fameux message s’ouvrit brusquement. 
« Chère Sara, ma Sara,
Je sais que tu es bien loin de moi à présent, et je ne parle pas des milliers de kilomètres qui séparent Montréal de Port-au-Prince, mais de la distance que tu as décidé de mettre entre nos deux cœurs. Je voulais t’écrire pour te dire que je te comprends. Je comprends la peur dans tes yeux à l’idée que je puisse changer ta vision du prince charmant. Je comprends que cela t’effraies le fait que c’est toi qui est tombée amoureuse de moi, et cela si vite.
Je ne t’ai jamais caché que j’aimais les femmes, et je te jure que j’ai tout essayé pour ne pas t’influencer. Je t’ai traité comme je traiterais ma sœur, mon frère, ou n’importe quel ami. Pourtant, cela ne veut pas dire que tu me sois indifférente, tu m’attires étrangement et Dieu seul sait comment je me suis battu pour ne pas essayer de t’avoir. Je voulais respecter ton choix, pour répéter tes mots. Justin était ton choix. Mais permet-moi te dire qu’il ne l’est pas.
Je ne vais pas oser insinuer que tu ne sais pas ce que tu veux. Si tu le sais, et tu le sais trop bien. Mais tu refuses de l’admettre. Je peux te le dire, car tes sourires ont ce quelque chose de plus qui le rend mystérieux, et tes attentions envers moi ont ce goût sucré que seul l’amour peut donner. Sinon, tu n’aurais pas demandé cette résidence permanente au Canada, il n’était pas nécessaire pour ta demande de bourse pour la maitrise, je le sais et tu le sais.
Oui, cela t’affole parce que je t’ai fait revivre l’effet du premier baiser, tes premières caresses, ta première nuit avec une femme qui t’aime d’amour. Parce que tout avec moi est un renouveau, les couleurs et les sensations n’ont rien de ce que tu connaissais, de ce que tu as vécu. Je ne vais pas me permettre de prétendre qu’avec moi tout était bien mieux qu’avec ton amant. Mais je peux me risquer à dire que tu as aimé autant que moi j’ai aimé. Je t’aime comme un homme même si je ne suis pas un homme.
Je ne suis pas un homme, parce que je tu ne m’as jamais été redevable lorsque je t’ai payé un verre. Parce que, lorsque tu m’avais dit non la première fois, je n’ai pas essayé de te faire changer d’avis. Parce que, je n’ai jamais fait selon mon orgueil, selon mes envies. Parce que, je ne t’ai jamais dit que tu es la seule.
Je ne suis pas un homme, parce que je n’ai jamais dit que je te ferai sentir unique au monde car tu ne l’es pas. Il y a ma sœur, il y a ma mère, mon père, mes frères, mes amis, et mes amours passés qui me hantent. Parce que, je ne t’ai pas couvert de promesse qu’il me serait impossible de tenir à l’avenir.
Je ne suis pas un homme, parce que je ne me suis jamais assise devant la télé en regardant le foot, pendant que toi tu cuisinais pour moi. Parce que je ne t’ai jamais enlevé le droit d’aimer un/une autre, et le droit de m’être infidèle. Parce qu’en enlevant ta culotte, tu as pu toujours garder le contrôle et parce que je ne vois pas en ton corps uniquement l’objet de l’assouvissement mes désirs sexuels égoïstes.
Je ne suis pas un homme, parce que je n’ai jamais cru que c’était dans ma nature d’être le dominant et toi la soumise. Parce que, je ne t’ai jamais fait sentir qu’il te faudra souffrir, qu’il te faudra te battre, te résigner, t’oublier pour pouvoir m’avoir.
Peut-être est-ce pour cela qu’il t’est si difficile de voir, de voir à quel point nous sommes faites l’un pour l’autre ; parce que ton homme est un homme de valeur, parce qu’il a toujours agis en gentleman avec toi, parce qu’il prend soin de sa mère et de ses sœurs, parce qu’il a été et est un bon ami, un confident, et un complice. Parce qu’avec ton esprit de compétition, il ne l’a jamais pris pour une tentative d’attirer l'attention des garçons de ton entourage.
Peut-être parce qu’il t’a toujours encouragé et soutenu dans tes études. Parce qu’il ne t’a jamais dit que même si tu peux avoir de l'ambition dans la vie, mais pas trop, et que tu dois bien réussir, mais sans trop de succès, autrement tu ferais de l'ombre. Parce que, les choix fait dans ta relation avec lui  n’a jamais été que dans le but d’aboutir au mariage qui devrait être une source de joie et d'amour mutuel.
Comment finir cette lettre ? Comment te dire que je te convoite chaque jour te plus en plus? Comment te faire réaliser que je me meurs à savoir ton cœur si loin du mien ? Comment te prouver que je veux t’aimer, aimer ton être de femme ? Comment… »
Justin suffoquait, il avait les larmes aux yeux, et arrêta brusquement sa lecture lorsque Ramy vient vers lui. Il ne laissa pas à son ami le temps de lui demander quoi que ce soit, quitta la balustrade et descendit rapidement vers la plage. Son cœur battait a éclater sa poitrine, il tremblait presque. Il vit Saradjie qui barbotait dans l’eau gaiement avec des enfants qui était venu avec leurs parents à l’hôtel. Il avait le souffle fort, la poitrine qui le compressait. Ses idées s’embrouillaient au fur et à mesure que les larmes lui montaient aux yeux.
Il hurla :
- Saaaaaaaradjiiiiiiie !

Kaléidoscopie d'une vieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant