Sous la douche elle repensait à sa dispute avec sa mère, elle remarqua alors que ce sujet revenait de plus en plus souvent avec elle. Cependant, la jeune fille se refusait à se mettre dans une relation qu’en temps normal elle n’aurait pas voulu. C’est tellement agaçant de se voir forcer la main de cette façon, pire encore de voir la pression venir de sa mère. Carlie avait déjà abandonné tout espoir de se rapprocher de Justin, même si son intuition lui disait qu’il n’était pas comme les autres hommes insignifiants qu’elle côtoyait. Pourtant il y avait des jeunes hommes assez intéressants à la faculté, quand même on est à la Faculté Des Sciences Humaines, il y a pour tous les goûts ici-bas : les libertins, les conservateurs, les moitié libertins et moitié conservateurs, les libertins qui ne s’assument pas et les conservateurs évolués mais qui font semblant en vérité. Mais pas pour elle, ceux qui auraient pu l’intéresser sont déjà pris, ou ne sont que des snifeurs de petite culotte. Elle laissa l’eau couler sur sa peau, profitant au maximum de sa fraicheur, profitant pour se laver les cheveux. Sortie de la douche, elle se démêla les cheveux mouillés se fit une seule tresse africaine qui se pendit au creux de son dos. Elle vérifia son téléphone, activa un plan internet, écrivit à Mirabelle :
Hey, tu fais quoi aujourd’hui toi ?
Rien, je ne veux pas sortir, répondit celle
Pourquoi ? écrivit Carlie.
Elle laissa tomber le téléphone sur le lit et alla s’habiller. A son retour, elle trouva des tonnes de messages de Gmail, WhatsApp, Messenger, Yahoo mail, des notifications de twitter, Instagram, Facebook, cela fusait de partout. Le téléphone lui faisait payer son absence prolongée, elle se coucha sur le lit pour s’occuper du téléphone, elle ignora la plupart des notifications et effaça la majorité des messages sans les lire. Quand un message WhatsApp d’un numéro qui lui est étranger demanda :
C’est quoi le F. ?
Ce message piqua sa curiosité, ce numéro ne lui disait rien du tout, alors elle se décida de répondre. Elle écrivit :
Je ne comprends pas. Qu’est-ce que vous voulez ?
Carlie F. Michel. répondit l’inconnu quelques minutes après.
Elle comprit que l’individu en question parlait de son deuxième prénom, mais elle hésita encore à lui parler. Elle demanda :
Qui êtes-vous ?
Puisses-tu faire mieux que le hasard, répondit la personne
Carlie se figea.
Justin ?
Bien sûr que oui, qui d’autre ?
Tu t’es trompé de numéro, cette fille n’est plus intéressée à te parler.
Ah oui. Et si j’avais fait la même chose que toi ?
Je ne vois pas où tu veux en venir ! écrivit-elle la main tremblante de colère.
Aujourd’hui fait exactement trois semaines, la même quantité de temps écoulé quand tu m’as refusé ton numéro à Portail Léogane pour ensuite me l’apporter gentiment à Carrefour.
Elle réfléchit et comprit qu’il n’avait pas tort, mais elle répondit :
Bien, mais je ne veux plus te parler.
Je vois. répondit-il.
Mais elle ignora le message, elle ne se donna même pas la peine de l’ouvrir. Elle avait des messages de Mirabelle qui détournaient son attention, son amie réclamait sa présence, elle déclarait vouloir mourir, que c’était la chose la plus stupide qu’elle n’ait jamais fait et plein d’autres complaintes du même genre. Franchement, tout cela lui était indifférent, elle savait que Mira avait le don de se faire du mal sans que personne d’autre n’intervienne. Celle-là savait comment et où chercher ses problèmes. Avec Mira c’était toujours le même cycle infernal, elle faisait la rencontre de quelque chose de nouveau, immédiatement elle pensait l’aimer, fonçant tête baissée dans une aventure sans lendemain. Mais en cours de route, soit qu’elle s’était trompée sur ce qu’elle voulait ou qu’elle n’était pas prête pour ce qu’on lui offrait. Et là, les larmes de colère et de désillusion jouent leur rôle d’apaisement de conscience, puis elle fait la rencontre de quelque chose de nouveau – même si c’est chez son ex – cela lui est suffisant pour camoufler les souvenirs amers de sa dernière relation, pour se relancer encore une fois. Un cycle émotionnel non-stop.
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Kaléidoscopie d'une vie
Short StoryJustin et Carlie grâce à la complicité du hasard se sont croisés dans un bus qui quittait Carrefour pour le Centre ville de Port-au-Prince. Depuis lors, les fils de leurs vie se sont entremêlés ; formant ainsi un noeud d'affection, de complicité et...