Partie 30

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Certaines fois, lorsqu’on s’effondre, s’enlise, on n’a plus la force de résister et de se battre, on se replie sur soi-même. Parce qu’on doit conserver sa force pour les conséquences de ses actes, on se repose en attendant la grosse bataille finale. Souvent également, volontairement on crève la pustule de nos peines et de nos souffrances. On tire une fois pour toutes sur la corde, qu’elle casse ou pas. On sert les dents, on concentre tout notre courage dans nos veines. Ça casse ou ça passe. Carlie en avait tellement marre de sa situation de dépendance vis-à-vis de son grand frère, Charles-Henry. Il voulait tout contrôler en raison d’une sacro-sainte responsabilité fraternelle, responsabilité qu’il a envers elle, et elle envers lui. Responsabilité de lui obéir, car il pense pour son bien, il agit en son bien, il prend soin d’elle, c’était un poids qui devenait trop lourd à présent pour la jeune fille.

           Elle était assise, le dos droit, la tête basculée en arrière, les pieds repliés sous son ventre, les yeux fermés, et elle chantait à tue-tête Always Hate Me de James Blunt. Etait-ce une sorte de moyen pour expier ses péchés ? Etait-ce une prière muette adressée à son frère ? Mais une chose était sûre, elle se préparait mentalement pour une action de non-retour. Comme la musique le disait si bien, son frère sera toujours en colère contre elle, et elle ne pourrait rien trouver pour le sortir de ce pétrin-là. Même si par quelque chance, elle arrivait à trouver une excuse assez convaincante pour sa mère, Charly quant à lui sera très difficile à berner. Et si par malheur, il se laissa faire, ce sera la guerre froide entre eux deux. En tant que sa petite sœur, elle le savait trop bien, il fallait mieux affronter le monstre qui sommeille en son frère et prendre les coups en silence. Ainsi on aura une chance de se relever de ses blessures, au lieu de lui laisser le temps de planifier pour attaquer froidement sa proie, parce qu’à ce moment, il n’y aura plus d’échappatoire envisageable.

                                                           ………………………..

           En remontant l’escalier de chez lui pour retrouver la fille, Justin entendit les dernières notes de la chanson de James Blunt, et la voix de Carlie qui accompagnait le chanteur. Arrivé au pas de la porte, la chanson s’arrêta pour faire place à un autre titre. Il était ravi de voir que sa playlist plaisait autant à sa future petite amie. Oui, il s’était décidé à la faire devenir sienne, ce soir, demain, ou dans un mois, trois mois, six mois, une année, le temps qu’il leur faudra. Il n’en savait rien encore, et n’avait pas encore réfléchi à la meilleure stratégie. Il rentra dans la pièce, déposa son précieux chargement de bouillon de viande et de vivres, sur la petite table basse. Carlie qui avait les yeux toujours fermés, secouait doucement la tête au son de la musique, et n’avait même pas remarqué qu’elle n’était plus seule dans la pièce.  Le jeune homme s’approcha, et l’embrassa tendrement sur le front.

           Elle ouvrit les yeux, agréablement surprise de découvrir Justin penché au-dessus d’elle le sourire aux lèvres. Et là, toutes ses craintes s’envolèrent. Elle pensa que Justin avait beaucoup en commun avec son grand frère, il paraissait rassurant, fort, digne de confiance, et compréhensif. Mais, il ne semblait pas avoir le côté méfiant, arrogant, tout puissant, et dictateur de Charly. Doucement, Carlie attrapa la tête du jeune homme, et l’approcha plus près d’elle pour pouvoir l’embrasser. Justin se laissa tomber sur elle, passa sa main autour de sa taille et la retourna pour prendre sa place sur le divan.

           Assise en califourchon sur Justin, ils s’embrassaient passionnément, les mains du jeune homme la retenaient pour ne pas tomber en caressant son dos. Il glissa alors sa main sous le chandail de la jeune fille et il attrapa un sein. Sa peau était douce et fraîche. Il ne comprenait pas comment Carlie pouvait sentir aussi bon. C’était son savon, son déodorant, son chandail, pourtant tout avait une odeur différente sur elle. Sa peau, sa bouche, ses cheveux, avaient tous le même goût enivrant de la dernière fois qu’il eut la chance de les toucher. Il avait tellement envie d’elle, qu’il sentit une érection, prêt de l’éjaculation dans son pantalon. Dire qu’un long baiser, l’odeur de sa peau, et la douceur d’un sein auraient pu avoir raison de lui de cette façon et cela si vite. Son pénis lui faisait agréablement souffrir, tellement ses veines étaient gonflées de désir pour la fille.

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