Partie 14

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Décidément aujourd’hui n’était pas un bon jour pour Carlie. Assise dans le mini Van qui l’a ramené à chez elle, elle était perdue dans ses pensées, elle réfléchissait à ce qui venait de se passer chez Mirabelle. Elle ne s’était pas rendu compte qu’elle se fût renfermée encore sur elle-même. Sérieusement pourquoi avait-elle refusé de répondre aux messages de Justin ? C’est tout à fait compréhensible de se fâcher à cause de ces trois semaines de retard.  Mais, est-ce vraiment du retard ? Il ne l’avait pas dit quand il allait reprendre contact, il l’a seulement fait comprendre qu’il ne voudrait pas laisser le hasard décider si oui ou non, ils allaient se revoir.  Avait-elle espéré bien plus qu’elle ne le pense de cette rencontre ? Elle alluma son téléphone, mais l’éteignit tout de suite après. Il fallait qu’elle réfléchisse, il fallait qu’elle comprenne dans quel petit jeu elle allait s’embarquer avec ce jeune homme. Et qu’est-ce qui se passe avec Mira et Alex ? Celle-là devrait se montrer plus prudente dans ses réactions avec son petit ami ! Quand même ce n’est pas la première fois que Mira aille voir ailleurs, mais c’était toujours dans les moments de crises de leurs relations. Tout semble bien marcher pour une fois entre lui et Alex, celui-ci parle même de mariage, pourquoi elle s’acharne à tout gâcher pour Johnny ? Qu’est-ce qui est différente cette fois-ci ? D’autre en plus, Alex ne devrait pas s’inquiéter à cause de la réaction peu réjouissante de Mira, d’ailleurs celui-ci l’ait fait poiroter depuis des années, il semblait ne vouloir que jouer avec ses sentiments. A présent, c’est tout à fait normal si Mira se méfie un peu de cette soudaine ardeur. « Il faut que j’aie une discussion sérieuse avec Mira, tout cela va se mal finir, elle doit se résigner et faire un choix ! » se dit Carlie intérieurement en guise de résolution. 
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      Un doux sommeil s’empara d’elle, mais elle ne faisait que somnoler, ses oreilles écoutaient distraitement la conversation animée d’un homme et d’une femme d’environ une quarantaine d’année qui montèrent dans le bus aux environs de Martissant. Visiblement ils se connaissaient et peut-être même qu’ils sont parents. Ils discutaient avec animation de comment l’homme avait molesté la semaine dernière une jeune adolescente qu’il a sous sa responsabilité. Les oreilles de Carlie étaient à l’écoute de leur conversation mais de manière distraite, pendant que ses pensées vagabondaient sur ce qu’elle allait dire à Alex car celui-ci allait revenir assurément sur le sujet. C’est alors qu’elle sursauta à l’écoute de ces paroles prononcées par l’homme : « Je l’ai crucifié, je l’ai saigné, je lui ai montré qui de nous deux est l’adulte de la maison. » Ces mots ont été prononcés avec une telle violence, une telle fierté par le monsieur, qu’elle en est restée interloquée. Une soudaine nausée s’empara d’elle en entendant la dame qui accompagnait l’homme, rire à gorge déployée lorsque celui-ci décrivait les détails bilieux et excessifs de la raclée administrée.
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             Carlie s’étonnait de voir que visiblement, elle était la seule personne que cela choquait à l’écoute du récit du monsieur ; elle prit alors son mal en patience. Le bourreau expliqua qu’il s’est fermé les deux yeux, il a fait coucher la fille à plat ventre, et a mis un pied sur la pauvre enfant et la fouettait de toutes ses forces. Si bien qu’après l’acte, il aurait constaté que l’épaule droite s’est déboitée ainsi qu’une entorse au doigt, vestige d’une une lutte sans merci. Car la victime s’était débattue. 
       Malheureusement le tortionnaire a su de justesse maitriser sa proie, elle n’a pas pu s’enfuir pour demander de l’aide dans le voisinage. Il continue pour dire qu’il n’avait pas vraiment souhaité en arriver là avec elle, cependant l’adolescente se croit déjà une femme. Elle se permet de répondre quand il lui parle, elle se permet de bougonner et de se fâcher. Le sauvage se justifie par le fait qu’il l’avait déjà averti de ce qui s’ensuivrait si elle ne se comportait pas bien, et ne démontrait pas plus de respect envers lui. Il poursuivit sa piètre justification, par le fait que sa pupille est désobéissante : elle refuse d’étudier, elle refuse de faire ses devoirs, elle préfère regarder la télévision ou converser au téléphone, qu’elle connait toutes les musiques de « Rap » ou de « Rabòday », mais elle est incapable de retenir en mémoire un paragraphe d’une leçon d’histoire. 
       Durant tout l’exposé du monsieur, la dame n’a pas cessé de rire aux éclats, de glousser et de ricaner en écoutant les détails pétillants de la flagellation de l’adolescente. Cependant, le tourment de Carlie ne s’arrêta pas là, à cause d’une règle de bienséance tacite chez nous qui exige lorsqu’un ami vous raconte quelque chose, soit vous avez des commentaires intelligents à faire dessus, soit vous aussi devez raconter une expérience similaire. Alors madame ne s’est pas fait prier ! Elle s’est également mise à narrer comment elle a giflé violemment son fils deux fois, parce que celui-ci a osé la contredire et pire, il a haussé le ton en le faisant. Carlie ne sait pas comment elle a pu accepter d’entendre autant de violence sans rien dire. Est-ce à cause de sa surprise et de son dégoût ? Est-ce parce qu’elle avait peur de s’immiscer dans leur conversation privée étalée en public ? Est-ce par crainte de se faire rabrouer par eux ou houspiller par certains passagers partageant sans doute leurs points de vue en matière de punition des enfants ? Elle n’en sait rien, mais elle est restée paralysée et elle n’a fait qu’écouter.

Kaléidoscopie d'une vieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant