Chapitre 6 (réécrit)

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La mort ne prévient pas, elle vient violemment vous frapper au moment où vous vous y attendez le moins. Je n'avais jamais connu ce sentiment, celui de perdre un être cher. Certes je savais que ma mère était décédée mais ne l'ayant pas connu, je n'ai jamais ressenti mon cœur éclater en mille morceaux comme il l'est en ce moment même. Je n'arrive pas à croire que Lou et sa famille sont décédés dans ce crash, ça paraît irréel. La semaine dernière nous étions encore en train de rigoler à propos de garçons et le lendemain elle s'en est allée. J'ai beau me le répéter, je n'arrive pas à le réaliser. J'ai entendu dire que dans ce cas de figure, on passait par plusieurs étapes, et visiblement j'étais actuellement en plein dans la première, l'étape du déni. La seule chose qui pouvait me réconforter, c'est que ma meilleure amie était morte avec toute sa famille, au moins ils n'auront pas à pleurer la mort de l'un de leur membre. Je sais que les Rendes n'avaient pas d'autres familles, Lou n'a jamais connu ses quatre grands-parents et elle m'a toujours raconté que ses parents étaient chacun des enfants uniques. Je n'ai pas envie d'y croire, je n'ai pas envie de réaliser que je ne la reverrais plus. Elle avait été ma meilleure amie, la sœur que je n'ai jamais pu avoir, je maudis le ciel pour me l'avoir prise si brutalement.

D'un côté je lui en veux, car si elle avait eu le courage de me dire qu'elle devait déménager, je lui aurais au moins dit au revoir. Mais là, à part lui en vouloir car elle ne me donnait aucune nouvelle, je n'ai rien fait de bien.

Désormais j'ai juste envie de retourner chez moi, retrouver mon frère et plonger dans ses bras, car j'ai bien peur de ne pas tarder à m'effondrer.

-Est-ce que je peux rentrer chez moi ? demandais-je aux deux personnes devant moi.

Ils se jettent un regard et se concertent avant que le proviseur ne me réponde.

-Il y a-t-il quelqu'un qui pourrait vous chercher ?

- Je crois oui, je peux appeler mon frère.

- Appelez le et vous pourrez partir.

Je sors mon téléphone de ma poche et cherche son contact, malheureusement après avoir tenté de le joindre trois fois, il ne décroche pas son téléphone.

-Il, il ne répond pas.

- Je ne pense pas que-

- Je pourrais la ramener chez elle, nous habitons dans le même quartier et je n'ai pas de cours avant cette après-midi.

Je regarde mon professeur après qu'il ait fait sa proposition, je ne l'aurais pas cru capable de proposer ce genre de chose et en temps normal j'aurais refusé surtout avec les bruits qui court, mais nous ne sommes plus en temps normal.

-C'est d'accord pour cette fois, accepte le vieux monsieur en envoyant un regard plein de sous-entendu à mon jeune professeur, je vais demander à la vie scolaire qu'ils préviennent votre père, on ne tiendra pas compte de votre absence, ni celle des prochains jours si vous en ressentez le besoin.

- Ce n'est pas la peine, il est en déplacement je ne sais où, à l'heure qu'il est il doit être en réunion, il déteste être dérangé, il vaudrait mieux que vous évitiez. Je le préviendrais moi-même ce soir.

Le proviseur fronce les sourcils, tout comme Korsanov mais finit par s'en aller, me laissant seule avec mon enseignant.

-Allez cher- enfin vas chercher tes affaires, et attends-moi devant le lycée.

A son tour, il disparaît après avoir passé la porte d'une salle de cours.

Je m'empresse de retourner en classe pour récupérer mes affaires, je remarque le regard compatissant de ma professeure, je comprends qu'elle est au courant de ce qu'il s'est passé, mais la question c'est plutôt, est-ce qu'elle était la seule à l'être ?

M. Korsanov Où les histoires vivent. Découvrez maintenant