Chapitre 7 (réécrit)

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Deux semaines sont passées depuis le décès de mon amie, l'enterrement n'a pas eu lieu ici mais là plutôt là où repose toute sa famille, à Toulouse. Petit à petit, je me sens mieux. Il faut dire que j'ai pu compter sur le soutien de mon frère et même parfois de Charlotte mais seulement quand Léa n'est pas dans les parages ; elle m'a confessé qu'elle s'en voulait du comportement de son amie surtout concernant l'histoire qu'il y a eu il y a deux ans, Charlotte m'a juré qu'elle n'en croyait pas un mot. Quand je lui ai raconté ma version de l'histoire, elle m'a tout de suite cru, enfin elle semblait être convaincue.

Une autre chose qui m'a étonné c'est qu'il y a deux jours, j'ai cru apercevoir un message provenant de Coline, je n'y ai pas accordé plus d'attention que ça et l'ai tout de suite supprimé.

En ce dimanche, j'ai décidé d'aller acheter du pain et des viennoiseries et d'en profiter pour rester dans la boulangerie pour travailler. L'ambiance qui y règne est chaleureuse et j'aime l'odeur qui émane de la boutique. Je m'assois sur une des chaises hautes qui longent une longue table qui donne vue sur le lac à l'extérieur de la ville.

Trente minutes après mon arrivée, je suis dérangée par une voix qui, en général, anime mes cours de sciences sociales.

- J'ose espérer que vous travaillez sur le devoir maison que je vous ai donné à faire pour demain.

- Oui et je vous maudis d'avoir gâché mon week-end, j'ai travaillé toute la journée de hier sur le devoir de philosophie et aujourd'hui rebelote avec votre devoir-maison pourri.

- Allons mademoiselle, fait-il en s'installant à deux chaises de la mienne, un peu de classe.

- Vous vous êtes donnés le mot avec la prof de philo pour nous pourrir le week-end ?

Il rigole à gorge déployé.

- Absolument pas, c'est un pur hasard.

Pendant qu'il sort ses affaires, j'en profite pour l'observer à la dérobée. Il a troqué son éternel pantalon de costume et ses pulls parfaitement taillés pour un jogging et un tee-shirt de la marque à la virgule. Et je pense qu'il a oublié de se coiffer avant de sortir, ou alors c'est son style de tous les jours. En tout cas, il est affreusement charmant, même dans ses vêtements et dans un tout autre contexte, je pense qu'il aurait tout à fait été mon style. Malheureusement, le contexte est loin d'être propice à ce genre de chose.

Je me concentre sur mon devoir avant qu'il ne finisse de sortir son ordinateur, il hèle la serveuse pour commander un chocolat chaud, ce qui me fait rire intérieurement, j'ai toujours imaginé qu'une fois la vingtaine passée, les gens se mettent à boire la boisson ignoble qu'est le café, mais visiblement pas lui.

- Vous avez quel âge ? demandais-je sans réfléchir.

Il boit une gorgée avant de me regarder.

- Vous savez quoi ? Je n'ai pas envie de corriger vos copies et je doute que cela vous enchante de faire de devoir-maison pourri. Une question pour une question ?

Je l'interroge en fronçant les sourcils, je n'ai pas compris où il voulait ne venir.

- Vous me posez une question, j'y réponds puis je vous en pose une et ainsi de suite. Ça vous va ?

- Oui, alors ?

- Vingt-trois ans.

- Merde mais vous êtes jeunes.

- Je vois que ça vous étonne.

- Comment ça-

- Ne commencez pas Martin, c'est à moi. Pourquoi vous n'aimez pas votre prénom ?

M. Korsanov Où les histoires vivent. Découvrez maintenant