Chapitre 12 (réécrit)

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- Quoi ? m'inquiétais-je, comment ça ?

- Quand il a voulu te parler et qu'il nous a demandé de rejoindre les autres, j'ai essayé de t'attendre donc je suis resté un peu en retrait, explique-t-il.

Je hausse un sourcil, ne voyant pas où il voulait en venir alors je l'encourage à continuer.

- Et donc ? Tu as vu quoi de si spécial ?

Je ne suis pas trop stressée par la situation car je sais qu'il n'y a rien d'embêtant qu'il a pu voir, à la rigueur le plus gênant, ça aurait été qu'il le voit avoir le geste qu'il a eu envers moi, mais même ça je doute qu'il l'ait vu.

- Je pensais que tu ne l'appréciais pas.

- Tu veux en venir où Clément ? m'agaçais-je.

- Rien laisse tomber, abandonne-t-il.

- Dis-moi ce que tu as vu, ça te paraît plutôt important pour que tu veuilles m'en parler.

- J'ai eu l'impression que vous vous entendiez plutôt bien, pas juste comme s'il était ton professeur mais plutôt comme ton pote. Ça m'a paru bizarre car aux dernières nouvelles, en cours j'ai remarqué que tu n'avais pas l'air de le supporter et lui non plus. 

Je suis soulagée quand je me rends compte qu'il n'a rien vu de plus bizarre que ça, maintenant j'ai juste à lui raconter un mensonge pour m'extirper de cette situation. Ou alors je pourrais tout simplement lui dire la vérité, enfin, une part de la vérité.

- C'est vrai qu'au début je ne l'appréciais pas spécialement mais il m'a proposé son aide pour la musique, tu sais pour composer un morceau moi-même et le jouer au spectacle, et donc tous les vendredis, je rejoins le cours qu'il donne aux secondes, et pendant que Dubois s'occupe d'eux, il vient et me donne des conseils.

- Un peu comme des cours particuliers ? suggère-t-il.

- Oui un peu et au fur et à mesure, il s'est détendu de son rôle autoritaire donc il était moins con qu'en cours et voilà c'est tout, mais jamais j'agirais envers lui comme si c'était mon pote et lui non plus, regarde par toi-même, en cours il est toujours le même. 

- Je vois.

- Je n'ai pas parlé aux filles du cours de musique, tu sais avec toute l'histoire qu'il y a-

- Ne t'en fais pas, je ne dirais rien.

Il me fait un sourire ravageur accompagné d'un clin d'œil. L'après-midi est passée à une vitesse fulgurante, on est allé visiter un palais et même si en temps normal, observer des œuvres d'art pendant des heures et des heures ne m'intéresse pas plus que ça, nos enseignants ont su rendre la visite interactive, c'est ce qui a fait qu'on a quasiment tous aimé cette sortie. Nous avons eu la chance de voir nos deux responsables sous un tout autre jour, nous avions tous une image stricte et sévère de Dubois et une image de tyran pour nous cher professeur. Durant cette sortie, ils se sont tous les deux détendus et on aurait presque pu croire qu'ils savaient rire et profiter des choses simples de la vie, presque.

Le soir, quand le repas nous est servi, je rigole en voyant les mines dégoutées de chacune des personnes présentes, dont celle de nos deux professeurs. Devant mon nez se trouve une soupe qui porte un nom semblable au bruit que fait mon ventre quand il gargouille, rien que le nom de me donne pas envie d'y goûter. J'ai l'impression que les cuisiniers ont pris tout ce qu'ils leur restaient sous la main et ont tous mis dans la soupe, c'est un mélange innommable de légume avec de la viande, le tout a mijoté pendant des heures avec plusieurs épices pour relever le goût. Korsanov nous a encouragé a tout de même goûter étant donné que c'est une spécialité russe, mais même lui n'a pas l'air convaincu car à la fin du repas, je remarque qu'il renvoi son bol encore plein.

M. Korsanov Où les histoires vivent. Découvrez maintenant