Chapitre 9 (réécrit)

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Il me fusille du regard pendant deux ou trois secondes, qui étaient semblables à des minutes. De mon côté je regrettais presque mes paroles, presque car c'est vrai ce que j'ai dit, il se comporte comme un vrai con avec moi depuis la rentrée. Mais d'un autre côté ; il a raison il est avant tout mon professeur et je lui dois le respect, ce que je n'ai pas fait à cet instant.

- Je te demande pardon ?

Deux options s'offrent à moi ; soit je m'excuse directement et avec un peu de chance il passera à autre chose dans la seconde, soit je m'enfonce dans ma connerie mais au moins il saura ce que je pense de lui. Je ne sais pas quelle mouche m'a piqué mais je décide de faire un mix des deux options et de baratiner quelque chose.

- Veuillez m'excusez pour le terme mais c'est vrai, je ne sais pas ce qui vous amuse à sans cesse chercher à me faire sortir de mes gonds mais sachez que vous n'y arriverez pas, même avec votre air arrogant, insupportable à souhait.

J'espère sincèrement que la porte est bien fermée et qu'il n'y a personne dans le couloir car entendre deux personnes se parler de la sorte n'est déjà pas banale, mais alors si en plus ces deux personnes sont une élève et son professeur, tout cela pourrait porter à confusion.

- Je crois que c'est l'heure d'y aller, déclare-t-il d'un ton trop calme en regardant sa montre, on se voit en cours lundi avec mon air insupportable et arrogant, ce n'est pas la peine de te pointer en cours de musique vendredi prochain et les vendredis d'après.

Je déglutis en le regardant ranger ses affaires, j'aurais sans doute dû m'excuser pour mes paroles mais l'envie n'y est pas.

- Tu viens ? Je dois fermer la salle.

Je le suis en dehors de la salle et m'enfuis le plus vite possible loin de cet homme loin d'être affable. Sur le chemin du retour je ne peux m'empêcher de mes remémorer les dernières minutes de ce cours, je lui en voulais parce que non seulement il m'a littéralement fait exploser, et ça personne n'avait jamais réussi à le faire, mais il avait aussi mis fin aux séances de musique, que j'affectionnais tant et il le savait, c'est sa façon à lui de me rendre la pareille quant aux paroles que j'ai pu avoir envers lui. Néanmoins ce qui n'est pas négligeable c'est qu'au-delà du regard foudroyant qu'il m'avait lancé et du ton calme qu'il avait employé juste après, il tentait de dissimulait un autre sentiment, et si je ne le connaissais pas comme le despote qu'il est, j'aurais pu penser que cela s'apparentait à de la déception voire une sorte de tristesse, comme si je l'avais touché avec mes paroles.

Le surlendemain, comme dimanche dernier, je décidais de me rendre à la boulangerie pour pouvoir y travailler en paix. A la base, j'avais plutôt envie de rester chez moi mais une dispute a éclaté entre mon père et Isaac et quand ces deux là se disputent, il vaut mieux ne pas être dans les parages. C'est pour cela que j'ai pris la poudre d'escampette et aies enfourché mon vélo pour me vider l'esprit.

Attablée depuis une bonne heure à la même table que la semaine dernière, je travaille sur un dossier à rendre en anglais, heureusement pour moi l'anglais est une de mes matières favorites et je me débrouille plutôt bien. C'est pourquoi faire ce devoir ne me dérange pas le moins du monde, ce qui me dérange par contre, c'est la personne dont la voix vient me déranger quelques minutes plus tard.

- Est-ce que moi et mon air arrogant pouvons-nous asseoir ici ? fait-il en désignant encore une fois la chaise à deux mètres de la mienne.

- Aucune place n'est réservée, faites comme bon vous semble.

- Certes, mais j'ai cru voir ton culot siéger à côté de toi, lance-t-il en montrant la chaise vide qu'il a laissé entre nous.

Je ne peux m'empêcher de rire face à sa réplique, qui était très bien trouvée, il faut se l'avouer. C'est pourquoi, après qu'il ait détendu l'atmosphère, je décide de m'excuser pour mon comportement d'il y a deux jours.

M. Korsanov Où les histoires vivent. Découvrez maintenant