Chapitre 19 (réécrit)

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L'enterrement a eu lieu hier, j'ai revu mon père pour la première fois depuis une semaine, depuis le décès d'Isaac. J'ai essayé de lui parler mais il a passé son temps à m'ignorer alors je n'ai pas forcé, je comprends qu'il ait besoin de temps, j'en ai aussi besoin. Les filles sont venues avec moi, elles ont été là durant toute la cérémonie et ont su me soutenir comme il le fallait. Je leur en suis vraiment reconnaissante, je ne sais pas ce que je ferais sans elles. Les parents de Coline rentrent aujourd'hui, ne voulant pas les déranger, j'ai décidé de rentrer également chez moi, il est temps que je confronte mon père. Il ne pourra pas m'ignorer éternellement. Charlotte et Camille m'ont dit que je pouvais passer quelques nuits chez chacune d'elle si j'en ressentais le besoin mais j'ai décliné leur invitation en prétendant que j'avais besoin de me retrouver seule.

La vérité c'est que je n'arrive plus à leur mentir concernant les pilules, ça fait une semaine que j'en prends et je n'arrive plus à m'en passer. Elles pensent toutes que je vais mieux naturellement et sont étonnées de voir que ça a pris si peu de temps. Coline ne se doute de rien, je lui ai promis que j'avais arrêté d'en prendre dès que le premier sachet fut vide, j'ai aussi demandé à son frère de ne rien dire, autrement je racontais tout à ses parents. Je l'ai immédiatement convaincu. Mes amies n'y voient que du feu, il y a juste Camille qui se préoccupe vraiment de mon état physique, elle ne trouve pas ça normal que, bien que je prétende aller mieux psychologiquement, mon état physique se dégrade de jour en jour. Je pense avoir perdu près de cinq ou six kilos à force de ne pas manger et j'ai tout le temps l'air épuisée, je ressemble à un zombie.

Après avoir remballé mes affaires, je décide de rejoindre Coline qui m'attend dans le salon pour me raccompagner chez moi. Je fais attention de bien ranger le petit sachet au fond de mon sac et la prévient que je suis prête.

- Tu sais, tu n'es pas obligée de m'accompagner jusqu'à la maison, je connais le chemin du retour.

- Tu es sûre de toi ?

- Oui ne t'en fais pas.

- D'accord alors si jamais tu en ressens le besoin, n'hésite pas à m'appeler ou à appeler les filles, on est là pour toi, tu le sais.

Je hoche la tête en l'enlace.

- On se voit vendredi prochain de toute façon.

- Vendredi prochain ? s'étonne-t-elle, Anna il reste sept jours de cours, ce n'est pas grave si tu n'y vas pas.

- Non j'en ai envie, je ne veux plus rester chez moi et ne rien faire, j'ai envie de sortir, voir du monde, penser à autre chose. D'autant que vendredi, on a un bac blanc en histoire.

- Comme tu le sens mais ne te forces pas.

Une vingtaine de minutes plus tard, je passe le pas de la porte, l'angoisse me prend quand je croise le regard de mon père. Lui non plus n'a pas l'air d'aller bien, sa barbe n'a pas été coupé depuis longtemps et je vois partout des canettes de bière et des bouteilles d'alcool joncher le sol. J'espère qu'il n'est pas alcoolisé en ce moment-même.

- Je me demandais quand est-ce que tu allais oser te pointer, lance-t-il sur un ton presque normal.

Au moins il n'a pas l'air d'avoir abusé de l'alcool, c'est déjà un bon début.

- Je ne pouvais pas vivre autre part indéfiniment.

Il grogne, j'en profite pour monter les affaires dans ma chambre et redescends avoir une discussion avec lui.

- Est-ce qu'on peut discuter ou ma présence te dérange tant que ça ?

- Qu'a tu as me dire ?

M. Korsanov Où les histoires vivent. Découvrez maintenant