Anaya - Le poids des traditions.

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La lune est très haut dans le ciel. Allongée sur le dos, je me retourne doucement sur le côté afin de pouvoir lui faire face. Mon mari dort depuis deux heures environ et je n'arrive pas à trouver le sommeil à mon tour. J'ai fêté mon vingt cinquième anniversaire, une année de plus sur terre, un pas de plus vers la mort. Pourtant, de part mon vécu, j'ai l'impression d'être beaucoup plus vieille.

Doucement, je quitte le lit sans oublier de le regarder une dernière fois, il est la meilleur chose qui me soit arrivée. Je me demande toujours ce que je serais devenu si je ne l'avais pas rencontré. Peut-être que je serais toujours enchaînée, peut-être même que je serais morte qui sais ? Je me suis rendue dans le salon, il n'y avait rien d'intéressant à la télé, alors j'ai allumé l'ordinateur dans le but de terminer la saison d'une série que j'ai commencé il y a peu. Soudain, sans savoir pourquoi, j'ai ressenti ce besoin d'écrire.

J'ai ressenti le besoin de tout déposer sur papier, afin de ne pas oublier, mais surtout afin de la partager. Je sais aujourd'hui,
que je ne suis pas la seule victime de la barbarie des hommes. Des millions de femmes ont été dans la même situation que moi, certaines le sont encore. D'autres étaient bien plus jeunes que moi lorsqu'elles ont été victimes d'un mariage forcé.

On imagine encore que le mariage forcé n'existe que dans les pays peu développés, là où les traditions comptent plus que tout et l'honneur d'une famille est encore plus important. Aujourd'hui, le mariage forcé est toujours répandu dans certaines parties de l'Afrique et de l'Asie. Mais, contrairement à ce que certaines personnes peuvent croire, il sévit aussi dans les pays développés. Plus discret mais il est bien présent.

On estime aujourd'hui que plus de 250 millions de femmes dans le monde ont été mariées alors qu'elles étaient enfants. 700 millions de femmes ont été mariées de force, et plus d'une sur trois l'a été alors qu'elle n'avait pas 15 ans. Sans oublier les mutilations sexuelles comme l'excision, 130 millions de femmes ou de jeunes filles ont subi une ablation totale des parties génitales.

J'ai longuement hésité avant de commencer à écrire, je ne savais pas par ou commencer. Une fois devant l'écran, j'ai eu comme un gros trou noir, tout avait disparu comme si mon esprit voulait essayer de tout oublier afin de m'empêcher de souffrir.

J'ai voulu commencer par le légendaire " Il était une fois " mais c'est beaucoup trop banal, trop simple. En général, cette formule est utilisée pour les contes de fées ce qui est loin d'être le cas de mon histoire. J'ai alors décidé de commencer par une présentation.

Je m'appelle Anaya, j'ai vingt cinq ans. J'avais vingt ans lorsque tout à commencé. Je suis la cadette d'une famille de quatre enfants et je suis malienne. À l'époque, je vivais au Mali avec ma mère. Nous avons quitté la France juste après son divorce avec mon père.

Tout à commencé par une histoire absolument banale. Je venais d'avoir mon bac dans un lycée français. Je souhaitais revenir en France pour poursuivre mes études. Mais, je suis tombée amoureuse d'un homme, pas de n'importe quel homme. Il s'appelait Salif et pour moi, il incarnait l'homme parfait.

Nous étions originaires du même village, à deux heures en voiture de Bamako. Salif représentait le progrès. Il venait d'une famille aisée. Il était parti étudier en France afin de devenir un jour ingénieur, nous avions été présentées par des amis.

Et depuis ce jour où je l'ai vue, je n'ai jamais pu oublier son visage, son sourire, cette manière qu'il avait d'être protecteur envers moi. Je me voyais déjà mariée à lui, avoir des enfants avec lui. Mon amour pour lui me faisait oublier ce côté sombre et ambitieux qu'il avait.

Car oui, Salif était très ambitieux. Pour lui, rien ne comptait mise à part l'argent, et le pouvoir. Il voulait devenir riche et comptait sur la fortune de sa famille pour ça. Il était prêt à tout même écraser ceux qui ont toujours été présent pour lui. Tout écraser sur son passage et à blesser. C'est ainsi que les choses ton dégénéré entre nous.

Nous étions pas en couple mais, il se montrait entreprenant avec moi. Un soir il m'a demandé de la rejoindre dans un restaurant de la capitale. Il avait les moyens de faire rêver les filles comme moi. Heureuse, mais surtout flatter, je l'ai rejoint.

Il m'attendait patiemment à sa place, une table située près de la magnifique fontaine imposante et pas très loins des musiciens. Une place stratégique sûrement la plus chère du restaurant. Il voulait impressionner avec son argent, mais ça ne m'intéréssait pas. Son argent ne m'intéréssait pas, c'est lui que je voulais.

« - Bonsoir,désolée je suis un peu en retard, dis-je timidement.

- Ne t'en fais pas, ce n'est rien, installe toi je vais appeler pour qu'on commande. »

Je me sentais mal à l'aise, je n'étais pas à ma place. C'était beaucoup trop chic pour ce que je portais, mais c'est l'intention qui compte. Alors pourquoi pas me prêter au jeu ? Après le repas qui s'est très bien déroulé, nous sommes directement retournés à sa voiture.

Ma mère est une femme très stricte, pour elle, la vie d'une femme se résume à être une bonne mère et une bonne épouse. Nous n'avions pas les mêmes objectifs de vie mais ça ne nous empêchaient pas d'être complice. Après tout, nous ne sommes pas nées à la même époque. Alors forcément, nous n'avons pas la même vision de la vie. Mais ce qui comptait surtout pour elle, c'est l'honneur de sa fille et sa réputation. Elle connaissait Salif, mais ne l'appréciait guère. J'aurais du lui faire confiance et me fier à son instinct.

Je lui avais promis de ne pas tarder et surtout, j'ai inventé une sortie avec une amie. Je ne pouvais pas lui dire que je voyais un homme. Salif empruntait des chemins qui prolongeaient le trajet. Inquiète, je lui ai demandé ou est-ce qu'il m'emmenait. Ils'arrête sur le côté de la route et déboucle sa ceinture avant de m'embrasser. Son geste m'a d'abord surprise mais je me suis laissée faire. Une erreur, une grosse erreur j'aurais du l'arrêter dès le débuts. Mais je ne l'ai pas fait.

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Thugyh ©