Anaya - Le poids des traditions.

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J'étais épuisée, autant émotionnellement que physiquement, à mon retour chez moi, j'ai appelé Hania pour lui dire que je ne me sentais pas apte à me rendre au travail, je sais que beaucoup de jeunes comptent sur nous là-bas, mais j'ai besoin de faire le vide dans ma tête avant tout, je n'aurais pas pu me concentrer sur mes tâches avec autant de problèmes dans ma vie.

Après une douche, j'ai essayé de manger, mais je n'ai rien pu avaler, j'avais l'estomac nouée, je me sentais complètement trahis, c'est le mot, il m'a trahis, je sais que notre relation n'avait rien d'officiel et qu'il ne m'a jamais rien promis, ma réaction peu paraître démesurée pour certains, mais pendant pratiquement un an, j'ai réellement cru à sa mort. J'ai assisté à son enterrement, j'ai essayé de faire mon deuil, mais aujourd'hui, je sais pourquoi je n'ai pas réussi à le faire, au fond de moi, j'ai toujours su qu'il était en vie.

Rahim est beaucoup trop fort pour se laisser abattre, il a vécu bien pire qu'une balle, j'aurais dû me fier à mon instinct et ne jamais abandonner, mais Badr... Il m'a manipulé pour que j'y croie, les hommes comme Rahim et Badr vivent dans le mensonge, la manipulation et la violence, ils n'ont pas de temps à consacrée aux autres, ils veulent toujours plus d'argent, toujours plus de pouvoir, et les autres ? Et bien, il ne compte pas.

[...]

J'ai passé la moitié journée à regarder la rediffusion d'ancienne série télé avant d'enfin oser quitter mon canapé, mais, après avoir parcouru mes mails, j'ai révisé mes cours, car j'ai une évaluation demain, avant de me rendre chez une de mes camarades de l'IUT afin de terminer le projet de groupe que nous avons en commun.

Je suis rentrée chez moi à vingt heures, dans quelques jours, je passe mon permis et j'espère que ce sera positif, en rentrant, j'ai vu qu'Inaya avait essayé de me joindre deux fois, après m'être changé, j'ai décidé de la rappeler, mais j'angoissais beaucoup, elle croit toujours que son frère est mort, pour une raison que j'ignore, Rahim ne veut pas qu'elle sache la vérité.

« - Salut, tu vas bien ?

- Oui, j'ai vu que tu m'avais appelé, je suis désolée, je n'ai pas pu te répondre, j'ai du travail à rendre.

- Ce n'est pas grave.

- Alors, qu'est-ce que tu as à me dire de si urgent, je t'ai senti bizarre dans ton message.

- Nabil veut qu'on se marie maintenant.

- C'est une super nouvelle, félicitation, mais qu'est-ce que tu veux dire par maintenant ?

- On n'a pas fixé de date, mais il ne voit pas l'intérêt de retarder les choses. Tu sais, on vit dans la même maison, ça ne peut pas durer longtemps... Enfin, tu comprends ?

- Oui, bien sûr, je suis super heureuse pour toi Inaya.

- J'aimerais beaucoup que tu sois-là. Je pourrais te prendre un billet.

- Ne t'inquiète pas, dis-moi simplement où aura lieu la cérémonie, je serais là.
- Chez ses parents, à Nice. Ce sera en petit comité, il n'y aura que la famille, et puisque tu es la seule famille qu'il me reste... »

Le fait qu'elle me considère comme un membre de sa famille m'a beaucoup ému, je n'ai pas parlé à ma mère depuis plus de trois ans, et Inaya est vraiment comme une sœur pour moi, mais je me sentais hypocrite, car je sais que son frère est en vie et elle ne le sait pas. Il faut que je fasse quelques choses, Rahim ne peut pas être égoïste au point de rater le mariage de sa petite sœur. Je sais qu'il l'aime, car il l'a presque élevé.