Avant tout✅

Marché

Je ne savais pas du tout quoi lui dire pour lui montrer mon support. Comment lui faire comprendre ?

Certes, je n'avais jamais perdu un amoureux, mais je savais exactement le mal que l'on pouvait ressentir à la perte d'un proche. Ce vide, ce sentiment de culpabilité, cette idée que l'on aurait pu faire changer les choses, cette impression d'être perdu, d'être seul.

– Je suis désolée, lui fis-je part.

Il regardait par la fenêtre quand je lui avais dit cela. Je le vis se mordre et les muscles de sa mâchoire tressaillirent.

– C'était ma petite sœur.

Sa sœur ?

Alors lui aussi ?

Tu parlais d'une coïncidence.

Perdre sa sœur.

– J'ai perdu mon frère, lui confiai-je.

Il se tourna et me regarda.

– Tu m'en vois désolé.

Après, plus personne ne parla dans l'habitacle.

– Je suis désolée pour ce que je t'ai dit au bord de la piscine. Je n'aurais jamais dû aborder ce sujet.

– Nous avons dépassé les bornes tellement de fois. J'AI dépassé les bornes tellement de fois. Je le méritais.

Vraiment ?

Je n'étais pas d'accord, moi.

– Personne ne le mérite.

– Tu es naïve Anthéa. Tout ce que l'on fait a des conséquences. On paie pour nos actes, toujours.

On ne dit rien pendant trente secondes avant que je lui pose la question qui me trottait en tête.

– Donc personne ne t'a trompé ?

– Non. J'aurais préféré.

– Pourtant tu as dit...

– Qu'elle fût partie avec un autre et qu'elle soit morte par la suite, je m'en souviens. Elle avait suivi notre mère et ses conseils.

Le ton sec de sa voix me fit comprendre que le moment de chat, d'aveux, était passé, fini.

– Je peux te poser une question ? Hésitai-je après un autre long silence.

Je ne voulais pas le laisser seul dans ses pensées. Je n'avais pas envie qu'il se mette à repenser à tout ce qu'il venait de me dire.

Cela ne fera que le blesser et malgré tout ce que nous avions traversé, je ne voulais pas qu'il souffre.

– N'est-ce pas ce que tu fais depuis tout à l'heure ?

J'acquiesçai, il avait raison. Peut-être en avais-je trop fait.

– Depuis quand sont-ils fiancés ?

Il se tourna vers moi. Ses yeux si beaux me regardèrent, fouillèrent dans tout mon être avant qu'il ne parla.

– Leur dernière année d'université. Il lui a demandé il y a 5 ans, mais ce n'est que plus tard que tout s'est officialisé.

Je sentis mon cœur se serrer et quand je remarquai ses yeux se poser sur ma poitrine, je me rendis compte que j'y avais déposé la main.

Depuis tout ce temps. Il aimait cette femme depuis toujours.

Je n'avais pas du tout de chance à vrai dire.

– Il... il aurait dû me le dire.