Elle est folle

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- Tu es revenu, me salua mon frère dès que j'entrai dans la pièce où il m'attendait.

Ce soulagement sur son visage, comptait-il les jours depuis mon départ?

- Je te l'avais promis et regarde, je soulevai le sac que j'avais amené pour le lui montrer. Je t'ai même apporté à manger.

Je crus voir ses yeux briller comme s'ils contenaient des larmes, cependant j'ignorai cette partie. Je ne voulais pas du tout le rendre inconfortable.

- Merci. Ce n'est rien. Tu joues aux échecs à ce que je vois, dis-je en regardant l'échiquier installé devant lui.

Markos avait toujours aimé jouer aux échecs. Son père lui avait appris et avait aussi été mon professeur, mais au fil du temps, il avait abandonné le jeu. Par manque de temps ou lassitude, peu importait.

- À quand remonte la dernière fois que je t'ai vu jouer dis-je en m'installant face à lui.

- Longtemps.

Lui et moi savions exactement quand était-ce la dernière fois.

Il l'avait fait quand il apprit pour la mère de son fils.

Habituellement, quand il se trouvait devant une impasse, il s'asseyait toujours et jouait aux échecs tout en parlant à son adversaire qui avait toujours été soit Petra, son père ou moi.

Une fois la partie terminée, plus calme, plus disposé, ayant tout dit ce qu'il retenait, il se sentait mieux. C'était donc ce qu'il avait fait la fois qu'il avait appris qu'il allait élever un enfant seul à vingt ans.

- Voyons voir si tu es toujours aussi mauvais, dis-je arrangeant les pions.

- Tu as seulement une victoire de plus que moi, ne te fais pas pousser des mètres.

- Tu as presque pleurer quand tu as perdu, pourtant.

Il prit le sac et l'ouvrit.

- J'ai pleuré parce que j'allais être père.

- Comment va Sacha, au fait ?

- Il est avec maman, il ignore pourquoi nous sommes séparés. Sa fausse bonne humeur le quitta et il baissa les yeux. Comment ai-je pû faire ça ? J'ai un gosse, merde. Pourquoi ? Je suis tellement stupide. Mon fils n'a pas besoin d'un tel père.

Je le regardai fixement avant de lui parler.

- Tu as effectivement raison. Tu n'aurais pas dû. Ce n'était absolument pas à faire, mais ce qui importe plus en ce moment est que tu comprennes que ce n'est plus à refaire et que tu ailles mieux.

Il ne dit rien.

- Markos ?

- Oui, ce n'est plus à refaire, je le sais. Je ne le ferai plus jamais.

Hum.

Il ne semblait pas du tout prêt de sortir de cet endroit.

- Mange, tu adores ces trucs.

- Je vais les faire chauffer, dit-il en se levant.

Sous mon regard attentif, je le vis disparaitre de la pièce.

Depuis quand ma vie était-elle devenue aussi mouvementée ?

En Grèce, tout se déroulait toujours comme sur des roulettes, à New York, ce que je voulais arrivait, mais ici... ici, c'était complètement différent. Cette ville malgré sa beauté était constamment une épreuve pour moi.

Coincidence, il avait fallu que toutes les réponses à mes questions me soient données dans cette ville.

J'avais dû encaisser la nouvelle au sujet de ma soeur ici, le fait que Markos était mon frère ici, la trahison de Markos ici, la nouvelle sur les recherches sur A ici, le fait que Markos ait tenté de se tuer, absolument tout avait été mis au grand jour ici.

Avant tout✅Où les histoires vivent. Découvrez maintenant