Chronique D'une Jeune Fille Senegalaise Au Destin Singulier

Partie 11 : * a la guerre comme a la guerre, toutes les armes sont permises *

*dans la peau de Fanny *

Le lendemain après un bon petit déjeuner, ma mère et moi nous nous mettons en route pour Pikine chez ma tante Cléophase, c'est la grande Soeur de ma mère. Malgré son statut de commère, elle est toujours présente lorsqu'on a besoin d'elle, mais ce qui m'énerve dans tout ça c'est qu'elle nous impose a chaque fois après, de lui donner de l'argent . C'est la seule qui m'a fait savoir que dans la vie rien ne se fait gratuitement, avec sa phrase habituelle qu'elle me répète souvent : '' que cela soit famille ou pas, ne donnes rien gratuitement. Dans la vie c'est du donnant-donnant''.
Arrivées chez elle, elle nous accueille dans son salon, si on peut l'appeler comme ça, car question esthétique il faudrait savoir que ma tante n'a pas du tout le temps pour sa maison, elle est beaucoup plus occupée à parler de la vie des autres , je sais que c'est ma tante mais c'est une vraie mégère. Elle a deux filles avec qui je ne m'entends pas du tout , toutes jalouses et aigries car ma mère a beaucoup plus réussi que la leur. A peine avait-on fini de boire l'eau qu'elle nous servait que ma tante nous interpella.
Elle: d'après ce que tu m'as dit au téléphone, je pense qu'on a pas de temps à perdre car c'est vraiment sérieux, on ne peut pas laisser cette fille venue de nul part détruire notre fils comme ça, surtout que je réserve à Francis ma petite Marthe (une de ses filles, homonyme de ma mère).

Je vais faire comme si je n'avais pas entendu cette dernière remarque, Marthe venir habiter chez nous! Il ne faut pas aussi rêver ma tante.

Ma mère : oui c'est bien pour cela que je t'ai appelé dare-dare car je sais que tu es la seule qui pourra m'aider, cette fille veut ruiner mon fils en l'envoutant pour qu'il tombe amoureux d'elle.
  Ma tante : tu as bien fait de m'appeler, on a plus de temps à perdre, on va tout de suite aller chez serigne (marabout) Diagara, lui il aura le remède à tous vos problèmes, cette fille n'a même pas conscience de la famille qu'elle vient de toucher.
  Moi: ma tante cette fille est très maligne, j'espère que le marabout Diagara est assez fort pour déjouer ses mauvais plans.
  Ma tante: et si je te disais qu'à cet instant même où nous parlons de lui, il est entrain de nous entendre. Il est très fort je te dis, faites moi confiance.
  Ma mère : alors allons y, ne perdons pas plus de temps.
  On se mit en route vers la maison de marabout Diagara qui se trouvait à l'angle de la rue. Dans la maison il y'avait une grande cour où des enfants jouaient et tout près, une femme qui grillait du poisson au fourneau.
  Ma tante : assalamaleicoum (bonjour)
La femme : maleicoumsalam (bonjour)
Ma tante : serigne Diagara mougui fi? (le marabout Diagara est-il ici?)
La femme : waw (oui) il est à l'intérieur là bas (elle pointa du doigt une sorte de petite baraque recouverte d'un grand pagne rouge qui était dans un coin de la cour)
  Nous: merci

  On se dirigea vers la baraque, et à l'intérieur on trouva un demi-vieux vêtu d'un boubou pagne tissé noir et blanc et d'un courroux sur la tête, il donnait la chair de poule rien qu'à croiser son regard. Il nous ordonna de la tête de nous asseoir.
  Lui: je sais ce qui vous emmène et je peux vous aider
  Moi j'étais effrayée, il me faisait vraiment peur.
  Il nous donna à chacune une cauri
  Lui : demandez aux dieux tout ce que vous attendez de cette fille
  On s'exécuta, moi j'avais demandé que Raïssa laisse tranquillement mon frère et dans le cas contraire qu'elle devienne folle. On rendit les cauris, il les mélangea et commença à parler
  Lui: hun... Hun... Ce sera difficile, vraiment difficile, cette fille a beaucoup de protection avec elle. Vous voulez qu'elle laisse votre fils tranquille n'est ce pas? (en s'adressant à ma mère).
  Elle : oui c'est bien cela serigne (marabout)
  Lui: ce sera difficile parce que le lien qui les unit est une attirance mutuelle, c'est naturel.
  Moi: mais serigne comprenez qu'on ne peut pas accepter cette relation, c'est juste impossible
  Ma tante : serigne Diagara je sais que tu peux nous aider, cette relation doit cesser, aidez nous à les séparer
  Ma mère : oui serigne je vous en prie, cette fille ne nous cause que des ennuis, mon fils je l'ai élevé comme il le fallait et je veux un avenir meilleur et radieux pour lui et cette fille n'a rien à faire dans son avenir.
  Serigne Diagara : je comprends, chaque parent souhaite le meilleur pour ses enfants. Je peux vous aider mais ce sera un travail très difficile et cela nécessitera plusieurs sacrifices car cette fille a de fortes protections.
  Ma mère : si c'est question d'argent serigne, ne vous inquiétez pas
  Moi: oui, tout ce qui importe c'est qu'ils soient séparés
  Lui: d'abord je vais me recueillir avec les dieux pour vous dire toutes les sacrifices qu'on aura à faire, mais il y'a aussi quelque chose que vous devrez savoir.
  Ma tante : quoi donc serigne?
  Lui: pour que notre travail marche, il faudra détruire les protections de cette fille, sinon tous nos efforts pourront être vains
  Moi : oui serigne, n'est ce pas que vous pouvez le faire?
  Lui: je pourrais le faire mais à la condition que vous amenez cette fille devant moi, c'est la seule manière de pouvoir l'atteindre
  Moi: quoi? Vous voulez dire que vous devez coûte que coûte la voir
  Lui : oui, c'est la seule manière