Lone Wolf (Tome 1 & 2)

XL

Le corps mutilé, percé par des dagues et des couteaux en argent, elle est quasiment nue. Son corps n'est vêtu que de sous-vêtements imbibés de sang. Le sang provenant des blessures dues aux armes et aux lettres gravées sur sa peau. « Monstre ». Quelle ironie, quand on pense à Hailey, plusieurs mots peuvent nous venir à l'esprit : princesse pourrie gâtée, emmerdeuse, têtue, fière. Mais elle est l'être le plus éloigné du monstre. Ses cheveux cachent en partie ce tatouage horrible, le cou retenu par une corde accrochée au plafond.

- Non... Non.

Je me lève comme je peux. Je ne prête pas attention à Alex qui se tient derrière moi. Je m'avance vers le corps de mon âme-sœur et monte sur la table en bois derrière elle avant de détacher la corde qui la retient. Son corps frêle s'écrase contre le mien. Je l'attrape comme je peux et m'affale au sol. Mon loup se roule en boule dans un coin de mon esprit, étrangement calme.

Je dégage le visage d'Hailey de ses cheveux afin d'apercevoir ses traits. Sa peau est encore chaude, nous laissant penser qu'elle est seulement endormie. Sérieusement amochée, mais juste endormie. Je la serre contre moi, telle une poupée de chiffon. Je ne sais pas quoi faire, quoi penser. Même mon loup m'abandonne dans cette situation, aussi dépourvu que moi.

- Hailey, s'il te plait...

Je la secoue légèrement. Elle ne réagit pas. Je souffle longuement, parce que cette sensation au fond de ma gorge m'est totalement inconnue. Comme si j'avais du mal à respirer, à avaler ma salive.

- Je t'en prie, je...

Je pose mon front sur le sien lorsque je sens un liquide perler de mes yeux. Alex est sorti de la pièce et c'est bien mieux comme ça, car je ne sais pas comment je pourrais réagir... Je ne sais pas, je ne sais vraiment pas, putain !

- Hailey ! Je sanglote. S'il te plait, j'ai vraiment l'air d'une merde là à chialer comme ça. Me laisse pas comme ça ! Je sais pas quoi faire. Colle-moi comme d'habitude. Pose-moi des questions pourries dont tu as le secret. Emmerde-moi comme tu sais si bien le faire. Mais me laisse pas comme un con.

Je prends une longue inspiration. C'est drôle de voir comme c'est difficile de respirer, là, maintenant. J'ai l'impression de crever.

- Hailey, putain ! Me laisse pas seul encore ! J'ai tellement de choses à te dire sur moi ! J'ai tellement de choses à te prouver ! Tu peux pas me laisser ! Tu as promis que tu le ferais pas ! Pourquoi t'es pas foutue de tenir une putain de promesse, hein ?

Son visage figé me renvoi à des années en arrière. Lorsque ma meute s'est faite massacrée par des chasseurs de loups. Ils ont brulé les terres de la meute, le manoir compris, avec ma famille dedans. Je n'ai pas eu la chance de tenir une dernière fois ma mère dans mes bras, je n'ai eu le droit qu'à la cendre et aux ossements.

- Tu peux pas m'abandonner comme eux ! Tu l'as juré devant eux ! Putain Hailey ! Tu peux pas juste entrer dans ma vie, foutre la merde dans ma tête et dans mon cœur et te casser comme ça !

Ses yeux obstinément clos me font pousser un hurlement de rage. Je pleure à présent comme un enfant. Et mon loup m'accompagne silencieusement, car lui aussi a mal. Nous avons mal au cœur, mal à l'âme. Parce que ce que nous avons perdu va au-delà des mots.

- Hailey, tu peux pas partir alors que tu es la seule personne à avoir réussi à franchir toutes mes barrières. Tu peux pas, non vraiment pas. Alors que mon cœur a commencé à t'aimer.

Mon loup hurle à la mort et se tait, roulé en boule. J'attrape le crâne de mon âme-sœur et pose mes lèvres contre les siennes qui deviennent tiède au fil des minutes. Je pose ensuite mon front contre le sien et laisse libre court à mes sanglots.

J'ai l'impression qu'on m'arrache une partie de moi. Cette partie que je ne pourrais plus jamais retrouver. J'ai perdu mon âme-sœur avant même d'avoir eu le temps d'apprendre à la chérir comme je le devais. Je me sens en colère contre moi pour avoir trop tardé à lui ouvrir mon cœur. Parce qu'à présent ce que je redoutais le plus est arrivé. Je ne voulais pas lui donner accès à tout ce dont elle avait le droit, parce que je savais qu'un jour ou l'autre j'allais être blessé.

Cette colère est également dirigée vers la Déesse. Cette pétasse qui se croit tout permis. Cette pétasse qui m'a enlevé ma famille, m'a rendu comme je suis pour ensuite m'envoyer Hailey avant de me la reprendre également. Elle ne méritait pas ça. Elle méritait tellement mieux que moi. Je ne mérite pas non plus cette souffrance, personne ne le mérite.

Perdre un être cher est le pire qui puisse nous arriver, car avec cette personne s'en va les souvenirs que l'on aurait pu créer. Les habitudes qui s'étaient installées. On se retrouve alors perdu, sans repère et totalement seul. Cette solitude que j'affectionnais tant il fut un temps, à présent je la redoute au même titre que la mort. Car perdre Hailey rend la mort plus supportable que la vie.

Perdre cette fille qui perd sa chaleur de plus en plus au fil des minutes, me rend dépendant de ma colère et de ma tristesse. Je ne sais pas combien de temps nous restons comme ça, si ce n'est des heures ou des jours. Mais alors que le corps d'Hailey est froid comme la mort et que sa peau est blanche comme la porcelaine, mon loup se lève de sa léthargie.

Je ne bouge pas, ayant depuis longtemps arrêté de bercer le corps sans vie de mon âme-sœur. Mes yeux sont secs et mon cœur vide.

Vengeance, souffle mon loup.

Je ne réagis pas, le regard fixé sur le visage d'Hailey. Je veux en apprendre les traits par cœur, pour ne jamais les oublier.

Vengeance, grogne mon loup.

Je secoue la tête. Je ne veux plus me lever, me laisser mourir ici. Plus rien n'a d'importance maintenant, pas vrai ? Je suis seul à présent. La maison n'est une maison que s'il y a quelqu'un pour vous y accueillir.

Vengeance ! S'énerve mon loup.

- Non, non. Il n'y a plus rien à présent.

Ma réponse ne semble pas le satisfaire.

Il y a un temps pour mourir et un temps pour vivre, me répond ce dernier. Là, il est temps de venger notre compagne. Après le temps de mourir viendra.

Sa voix résonne au plus profond de moi. Je détache alors mon regard du visage d'Hailey. J'inspire longuement et capte l'odeur d'humains. Ma colère se mêle à celle de mon loup.

- Vengeance, je souffle alors comme une promesse.

Le temps de mourir viendra.

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Alors, déjà ça ne sert à rien de me menacer, je vous rappelle que j'y suis pour rien, c'est pas moi, c'est mon cerveau. Puis, JE SUIS PAS VENUE SUR WATTPAD POUR SOUFFRIR, OKAY ?

C'était le chapitre le plus dur à écrire de tous, même de ma précédente fiction. J'avais le paquet de mouchoir à côté au cas où, mais j'ai tenu bon.

J'espère que vous avez lu le chapitre avec la pitite musique de dépression adorée, parce que j'ai écrit ce chapitre avec cette chanson en boucle (ce qui explique les nombreuses pauses que j'ai dû faire pour pas chialer comme une merde, tel Kyle).

J'espère que vous me détestez pas trop, au pire je m'en bats les couilles ;)