XXIII

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PDV EVA

Le 4x4 poursuit son chemin tandis que nous nous retrouvons silencieux. Daniel fixe la route, son corps est tendu à l'extrême. Il a compris qu'entre Kyle et moi, il s'est passé des choses et ces choses ne lui plaisent pas. Alors au lieu de tenter le diable, je me tais.

Le paysage défile à toute vitesse, si bien que nous arrivons devant le village en un temps record. Les lourdes portes s'ouvrent et Daniel se gare juste devant la plus grande maison. Il sort sans un mot et prend ma valise, celle qui m'a accompagné durant ces années de recherche.

Je m'extrais à mon tour du véhicule et le suis. Nous entrons dans la bâtisse. J'hume les lieux et le parfum de l'Alpha me frappe de plein fouet. Je chancelle, ce que Daniel remarque. Je sens son aura m'envelopper et un apaisement bienvenu se répand dans tout mon être. Il ne me laisse pas le temps de me remettre de mes émotions qu'il se dirige vers les escaliers.

Nous arrivons devant une porte au fond du couloir. Il me fait signe de l'ouvrir, ce que je fais et entre. Je n'ai jamais vraiment vécu dans le luxe, cette partie de la vie était réservée à Hailey. Je n'étais ni fille d'Alpha, ni fille d'un loup important. Mais là, ça dépasse tout simplement l'entendement. La chambre est immense et je ne parle même pas du lit à baldaquin face à moi.

Je reste pantoise devant tant de richesse car je n'ai pas l'impression de la mériter. Je n'ai rien fait de particulier dans ma vie pour me voir liée à un Alpha aussi puissant que Daniel et j'imagine sans mal que c'est un cadeau empoisonné. Je ne doute pas du fait que mes récents choix n'ont pas été des plus réussis alors j'accepte ce revers de situation sans broncher.

— Je vais te laisser installer tes affaires. Si tu as besoin de quoi que ce soit, Alexandra est là.

Il ne me laisse même pas le temps de me retourner, qu'il a déjà disparu de la pièce. Je me sens vide, tout à coup. Mais mon euphorie de ma nouvelle vie reprend rapidement le dessus. J'ouvre l'immense armoire qui fait tout le mur face au lit et je remarque que la moitié m'est réservée. J'observe brièvement les vêtements déjà présents. Des costumes, des tenues moins guindées. Je prends alors conscience que maintenant, je vais vivre avec lui, partager son quotidien pour le restant de mes jours. Pourquoi cette pensée fait-elle gonfler mon coeur de bonheur ?

Il me faut une bonne demi-heure pour tout ranger comme il le faut et je me rends compte que je n'ai même pas pris un quart de toute la place qui m'a été attribuée. Je grimace tout en me rappelant que ces dernières années n'ont pas été de tout repos et que je n'avais pas en tête de bien m'habiller. Je finis par descendre et je sursaute en voyant une femme dans la cuisine. Cette dernière a le regard dur, les yeux clairs et une crinière de lionne. Elle me lorgne pendant une seconde avant d'ouvrir la bouche.

— C'est donc toi, la future Luna.

Son ton est presque moqueur et je me sens blessée par ses paroles.

— Et toi, tu es Alexandra, je présume.

Elle s'accorde un sourire en coin avant de porter sa tasse de café à ses lèvres. Elle ferme l'ordinateur portable face à elle et croise les bras. Son air hostile me fait me sentir comme une étrangère.

— Je parierais sur... même pas une semaine, dit-elle.

— Je te demande pardon ?

À nouveau, ce petit sourire en coin qui me donne de plus en plus des envies de meurtre. Ma louve semble d'accord avec moi, cette fois. Je peux la sentir tourner en grognant dans mon esprit.

— C'est le temps que tu vas rester ici avant de t'enfuir en courant.

Je fronce les sourcils. Au fil des années, j'ai développé une capacité, au grand dam de mes parents. Plus on va me dire de ne pas faire quelque chose, plus ça va me donner envie de le faire.

— Combien tu veux miser ? je crache.

— Mon chou, je vais t'expliquer comment ça marche ici. Tu crois que c'est comme dans la meute du père de ta meilleure amie traitresse ?

Elle n'a pas le temps de dire un mot de plus que j'abats mon poing sur l'ilot central en marbre, le fendant sur toute la longueur. Elle ne sursaute même pas et fixe les pupilles brillantes de ma louve.

— Tu peux t'amuser à m'insulter, si ça te fait plaisir. Mais, tu laisses Hailey tranquille, sinon je vais devoir t'apprendre à la fermer.

Alexandra pince ses lèvres, comme si elle se retenait de rire et ça me fous encore plus en rogne. Je serre les poings pour ne pas lui en coller une. Ma louve tente de prendre le contrôle, mais je la maintiens à distance. Je viens juste d'arriver ici, ce n'est pas pour faire un scandale. Même si, c'est bien parti pour.

— J'ai hâte de voir ça, mon chou.

Elle se lève ensuite, comme pour me tenter et je n'ai qu'une envie : lui sauter dessus afin de lui enlever cet air insupportable du visage.

— Quoi qu'il en soit, tu ne resteras pas longtemps. Daniel va vite se rendre compte que tu n'es pas son âme-soeur. Sa véritable âme-soeur est morte, tu n'es qu'une imposture.

Ses mots remplis de venin émiettent ma détermination.

— Continue comme ça, si tu ne veux plus être de ce monde, je la menace.

Mais, elle ne semble pas inquiète. Elle se rapproche et moins d'un mètre nous sépare, à présent. Il serait tellement simple pour moi d'abîmer son visage arrogant. J'en ai tellement envie...

— Tu me menaces ? Tu crois qu'une sale petite profiteuse comme toi me fait peur ? Viens là, sale traînée !

Hors de moi, j'ai tout juste le temps de lever la main où mes griffes sont sorties que quelqu'un me retient. Surprise, je me laisse faire.

— Je peux savoir ce qu'il se passe ici ? demande Daniel.

Mon rythme cardiaque s'accélère et je me dégage de sa poigne. Son visage est empreint de colère et de déception, ce qui me fait me sentir mal. J'aimerais tellement revenir quelques secondes en arrière, qu'il voit que je ne suis pas la méchante dans l'histoire.

— Ta nouvelle conquête est un peu... sur les nerfs, mon cher Alpha.

Je lance un regard noir à Alexandra qui me répond par un sourire mesquin.

— Eva... Je peux comprendre que tu sois déboussolée, mais ne t'avises jamais de lever la main sur elle, c'est clair ?

Daniel me fixe à présent, attendant une réponse de ma part. Folle de rage, je sens les larmes me monter et vaincue, j'hoche la tête sous le regard moqueur de la concernée. Ils quittent ensuite la pièce, me laissant seule. Ma louve tente de me raisonner, mais je sais ce que je fais. Alexandra aura la raclée qu'elle mérite.


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Salut.

Salut

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Lone Wolf (Tome 1 & 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant