Le regard fixé sur les lumières de la ville, j'ai l'air d'une parfaite petite New-Yorkaise paumée. Je passe une main sur mon front, décollant quelques mèches de cheveux. Je souffle un bon coup, car cette envie de pleurer est persistante.
Je me lève d'un bond et me dirige dans la salle de bain. En apercevant mon reflet dans le miroir, je ne peux retenir une grimace. Je me démaquille, effaçant les traces de mascara qui a coulé sur mes joues et autour de mes yeux. Une fois débarrassée de toutes les couches que ma peau a dû supporter, j'attache mes cheveux en queue-de-cheval et enfile un legging noir, ainsi qu'une brassière.
Les écouteurs plantés dans les oreilles, mes foulées sont rythmées par du rock des années 80. Je ne sais pas quelle heure il est, ni ce que je risque en étant toute seule en plein milieu de la nuit. Je n'arriverais pas à dormir ce soir et la seule alternative qu'il me reste pour me défouler est de courir.
La batterie pulse dans mes tympans tandis que la guitare électrique entame le refrain. Un léger sourire de plénitude étire mes lèvres. Pour une fois je me sens bien. C'est si rare que je me dois de le notifier. Je ne suis pas du genre à me plaindre, car pour une fille sans passé, je m'en sors plutôt bien.
Mis à part ces douleurs terribles et cette voix dans ma tête, je ne suis pas si mal. Génial, me voilà à sortir une phrase bien bizarre qui pourrait sortir de la bouche d'un psychopathe.
Essoufflée, je m'arrête au niveau d'un banc en bois et m'affale dessus. J'observe le ciel qui n'arrive pas à me montrer toutes ses étoiles, tant la pollution et les lumières des bâtiments le gêne. J'enlève mes écouteurs en grimaçant et pose mon téléphone à côté de moi.
Une légère brise me caresse le visage, me faisant frissonner. Je me laisse bercer par le bruit étouffé de la ville. Puis un bruissement à ma droite me fait dresser l'oreille. Je fais mine de ne pas avoir entendu et je calme ma respiration difficile afin de mieux entendre. Le bruit se fait plus proche. Le corps aussi tendu qu'une corde, je sers les poings et ferme les yeux.
Je sens un mouvement près de mon visage. Les yeux toujours fermés, j'attrape la gorge de l'inconnu et me lève d'un bond. Le visage apeuré de la jeune femme me fait lâcher instantanément ma prise. Je reconnais cette fille, c'est elle qui m'a pris pour quelqu'un d'autre un peu plus tôt dans la soirée.
Son visage est plus gonflé que tout à l'heure et ses yeux sont rougis par les larmes. Elle semble vraiment malheureuse et pour une raison que j'ignore, je me sens réellement désolée pour elle.
- Hailey... souffle-t-elle.
- C'est Livie, en fait.
De nouveau, ses yeux se remplissent de larmes et elle recule d'un pas avant de s'accroupir. Ses sanglots me prennent aux tripes. C'est si soudain, si inattendu que je ne sais pas comment réagir, ni quoi dire. Je ne connais pas cette fille et je n'ai pas souvenir d'avoir éprouvé un jour ce genre d'émotion. L'empathie n'est pas mon fort.
Je la laisse donc pleurer à chaudes larmes à même le sol en observant les alentours. On ne sait jamais, peut-être que quelqu'un pourrait passer par là et m'aider à gérer la situation.
- Je suis désolée. C'est juste que...
- Dure journée ? Je lui propose avec un sourire.
Elle hoche la tête tout en essuyant ses joues.
- Je suis vraiment gênée, je n'ai pas l'habitude de faire l'étalage de mes sentiments face à une... inconnue.
Je me tourne pour ramasser mon téléphone portable et le fourre comme je peux dans la mini-poche de mon pantalon de sport.
- Ce n'est pas grave, ça arrive.
C'est un peu un semi-mensonge. Oui, ça peut arriver, mais pas à moi. Je ne suis pas ce genre de fille à pleurer pour tout et n'importe quoi. Je suis un peu une dure à cuire, si j'ose dire. Je ne me vois en aucun cas me mettre dans tous mes états pour quoi que ce soit, ni pour qui que ce soit.
- Oui, entre mon petit-ami qui vient de me larguer et la rencontre de ma meilleure amie que je croyais morte, il y a de quoi péter un plomb.
Elle m'adresse un sourire, mais je sais qu'il est là pour faire bonne mesure. L'expression de son visage m'est familière et j'ai l'impression de lire en elle comme dans un livre ouvert. Je ne sais pas quoi lui répondre, sa situation m'est inconnue et je ne connais pas les convenances de ce genre de situation. Elle m'indique alors qu'elle doit me fausser compagnie. Je remarque alors la valise qu'elle tire derrière elle.
- Attends.
Elle se fige et je sais que ce que je vais dire va peut-être changer le cours de nos vies. Mais si Dieu l'a mise en travers de mon chemin, n'est-ce pas pour une bonne raison ?
- Ton petit-ami t'a viré de chez lui en pleine nuit ? Je demande, abasourdi.
Son silence en dit long, tout comme ses yeux remplis de tristesse. Mais quel genre de connard peut faire ça à une fille ? La foutre dehors en pleine nuit dans une grande ville où tout peut arriver et surtout pas que des bonnes choses. J'espère ne jamais croiser la route de cet homme, auquel cas il n'oubliera pas notre rencontre.
- Que dirais-tu de venir me raconter à quel point ta journée a été merdique chez moi ? Je dois avoir quelques couvertures propres qui trainent quelque part.
À son sourire, je peux aisément deviner que nous allons en avoir pour toute la nuit. Peut-être que Dieu a mis sur mon chemin cette fille pour...
Amie, souffle la fameuse voix.
Pour une fois, je suis d'accord avec elle. Elle pourrait très bien devenir ma première amie..

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Lone Wolf (Tome 1 & 2)
Lobisomem[TOME 1 TERMINE]Un Alpha aurait été le pied. Un Bêta aurait pu passer. Un Oméga ? Pourquoi pas, après tout. Mais un Loup Solitaire ? Sérieusement ? (⚠️ Scènes explicites) Merci à Canfav pour cette superbe couverture !