Lone Wolf (Tome 1 & 2)

XVI

Retour à la case départ. Je suis à nouveau dans ce lit que je n'ai jamais vu, semble-t-il. Je n'arrive pas à me détacher de cette sensation qui me colle à la peau. Cette sensation que tout est familier.

- Tout va bien ?

La voix grave de cet homme me fait frissonner. Je tourne la tête vers l'entrée et rencontre ses yeux bleus. Ils sont si intenses que je ne peux pas les fixer plus de quelques secondes. Je détourne finalement le regard et m'attarde sur la pointe des arbres que j'aperçois à travers la fenêtre.

Je sens le lit s'affaisser, mais je n'arrive pas à le regarder. En fait, je ne sais pas vraiment expliquer ce que je ressens. Tout est si confus dans ma tête. Au moins, la voix s'est tu.

- Je ne comprends rien à ce qu'il se passe. Je ne comprends pas pourquoi je suis... moi.

Je reprends mon observation et je suis affligée de voir qu'il est tout simplement irrésistible. Sa barbe de trois jours le rend sombre, inaccessible. Inaccessible ? Alors pourquoi ses yeux me disent tout le contraire à me regarder de la sorte ?

- Je n'ai pas idée d'à quel point tu es déboussolée. Je suis désolé, pour tout. Je t'ai fait terriblement souffrir.

Une fois de plus, je ne comprends pas ses paroles. J'inspecte mes bras, à la recherche d'un bleu ou quoi, mais rien.

- Non, ça va.

Je m'autorise un sourire auquel il ne répond pas. Il a toujours cet air torturé ancré sur le visage. Ça me donne envie de le prendre dans mes bras. Je sais que je devrais lui en foutre une, mais je n'arrive pas à comprendre pourquoi il m'a mené ici. Il ne semble pas hostile. Au contraire, tout dans sa façon d'être, ses gestes et la façon dont il me regarde sont d'une tendresse infinie, troublante.

- Où est Eva ? Je demande après quelques secondes.

Tout est silencieux dans cette immense maison, mis à part nos respirations respectives.

- Elle est partie, mais elle va revenir. Ne t'inquiète pas.

Etrangement, je ne suis pas inquiète. Je ne sais pas comment il fait, mais il annihile toutes mes craintes d'un battement de cil. Serait-il un magicien ?

- Quand vas-tu te décider à me laisser partir ?

Il se fige et m'observe de son regard austère, m'infligeant une nuée de papillons dans le creux de mon ventre.

- Tu n'es pas bien ici ? Il souffle tout en s'approchant de moi.

Je ne bouge d'un poil, tandis qu'il contourne le lit, le regard fauve. Malgré moi, malgré cette situation très étrange dans laquelle je me trouve, je me sens grisée. Son regard coule sur moi, sur mon corps avec une faim à peine dissimulée et voilà que je frissonne.

- Non.

Ma réponse claque dans l'air, mettant fin à son petit jeu de séduction qui fonctionne à merveille.

- Hailey...

- Livie, je grogne. Je m'appelle Livie, ok ?

Il inspire longuement, réduit l'espace entre nous et prend place face à moi. Il me scrute. Yeux, lèvres, yeux, lèvres, yeux, lèvres, yeux... C'est une bataille brûlante qui se déchaîne en moi. L'embrasser ? Ne pas le faire ? Pourquoi le ferais-je ? C'est un malade mental qui m'a assommé avant de me kidnapper. Puis enfin, il pose son front brûlant contre le mien, son haleine mentholée se mèle à la mienne.

- J'ai hâte que tu retrouves la mémoire.

Je me recule et l'interroge du regard. Face à son mutisme, je m'énerve.