Mensonges ! S'énerve la voix au fond de ma tête.
La voilà qui recommence. Cela ne m'avait pas manqué. Peut-être que je suis folle, finalement... Ces bêtes ont mutilé mon corps et les voilà maintenant qui s'attaquent à mon esprit. Quelle plaie, franchement !
- Livie ? M'appelle ma psy.
Je lève les yeux vers elle. Apparemment, c'est la seule à même de me comprendre, moi, la petite timbrée que je suis. Assise sur son fauteuil confortable, elle ne prend aucune note, jamais. Le petit magnéto installé sur la petite table d'appoint en noir laqué le fait à sa place. Je m'amuse à imaginer qu'elle passe ses nuits à écouter ma si belle voix.
- Tu veux me parler de quelque chose en particulier ? Continue-t-elle abordant un sourire professionnel.
Je réfléchi un instant. Il ne s'est rien passé de vraiment extraordinaire cette dernière semaine pour qu'il y ait quelque chose à dire.
- Non, pas vraiment, je réponds d'un air indifférent.
- Rien de nouveau au travail ? Pas de petit-ami ?
Elle avait le chic pour poser les questions qui m'embêtaient. S'il y avait quelque chose que j'avais en horreur, c'était de parler de moi. En tant que simple citoyenne des Etats-Unis, elle n'avait pas la moindre idée des monstres qui foulaient cette terre sans foi ni loi. Ces monstres mi-hommes mi-loups qui m'avaient pris mes souvenirs.
Mon « travail » ne consistait pas à travailler comme agent secret pour l'Etat, comme la Confrérie m'avait ordonné de dire, mais j'étais une chasseuse. Après cet accident, il y a trois ans, mon cerveau a préféré oublier tout ce qui constituait ma vie d'avant.
Je ne saurais dire si j'ai une famille, des parents, un petit-copain laissé à l'abandon. À présent, la Confrérie est ma seule et unique famille. C'est elle qui m'a sauvé et m'a entraîné. Grâce à elle, j'ai pu donner le meilleur de moi-même et me venger, par la même occasion. Je ne sais pas quel est le monstre qui m'a fait cela, mais selon la Confrérie, je le reconnaîtrai.
- Non, rien de nouveau et non, pas de petit-ami. Jamais.
- Pourquoi être autant négative à ce sujet ? Tu as le droit d'aimer et d'être aimée.
Je ne peux m'empêcher de sourire. À vrai dire, cela ne m'intéresse pas. J'ai seulement vingt-trois ans et toute la vie devant moi. À défaut de ne pas avoir de passé.
- Ouais, ouais...
- Bon, sinon, tu te plais dans ton appartement ? Tes voisins sont sympas ?
Ma psy a peut-être le don de me poser des questions auxquelles je ne souhaite pas répondre, mais elle excelle dans le changement de sujet.
- À quoi ça rime tout ça ? Je demande soudainement, passablement agacée. C'est vrai quoi, qu'est-ce que vous en avez à foutre de comment je vis ? Passe-moi votre sirop et qu'on en finisse, j'ai du travail.
Je me lève ensuite et tends la main. Elle soupire, résignée avant de se lever et de me tendre une bouteille transparente dans laquelle patiente un liquide rosâtre. Je la saisi et souffle un simple merci avant de quitter ce maudit endroit.
La bouteille ne contient aucune inscription, ce qui aurait dû m'alarmer. Mais très sincèrement, tant que ça faisait effet, je m'en fichais totalement. Elle aurait pu me droguer, ça m'importait peu. Lauren m'attend dans la voiture. Une berline noire passe-partout. Nous avons tous les mêmes voitures à la Confrérie. Tout ce que je possède, de l'appartement luxueux au pot de beurre de cacahuète rangé soigneusement dans l'un des placards de la cuisine, appartient à la Confrérie.
Je suis nourrie, logée, blanchie par cette grande famille. J'ai le droit à un peu de liquide pour sortir, mais je ne peux m'acheter quoi que ce soit qui attirerait l'œil. Ordre des chasseurs de loup-garou. Nous devons être invisibles, sans pour autant vivre comme des criminels en cavale.
- Alors la malade mentale, t'as pris ton sirop pour la toux ? Se moque ma coéquipière lorsque j'entre dans le véhicule.
- Ferme-la, Lauren, je grogne.
Elle pouffe et démarre en trombe. Cette casse-cou aime bien la vitesse, ça tombe bien, moi aussi. Lauren est l'un des membres de la Confrérie avec qui je m'entends le moins bien. Je ne saurais dire pourquoi, mais je préfère bosser avec un coéquipier masculin.
- Bon, le Boss m'a envoyé un texto. Il y a un bar pas très loin de là où tu habites avec une forte fréquentation de monstres.
Je hoche la tête et m'enfonce un peu plus dans le siège moelleux.
- Ça tombe bien, j'ai besoin d'un verre, je rétorque avec un sourire.
Lauren me ramène rapidement chez moi avant de partir sans un mot. Bien. Je ne parle pas vraiment avec les membres féminins de la Confrérie. Je monte au dernier étage à l'aide de l'ascenseur et entre dans mon appartement.
Ce dernier est très grand, trop pour moi seule. Composé de trois chambres, dont deux qui me sont inutiles. L'entrée donne sur un salon composé d'un grand canapé en cuir noir faisant face à un écran plasma si grand que j'en ai jamais vu exposé au magasin de cette taille-là. Une table basse blanche sépare les deux meubles.
Sur la gauche, une cuisine ouverte totalement équipée dans les tons gris, puis à droite mon bureau. Ce côté-là de la pièce est celui que je préfère. Mon bureau est en bois, peint en blanc sur lequel traîne mon Mac, ainsi que des tonnes de dossiers contenants des photos ainsi que des noms de personnes suspectées d'être des lycanthropes. Mais la raison de mon coup de cœur est l'immense baie vitrée qui fait tout le long de la pièce, donnant une vue imparable de la ville.
Mon téléphone vibre dans la poche de mon pantalon. Je le saisi et souri.
Il semblerait que va devoir supporter ma mémorable compagnie ce soir.
Un message de Aaron. Le coéquipier avec qui je m'entends le mieux. On pourrait même dire qu'on est des amis, depuis le temps. Il est la première personne que j'ai vu lorsque je me suis réveillée en bien mauvais état, il y a trois ans.
Je débloque mon smartphone et tape rapidement une réponse.
Je pense que ce dur travail vaut bien un verre offert.
Sa réponse ne se fait pas prier.
Seulement si tu t'habilles de manière sexy ;)
J'éclate de rire avant de répondre rapidement.
Je suis toujours sexy !
Je ne m'attendais pas du tout à ce qu'il me réponde cela.
Tu as raison. La femme la plus belle que je n'ai jamais rencontrée.
Je fronce les sourcils avant d'éteindre mon portable. Aaron ne m'a jamais montré d'intérêt. Enfin, il ne m'a jamais vu autrement que comme sa coéquipière. Cela me fait un peu bizarre. Je préfère ne pas répondre et me concentrer sur ma mission de ce soir. J'observe la dague en argent posée sur mon bureau, qui attend sagement à côté de ma souris d'ordinateur. Elle ne va pas avoir à attendre longtemps si les informations du Boss sont justes.
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Il faut croire que je suis une vraie sentimental. Je n'arrive pas à quitter ces personnages et puis comment résister à vos messages d'amour ? (ou de menace plutôt, notez bien l'ironie xD)
Plus sérieusement, il fallait que je tue Hailey, je ne voyais pas comment terminer cette histoire autrement que par sa mort. J'espère que malgré toute la haine que vous éprouvez pour moi, vous allez aimer ce deuxième tome, les nouveaux personnages, les anciens, tout comme moi je prends plaisir à écrire sur eux ^^
Ah ! Et pour infos, ce tome se déroule 3 ans après la mort d'Hailey.
PS : Oui, je sais que j'avais annoncé la sortie de ce tome en Septembre, mais j'ai pas pu vous résister, même si vous êtes moches et menaçants :)
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Lone Wolf (Tome 1 & 2)
Werwolf[TOME 1 TERMINE]Un Alpha aurait été le pied. Un Bêta aurait pu passer. Un Oméga ? Pourquoi pas, après tout. Mais un Loup Solitaire ? Sérieusement ? (⚠️ Scènes explicites) Merci à Canfav pour cette superbe couverture !