Troubles (TOME 1)

Chapitre 1

Je soupirais de fatigue en reposant le dernier carton dans ma nouvelle chambre. Enfin nous avions tout monté, maintenant une longue séance de rangement m'attendait. Avant, je devais dire au revoir à ma famille qui elle ne restait pas plus longtemps. Mon père avait déjà ronchonné une bonne partie de la journée parce que je leur avais demandé de m'emmener ici et de m'aider à porter mes affaires. Il voulait donc repartir chez nous car selon lui, le trajet de retour allait être long. Je soupirais une nouvelle fois en pensant qu'il n'allait pas être plus long qu'à l'allée qui elle avait durée 6 heures, mais soit, s'il souhaitait repartir, c'était son droit. Je rejoignis donc tout le monde dans le salon et ce fut le moment des embrassades.

Mon grand-père était là lui aussi. Tous les deux, nous avions une relation très particulière, totalement fusionnelle. C'était très différent de celle que j'entretenais avec mes parents. Il me serra fort contre lui en me disant de faire attention à moi et que si j'avais besoin d'aide ou seulement envie de lui parler, je pouvais l'appeler sur le champ. Je lui souris en lui disant que tout irait pour le mieux et que je l'appellerais le plus souvent possible. 

J'aimais mon grand-père, sincèrement. Il était un soutien sans faille, un ami mais surtout la personne la plus chère à mon cœur. J'étais la seule personne de la famille à ne pas m'intéresser à son argent, parce que oui, il était extrêmement riche et puissant dans le monde impitoyable des affaires. Selon moi, le fait que je ne sois pas intéressée avait permis de construire une relation solide avec lui. Profiter de l'argent des autres ? Très peu pour moi. Je voulais construire ma vie, être fière de ce que j'allais accomplir toute seule. 

Il avait été très triste en apprenant mon départ. Pendant de longues semaines, il avait tout tenté pour me dissuader de partir. En voyant que je voulais vraiment changer d'air, il avait fini par accepter mon choix. Je savais que je lui faisais du mal, mais j'avais besoin de partir, et ça, lui aussi le savait. Même s'il avait fini par accepter mon départ, il avait émis une condition non rejetable : c'était lui qui payerait mon appartement. À ce moment là, c'était à mon tour d'essayer de négocier et de rejeter sa condition, mais qui dit homme d'affaire, dit homme impitoyable et malgré tous mes efforts, je n'avais pas pu le faire changer d'avis, alors cette fois là, c'était à mon tour de céder pour son plus grand bonheur.

Les au revoir avec mes parents furent, quant à eux, bien plus bref, une bise et puis voilà. Ils étaient déjà retournés dans la voiture et n'attendaient plus que mon grand-père. Ce dernier finit par les rejoindre après un énième ronchonnement de la part de mon paternel. Je leur fis des grands signes jusqu'à ne plus apercevoir la voiture puis je remontai dans mon nouvel appartement qui se trouvait au 4ème et dernier étage d'un immeuble. 

Dès que je fermai la porte, ma nouvelle colocataire me rejoignit avec entrain. Elle était blonde, avec les cheveux au niveau des épaules et portait une petite paire de lunettes noires. Elle me souriait avec beaucoup de chaleur. Elle s'appelait Tiffany Hill. Je l'avais contactée par mail le jour où j'avais trouvé son annonce, elle cherchait une colocataire et c'était une vraie chance de tomber sur elle car je n'avais pas particulièrement envie d'être ici toute seule dans une ville que je ne connaissais pas . Nous avions rapidement sympathisé à distance. Désormais, nous étions amies, comme si nous nous connaissions depuis des années. Je me faisais une joie de vivre avec elle.

« Tu as besoin d'aide pour ranger tes affaires Tanya ?

- Non merci Titi ! Je vais me débrouiller ! Mais merci d'avoir proposé. »

Elle me sourit une nouvelle fois et repartit devant son feuilleton télévisé traitant sur la traque d'un psychopathe à travers tout un pays. Je la laissai donc regarder la télévision et partis dans ma chambre pour ranger mes affaires en pensant aux jours qui allaient suivre. Allais-je m'intégrer dans cette université et surtout dans cette nouvelle vie ? J'avais tout laissé derrière moi, mais c'était mieux ainsi. Avec le temps, je m'y habituerais, de toute façon, comme on le dit si souvent, même si certaines décisions sont dures à prendre, elles sont souvent nécessaires pour avancer et grandir. Et c'était bien ce que je comptais faire. Avancer.

J'entrepris de ranger ma chambre. Après de longues heures, tout était enfin à sa place. J'étais heureuse et soulagée. Je rejoignis Tiffany dans le salon. Pour le repas du soir, nous décidâmes de commander japonais pour fêter notre toute nouvelle colocation et notre amitié. Durant une bonne partie de la soirée, nous parlâmes de nous, de notre famille et de nos vies.

« Je ne veux pas paraître indiscrète Tanya, mais j'ai remarqué qu'il y avait une certaine tension entre tes parents et toi, pourquoi ? »

Je détournais les yeux quelques secondes en souriant nerveusement.

« Rien d'important. Ils ne sont simplement pas très joyeux de me savoir à plus de 6 heures de chez eux. Ils étaient contre mon départ.

- Tu es sûre que c'est la seule raison ?

- Oui oui. Oh, il se fait tard. Je vais aller me coucher. Je suis fatiguée après cette longue journée. À demain Titi ! »

Sans lui laisser le temps de répondre, je partis dans ma chambre en refermant la porte derrière moi. Je soupirais. Au fond de moi, j'espérais qu'elle ne me pose plus jamais cette question. Pour chasser ces pensées de mon esprit, je partis prendre une bonne douche bien chaude. L'avantage de cet appartement, c'était que nous avions chacune notre propre salle de bain, qui était immense dans un style black and white, et ça, je peux vous assurer que c'était un vrai plus. J'enfilais ensuite un pyjama et allais me coucher. Rapidement, je m'endormis, épuisée.

Le lendemain, je fus levée de bonne heure. C'était ma première journée de cours à l'université. J'étais impatiente d'étudier l'art. Ne pouvant faire un choix, j'avais pris l'option arts plastiques mais aussi art de la musique. Mes semaines allaient être chargées, mais tant pis. Il me tardait d'y être. Avec Tiffany, nous partîmes ensemble à l'université. Sur le chemin, j'achetai le journal car un titre avait attiré mon attention : « L'enquête sur la mort tragique d'Éléonore Johns toujours dans une impasse. ».

« Tiffany, tu connaissais cette fille ?

- Oui, nous étions dans la même classe au lycée.

- Oh... Je suis désolée... dis-je mal à l'aise.

- Tu n'as pas besoin de l'être, tu ne l'as pas tué ! Ria t-elle »

Pendant quelques secondes sa réaction me surprit, je ne sus quoi répondre. J'étais tout simplement abasourdie. Elle dût capter mon malaise et s'empressa de reprendre la parole.

« Je suis désolée si je t'ai choquée, mais elle a été tuée il y a plusieurs mois maintenant. J'ai tournée la page. Elle me manque oui, mais j'ai avancé. Rester bloqué sur le passé n'aide en rien. Son meurtre a été tragique pour nous tous, nous l'aimions. Son frère n'arrive toujours pas à s'en remettre. La police a tout fait pour la retrouver à temps, mais c'était trop tard. 7 jours plus tard, son corps fut retrouvé. Ils enquêtent toujours, mais il n'y a plus aucune piste, enfin, si, ils pensent que c'est une personne de passage qui a fait ça. Après de longues semaines d'angoisse, nous avons tous finit par accepter cette hypothèse puisque qu'aucun meurtre n'a eu lieu depuis. C'était sûrement un monstre de passage. Ne t'en fais pas, tout ira bien. Je ne pensais pas que c'était nécessaire de te le dire par crainte de t'effrayer et que tu ne veuilles plus venir ici. Je t'assure que tu n'as rien à craindre. Weird Town est une ville tranquille. »

Elle me sourit, et reprit sa route. J'essayais de partager son avis, mais j'étais inquiète. Et si le meurtrier était encore parmi les habitants ?

Je fus tirée de mes pensées en arrivant à l'université. Tiffany me fit visiter les lieux gentiment pour ne pas que je me perde car nous ne partagions pas la même filière. Elle, elle faisait lettres modernes. Ensuite, chacune de nous partit rejoindre nos salles respectives pour le début des cours. J'entrai donc dans un immense amphithéâtre pour assister au cours sur l'art contemporain. Je m'assis sur le côté, en observant les personnes autour de moi quand un garçon blond, de taille moyenne, s'assit à mes côtés et me sourit avec beaucoup de gentillesse.  

« Salut, tu dois sûrement être Tanya. Tiffany m'a dit que nous allions partager certains cours ensemble et m'a demandé de veiller sur toi. Je m'appelle Gabriel, enchanté ! »