Troubles (TOME 1)

Chapitre 22

« Moi aussi j'ai quelque chose à te dire Tanya. »

Je le regardai avec surprise. Il semblait si sérieux, j'avais presque peur de ce qu'il allait me dire. Il prit ma main entre les siennes et la serra. Il se mit à regarder le plafond en silence quelques secondes. Je serrais doucement sa main pour l'encourager à continuer. Il soupira et prit lentement la parole.

« Les cicatrices que tu as vu la dernière fois, celles dans mon dos... »

Il s'arrêta, le regard perdu dans le vague. Alors c'était de ses cicatrices dont il voulait me parler. Qui avait bien pu lui faire une chose pareille... Comme pour répondre à ma question intérieure, il reprit la parole d'une petite voix tremblante que je ne lui connaissais pas.

« Même si tu n'as rien dit, je me doute que tu as remarqué l'absence de mon cher père à la maison

- Oui...

- Mon père est un alcoolique mais même sans avoir bu, il était violent, alors quand il buvait, c'était bien pire. Il frappait tout le temps ma mère car elle s'interposait entre lui et nous pour ne pas que nous subissions ses coups, mais parfois c'était inutile, il nous frappait quand même. Avec Tyron, on protégeait toujours Noah qui était bien plus petit que nous et surtout plus fragile. On voulait qu'il grandisse loin de tout ça, pour son bien. Notre père aimait bien nous donner des coups de ceinture, c'était sa marque de fabrique comme il le répétait si souvent. Un soir, vers mes 13 ans, il a tellement frappée ma mère qu'il lui a brisé le nez et la mâchoire. Elle saignait vraiment beaucoup et elle était au sol en pleure, pourtant il continuait de la frapper avec tant de rage, c'était si horrible à voir Tanya. Je n'arrive pas à oublier cette image d'elle, gémissant au sol à cause de la douleur des coups, le visage en sang. Tyron protégeait Noah dans la chambre pour ne pas qu'il prenne de coups, alors j'ai frappé mon père avec une chaise pour essayer de l'éloigner de ma mère. Il m'a attrapé par le bras et m'a tiré de force dans la buanderie. Là, il a refermé la porte à clé derrière nous, m'a jeté au sol et a commencé à me fouetter avec sa ceinture. Chaque coup était de plus en plus fort. J'avais tellement mal, je sentais le sang couler le long de ma colonne. Je sentais à chaque fois ma peau s'ouvrir un peu plus à chacun de ses coups. J'entendais même mon tee-shirt se déchirer sous les coups tant il y allait fort. J'avais terriblement mal, mais je devais tenir le plus longtemps possible parce que tant qu'il était occupé avec moi, ma mère avait une chance de s'enfuir avec mes frères. Je me rappelle ensuite des sirènes de polices. Mon père a alors arrêté de me frapper et a prit la fuite. La police est partie à sa recherche, mais il n'a jamais été retrouvé, et il n'est jamais revenu à la maison non plus. Ce soir là, il m'a fait tellement mal que ses coups se sont imprégnés dans ma chair pour toujours. J'aurais les cicatrices à vie de cette nuit là. »

Pour la première fois depuis notre rencontre, je vis de la faiblesse en Shaze. Une larme coula le long de sa joue. Je me redressai doucement. Cette fois, c'était à mon tour de prendre soin de lui, de le consoler, de l'apaiser. Je m'assis et le pris dans mes bras avec toute la tendresse du monde. Alors c'était pour ça qu'il était devenu ainsi, pour ne pas être blessé une nouvelle fois, pour tenir les autres à l'écart de lui. Il enfonça sa tête contre moi. Je caressai avec douceur son dos et ses cheveux en continuant de le serrer dans mes bras.

« Tu as voulu protéger ta mère, et ça c'était la meilleure chose à faire Shaze...

- Je sais, et si c'était à refaire, je le referais. »

Il m'entoura à son tour de ses bras et me serra un peu trop fort contre lui. Je ne dis rien, je le laissai faire, il en avait besoin.

« Tu sais je lui ressemble.