Troubles (TOME 1)

Chapitre 48

Tyron me ramena à mon appartement. Il était resté silencieux durant le reste du trajet, me laissant pleurer en toute tranquillité. Quand nous fûmes arrivés chez moi, il monta ma valise et resta avec moi pendant environ une heure pour essayer de me consoler, mais ce fut loin d'être un succès. 

Il finit par partir une fois que je lui ai demandé de me laisser tranquille. Je voulais simplement être seule et pouvoir me morfondre tranquillement, en boule, au fond de mon lit. 

Je refermai la porte à clé derrière lui. Avant de partir, il m'avait une dernière fois serrée contre lui. Je l'avais laissé faire, je voulais rester dans ses bras pour pleurer, mais mon envie de rester seule était bien plus forte. Quand il partit, je me laissai tomber à genoux derrière la porte en enfonçant mon visage entre mes mains, mes larmes continuant de couler.

Je savais que Shaze n'aimerait pas que j'achète une maison à sa mère, mais j'avais agis principalement pour Noah. Il fallait qu'ils déménagent sinon Noah allait avoir de plus en plus de problèmes de santé. J'aurais aimé que Shaze comprenne, mais il était beaucoup trop furieux contre moi. De toute façon, à quoi bon essayer de lui faire comprendre maintenant, il venait de me quitter.

Dans un ultime effort, j'arrivai à me remettre sur mes pieds. Telle une zombie, je marchai jusqu'à ma chambre. Je me laissai tomber sur le lit et enfonçai ma tête dans mon coussin. Je n'arrivais pas à m'arrêter de pleurer, c'était plus fort que moi. J'étais tellement épuisé. 

Moi qui avait tant rêver de ce jour, c'était un des pires de toutes ma vie. J'avais eu énormément d'espoirs en ce jour, je m'étais dit qu'il allait être parfait, comme un vrai jour de Noël, comme dans un film, que j'allais enfin vivre un vrai Noël en famille. Au final, je préférais largement mes anciens Noël, voir carrément fêter cette horrible fête toute seule. Je détestais Noël. 

Je voulais hurler, je voulais tout détruire, mais tout ce que j'arrivais à faire c'était pleurer et encore pleurer. Je me haïssais d'être aussi faible et de chialer sans cesse. À force de pleurer, l'épuisement me gagna de plus en plus jusqu'à m'emporter dans le pays des rêves.

Onze jours. Onze jours s'étaient écoulés depuis cet affreux Noël. Ce que j'ai fais durant ces onze jours... Rien. Ah si, j'ai dormis, regardé des films plus tristes les uns que les autres, prendre potentiellement une douche, et c'était tout. 

Je n'ai rien avalé depuis mon petit déjeuné le jour de Noël. À chaque fois que je buvais un peu d'eau, j'avais envie de vomir durant plusieurs heures, alors manger un morceau... Non merci. Je n'arrivais presque plus à dormir. Chaque nuit, j'étais la proie de violents cauchemars comme avant. 

Mon portable n'avait pas cessé de sonner durant ces onze jours. J'avais des messages de Noah, de Tyron, de Jason, de Diego, de Gabriel et de Maéva, mais je n'avais répondu à personne. J'avais même des messages et des appels de Shaze. Oui oui vous avez bien lu, il avait essayé de me joindre à de très nombreuses reprises. Par manque de courage, je n'avais pas osé lire ni même écouter les messages.

Je remis un film en route, bien entendu, un bon film bien triste comme il faut sinon ce n'est pas drôle. J'étais presque arrivé à la moitié quand la sonnette retentit. C'était bien la première fois qu'elle sonnait depuis mon retour ici il y a onze jours. 

Je mis le film sur pause et sortis du lit lentement. Depuis onze jours, je ressemblais à une vraie zombie. À chaque fois que je croisais mon reflet dans le miroir, j'avais moi même peur de moi tellement j'étais affreuse. J'étais pâle, avec des cernes immenses. Je ressemblais presque à un personnage d'un film de Tim Burton. Peut-être que je devrais postuler pour participer à un de ses tournage. Ce n'était vraiment pas le moment de faire des blagues, surtout que ces blagues ne me remontaient pas le moral, c'était plutôt le contraire.