Prologue

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Loulou,

Ça y est... J'ai enfin trouvé le courage.

Noâ couchait la petite, pendant que nous marchions le long des quais.

Il a senti le vent tourner quand j'ai évoqué notre couple, notre fille, puis l'accident. Il est resté calme, indifférent à mon mal-être, cela m'a glacé le sang. Rappelle-toi, il y a quelques mois, quand j'ai eu le malheur d'émettre le souhait de prendre mes distances, il est devenu furieux. Mais à cet instant, son visage ne trahissait aucune émotion. Je me suis demandé s'il ne préparait pas quelque chose, ou si, tout simplement il ne me croyait pas.

Quand j'ai commencé à parler de la vente de l'appartement et de la garde de Rose, sa mâchoire s'est crispée, ses phalanges ont même blanchies. Il a continué à m'écouter sans m'interrompre, tandis que moi, je voyais sa veine frontale gonfler de colère.

Les mots venaient difficilement au début. Une fois mon sac vidé, j'ai pris une bouffée d'air avant de l'inciter à me parler.

C'est en me regardant droit dans les yeux, qu'il m'a demandé si je voyais quelqu'un d'autre. Comme si notre relation ne suffisait pas à justifier ma décision, il lui fallait une raison extérieure. Dépitée, j'ai soutenu son regard en lui répétant la vérité... Le fait que je suis malheureuse, que nous avons changés, que je l'aime toujours mais plus de cet amour qui m'animait auparavant.

Il m'a seulement demandé de ne rien dire à personne pour l'instant et de faire ça en douceur dans l'intérêt de Rose. Soulagée, c'est à ce moment que je me suis dit qu'il réalisait enfin.

Nous sommes rentrés, lui toujours aussi silencieux et moi, enfin libérée, libérée de ce poids sur mes épaules.

C'était il y a une semaine... Maintenant il dort dans la chambre d'ami et passe du temps avec nous le soir. Il s'est même occupé de Rose hier pendant que je travaillais, c'est bien la première fois. Aujourd'hui, il nous a accompagnées dans notre balade dominicale.

Je ne sais pas ce dont l'avenir est fait, mais pour l'instant ça se passe mieux que je ne l'aurai imaginé.

Ma très chère, ne m'en veux pas d'avoir mis autant de temps pour te le dire, je n'en avais pas la force.

Je t'embrasse fort.

Lice

De l'autre côté de l'océan Atlantique, après avoir lu le mail, c'est avec empressement que la réponse est rédigée...

Ko ko koo ... nani kuna? (Toc toc toc... qui est là ?)

Est-ce bien ma leki (petite sœur) ?

Ta décision me rassure, je croyais que tu t'étais perdue pour de bon. Pendant un certain temps, Pierre fut l'homme qu'il te fallait mais il a bien trop changé. Toi ma belle, tu es restée quelque peu égale à toi-même. Il est temps que tu prennes soin de toi. Je ne vais pas te cacher que le plus dur reste à venir. J'ai du mal à croire qu'il réagisse si bien. Connaissant l'animal, je crains qu'il n'attende le bon moment pour bondir toutes griffes sorties. S'il te plaît ma tendre, reste sur tes gardes.

Je voudrais tant être auprès de vous, cela me déchire le cœur.

Tu connais mes horaires, connecte-toi dès que tu as un créneau et n'attends pas une semaine ou je fais abattre la foudre sur toi.

Embrasse Rose de la part de sa tantine (tatie - affectueux) adorée.

Prends soin de vous.

Tu me manques, leki ya moto (petite sœur de mon cœur).

Ta yaya (grande sœur, l'aînée)

MAliceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant