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Après avoir lancé le plat a mijoter, nous sommes allées faire une petite balade dans les bois avec Louve sur nos talons. Elle reste près de Rose et la remet sur le droit chemin si elle s'écarte de trop, une vraie gardienne.

Après avoir mangés dans la maison des filles, c'est sous l'auvent que nous avons pris le café. Rose s'est endormie dans les pattes de la chienne. Elles sont devenues inséparables, je ne pensais pas que l'animal serait si doux.

Aelís enjouée regarde tout le monde.

– Demain, soirée blind test ?

– Désolé je ne serais pas des vôtres, je serai de retour assez tard. répond l'homme de la maison.

– Ah bon ? demande sa petite sœur avec curiosité.

– Oui. répond-il, d'un regard entendu sa sœur n'insiste pas.

– Et vous mes sœurs ? demande la benjamine.

– J'ai rendez-vous pour 21h. répond Pía.

Aelís se tourne vers sa sœur cadette qui baisse la tête et jette quelques coups d'œil à son frère. D'une colère maintenue ce dernier serre la mâchoire.

– Euh, je ne serais pas là demain soir. hésite-t-elle à répondre.

Adrián se lève brusquement et débarrasse la table. Étonnée, je regarde mon amie qui, d'un regard me fait comprendre qu'elle m'expliquera plus tard.

– Bon bé, on remet ça à samedi soir alors, tout le monde sera là ? enchaîne-t-elle.

– Tu peux compter sur moi, j'adore ce jeu. répondis-je en me frottant les mains, essayant de détendre l'atmosphère.

Les filles acquiescèrent de la tête.

– Ad tu seras des nôtres samedi soir ? demande Aelís.

– Ouais c'est bon, vous allez encore prendre une raclée. répond-il, un sourire en coin.

– C'est ce qu'on verra. répond mon amie.

– Pari tenu ? tente son frère.

– Oh non, c'est pas vrai, ça va mal finir. s'exaspère Pía.

– La dernière fois, Adrián a gagné. Aelís a dû faire l'aller-retour dans l'allée en sous-vêtements et dans le noir. Résultat, elle s'est vautrée dans les ronces.

– Outch. grimaçais-je en imaginant les écorchures.

– Ouais et c'est peu dire. Bref, comme monsieur est sûr de lui, il ne verra pas d'inconvénient à jouer, seul face à nous, provoque Aelís.

– Quatre contre un, ce n'est pas équitable. remarquais-je.

– T'inquiète j'suis imbattable. Je vais vous préparer des gages bien sympathiques. répondit Adrián fort présomptueux.

– En attendant notre sentence je vais coucher la petite et en faire de même. annonçais-je.

– Attend je vais t'aider, j'y vais aussi.

Sous le regard attentif de la chienne, Adrián prend Rose dans ses bras, elle ouvre à peine les yeux et se rendort. Un petit pincement me rappelle que Pierre ne l'a porté comme ça que peu de fois.

Un signe de main aux filles et nous voilà partis. Le jeune homme est délicat quand il dépose la petite avec précaution sur le lit. Je le remercie et m'occupe du reste. Une fois chose faite j'embrasse son front avant de m'éclipser.

Après avoir enfilé mon pyjama, je décide de prendre une tisane avant d'aller dormir. À pas de loup je me dirige vers la cuisine. Au lieu de m'installer sur le canapé, je prends un gros plaid en laine et pars sur la terrasse. Quelques secondes plus tard j'entends Louve arriver et se coucher à mes pieds. Une fois bien calée dans le fauteuil, j'observe le clair de lune créer un inquiétant balai d'ombres dans le sous-bois. L'air frais me frôle les joues tandis que mes mains sur la tasse brûlante se réchauffent. Je respire de parfum de camomille et de fleur d'oranger. Je ferme les yeux et la chaleur de l'eau réchauffe mon front. Je reste comme ça quelques minutes avant de pouvoir boire ma tisane. Seuls les bruits de petits animaux et du vent sont présents, c'est reposant. Ça fait du bien d'entendre autre chose que le brouhaha de la circulation et des gens, ça change du centre-ville.

MAliceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant