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Charlie du haut de la scène fixe un point, point qui n'est autre qu'Aelís. Son regard bienveillant ne m'aurait pas alerté s'il était resté tel quel au moment où une femme s'est approchée de mon amie. Le regard si clair de Charlie est devenu noir d'encre. Il a retrouvé la lumière à l'instant où Aelís s'est retrouvée à côté des garçons.

Moment des slows, la barbe. Je tente de m'éclipser mais une main me rattrape, tiens Adrián.

– Tu étais passé où ? demandai-je.

– Pas loin.

Sans m'en rendre compte je danse avec lui, habile tacticien. J'adore ce titre de Florence and the Machine, Never let me go. Je cherche du regard Charlie derrière ses platines, absente. Je la trouve en train de danser, dans les bras d'Aelís. Elles n'ont pas besoin de s'embrasser, pour comprendre qu'elles s'aiment. Le voilà le grand amour de mon amie, Charlie. La voix d'Adrián attire mon attention.

– Pardon, tu disais ?

– Tu nages dans ta robe, c'est voulu ?

– Tu trouves ? Elle est juste comme il faut, cet hiver elle me serrait trop.

– Donc tu n'as pas fait exprès de perdre du poids. C'est pas bon signe alors.

– Écoutes, tu n'es ni mon nutritionniste, ni mon père.

– Ok, c'est bon, je m'inquiète c'est tout.

– Tu as tort, j'ai de la marge. J'ai juste perdu l'appétit c'est tout.

– Pourquoi ça ?

– C'est comme ça, le moral et le corps s'influencent l'un et l'autre.

– C'est le déménagement, le boulot ?

– Peut-être.

– Tu ne m'en diras pas plus ?

– Non.

Nous continuons à danser. Bien que notre bref échange eu était froid, je me rends bien compte que ses bras se veulent réconfortants.

En rentrant, par automatisme, je pars vérifier si Rose dort bien mais ne la trouve car elle est avec Pía. La douche me fait le plus grand bien. Une fois en débardeur et shorty, je me rends compte que j'ai oublié de me laver les dents. Je déteste cette sensation sur mes dents non lavées. J'entre dans la salle de bain et me retrouve nez à nez avec Adrián, en caleçon, c'est déjà ça.

– Ah pardon, je croyais que t'avais fini.

– Je vais me laver les dents.

– Ah ok, j'en ai pas pour longtemps, j'prend un truc dans la pharmacie.

– Un soucis ?

C'est en me retournant que j'aperçois un hématome énorme sur ses côtés. Je couvre ma bouche de la main.

– T'inquiète c'est rien, juste l'histoire de quelques jours.

– Mais comment tu t'es fait ça ?

– Oh, j'ai réglé un problème, c'est tout.

– C'est tout ? dis-je en comprenant de suite.

– C'est tout.

– Et il est dans quel état le problème ?

– Pire que moi.

– Ça bizarrement je n'en doute pas, il n'a rien de cassé ?

– Peut-être le nez.

– Le nez ?! Sa femme est à deux doigts d'accoucher et il a déjà deux enfants.

– Fallait y songer avant d'embobiner ma sœur. Maintenant il sait qu'il vaut mieux qu'il ne lève plus les yeux sur elle comme il l'a fait ce soir.

– Tu sais que je ne cautionne pas la violence mais j'avoue que j'avais envie de le gifler. Je suis contente que ce n'est pas davantage dégénéré. Viens je vais te passer la pommade.

Assis sur les rebords de la baignoire et moi assise sur mes talons, je fais doucement pénétrer la crème. Le parfum des plantes aux effets actifs flotte dans la pièce.

– Tu devrais te couvrir pour ne pas salir tes draps, prendre du paracétamol et mettre de la glace. Et voilà, c'est terminé.

Je me lave les mains et sens Adrián dans mon dos. Je relève la tête et vois dans le miroir son menton reposer sur mon épaule.

– Merci de prendre soin de moi.

– Merci de ne pas recommencer.

Une bise sur mon épaule dénudée et le voilà partit se coucher.

MAliceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant