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Bien que j'ai un appétit de moineau, Aelís ne me reconnaît plus au cours tant je me dépense. Elle m'a rappelé que c'est ce week-end que commence les fêtes de village. Je n'ai pas la permission de me défiler, tout le monde sera là.

Pour la soirée Rose a décidé de revêtir sa robe qui tourne le plus haut. Elle se prend au jeu et décide pour moi. Nous rejoignons les filles à l'une des longues tables.

– Que vous êtes jolies toutes les deux. nous complimente Linon.

Nous la remercions et saluons les filles ainsi que Nicolas. Adrián est absent car avec les garçons ce soir. J'aperçois Charlie sur la scène derrière les platines, ça me fait sourire. Une jeune architecte d'intérieur qui descend de Paris pour animer une fête de village dans le sud-ouest, c'est son anti-stress m'a-t'elle dit un jour.

Nous mangeons les plats locaux pendant que le bal musette commence. Charlie se prend même au jeu et dédie des chansons aux habitués sexagénaires qui ne se font pas prier pour venir danser sur la piste d'herbe. Au moment d'un tango Aelís invite Pía, nous constatons que ceux sont les plus jeunes danseuses et ça nous fait sourire. Linon presse Nicolas qui se risque à quelques pas avant de laisser sa compagne mener. Rose applaudit à chaque fin de danse. Elle essaie de reproduire les gestes de Pía, ça vaut quelques beaux clichés.

Un groupe de criards arrivent et met l'ambiance sur des bandas. Je m'aperçois au dernier moment qu'il s'agit des amis d'Adrián. Ils commencent même vouloir faire un paquito, les filles s'installent, Rose et avec Pía au tout début et moi, traînée en robe me met à la fin de notre groupe. Les garçons nous aperçoivent et se rapprochent. Dave commence à s'accroupir derrière moi mais je l'entends râler.

– T'es chiant mec.

– Excuses c'est ma place là.

Je me retourne et reconnais l'homme qui s'installe.

– Adrián ?

– Ouais.

– Je ne savais pas que vous veniez.

– Changement de programme. J'allais pas rater la première fête de la saison.

Nous rions et faisons passer les enfants par-dessus nous. La maladresse désinvolte des garçons décoince et en fait rire plus d'un.

Je n'avais pas vu mais Marc est présent avec Agnès, sa grand-mère, il est présenté comme un ami. Adrián invite même la petite dame à danser un tango. Je me sens tout de suite soulagée qu'il n'est pas voulu tester ma mémoire. Trois minutes plus tard, je réalise que mon répit fut de courte durée. Je reconnais les premières notes de Asi se baila el tango, je suis cuite...

Adrián me tend la main, je regarde autour de moi la centaine de personne présentes, j'hésite mais pas lui, son regard se fait confiant. Rose m'incite à y aller, ainsi que tout le groupe, bref je n'ai pas le choix. Les filles LLORCA sont sur la piste, Charlie descend même pour danser avec Pía pendant que Linon est avec Aelís. Rose est sur les genoux d'Agnès. Une fois les dix premiers pas passés, la fierté de ne pas m'être trompée me fait gagner en assurance. La main d'Adrián sur la peau nue de mon dos me brûle, pourtant j'en frissonne quand elles caressent mes bras. Je mets plus d'ardeur dans mon jeu de jambe, j'ai lu dans ses yeux la peur de se prendre un coup de talon, ça m'a fait sourire. Dans la fermeté de ses gestes il a su me rappeler qui dirigeait. J'ai bien remarqué que nous occupions le centre de la piste. Les autres couples ont certainement préféré ne pas trop s'approcher aux risques d'êtres blessés. C'est le moment de la sentada, je regroupe toute mes forces et la concentration pour la réussir. Je sens Adrián pivoter et faire un tour, je m'accroche à lui pendant que ma robe se soulève. Il me félicite à l'oreille et je le remercie d'une bise.

Nous quittons la piste sous les sifflements des garçons que nous saluons humblement.

Au moment des zouks, Rose et moi nous trémoussons sur la piste en rigolant. J'aperçois Adrián avec une jolie demoiselle qui n'a pas froid aux yeux. Tout est de sortie, talons hauts, mini short et top ultra décolleté. Vu comment ils dansent c'est certainement sa compagne, faudra l'avertir de se couvrir un peu quand même. Aelís m'enlève Rose des bras pour danser avec elle. Du coup je me retrouve avec Bapt, c'est une armoire de bonne humeur, toutes les Antilles lui transpirent par les pores. Danser avec lui un zouk love est aussi facile que danser le tango avec Adrián. Nous n'arrêtons pas de rire, notamment sur la compagne d'Adrián qui en fait ne l'est pas. C'est une fille qu'ils connaissent bien, du style à obtenir tout ce qu'elle veut sauf Adrián qui fait de la résistance.

Sur les titres des années 80 tout le monde se déchaînent. Les garçons parodient même quelques groupes. Les titres s'enchaînent Pía danse avec Marc qui lui murmure à l'oreille. À voir l'expression de Pía les confidences sont vraiment touchantes, jusqu'au moment où un enfant trébuche à côté d'eux. Pía le redresse et le père vient la remercier, jusqu'au moment où ils bloquent face à face. L'homme, d'une beauté animale, scrute Pía, totalement blême. Son regard va du visage de Pía, à son ventre puis vers Marc et revient à Pía, oh non. Je confie Rose à Agnès et attrape le bras d'Adrián. Il comprend rapidement la situation. Marc d'un geste innocent mais instinctivement protecteur enlace Pía. L'homme fait un pas en avant pendant que son fils tire sur son pantalon. Vite une idée, ça risque de tourner en véritable fiasco. Je m'approche du petit garçon et décide de jouer la naïve.

– Ça va bonhomme ? Tu ne t'es pas fait mal.

– Si un peu.

– Fais voir.

– Houlà, il y a une belle tache mais je pense que ça va allait. Ce qu'il faudrait c'est un câlin de maman, ça fait beaucoup de bien.

– Elle est là-bas.

Le petit garçon me montre une femme prête à accoucher accompagnée une fillette d'environ neuf ans.

– D'accord.

Je me redresse vers l'homme qui est resté avec Pía et Marc dans une muette discussion, bien électrique.

– Excusez-moi monsieur votre fils aurait besoin de sa mère. Vous voulez bien l'accompagner à votre épouse s'il vous plaît ?

L'homme sort de sa transe et me regarde avant de prendre son fils par la main. Une fois qu'il a tourné le dos, mes amis relâchent la pression. Adrián lui a disparu par contre.

– Merci Alice. Marc va raccompagner Agnès. Si ça ne te dérange pas ils vont me déposer à la maison avec Rose. me dit Pía .

– C'est gentil mais tu sais elle tiendra le choc sans problème.

– Je n'en doute pas mais demain j'aimerais l'emmener à la boutique avec-moi si tu es d'accord. Comme il est bientôt vingt-deux heures.

– D'accord je vais la chercher.

– Ok, je vais chercher son siège dans la voiture.

Je retrouve Rose sur les épaules de Mik qui danse comme un clown. Lui qui est réservé, je ne le pensais pas proche des enfants. Il nous accompagne jusqu'à la voiture de Marc. J'explique le programme à ma fille avant de l'embrasser.

MAliceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant