De retour Aelís me propose un café. Je sais qu'elle meure d'envie de me poser des questions. Pour l'instant, je la remercie intérieurement de se retenir. Je lui demande s'il faisait encore bon dehors pour s'y installer. Elle soulève la méridienne du canapé et me tend deux grands plaids. Tiens, c'est là qu'ils se cachent. Je m'installe sur l'un des fauteuils du grand salon d'été. Bien que nous soyons fin octobre il fait étonnamment bon. Un bruit de bouteilles attire mon attention. Aelís arrive avec un plateau dans une main et trois bouteilles dans l'autre.
– Mais qu'est-ce que c'est tout ça ?
– Digestifs ma belle !
– Mais ça ne va pas ? Je ne bois pas.
– Mais oui c'est ça et la marmotte...
– Mais c'est vrai je ne bois pas, je n'aime pas ça.
– Ok ok, allez je te mets au moins de la chantilly, un café liégeois ça te va ?
– Oui ! Vas-y, plein de crème !
– Ah bé ça, ça se voit.
– Non mais, ça veut dire quoi ?
Elle me regarde étonnée, comprend le quiproquo et pouffe de rire.
– Mais non, c'est pas ce que je voulais dire, c'est ton « oui » qui m'a fait dire ça.
– Mais oui, c'est cela oui...
– Bon t'arrêtes de dire ce que je n'ai pas insinué, allez bois ton café.
– Humm, elle est bonne la crème, il y a de la vanille.
– C'est moi qui l'ai pas faite. réplique-t-elle avant de noyer son sourire coquin dans son irish coffee.
Un subtil parfum de cannelle et de vanille réveille des narines, avant de faire frétiller mes papilles. Après cette douceur, vient l'arôme du café et tout en discrétion la puissance du rhum glisse sur ma langue. Mon amie le nez dans sa tasse me regarde en coin.
– Tu as de la chance c'est bon. dis-je.
Les coins de sa bouche se relève en un sourire triomphant.
Deux heures plus tard...
– Mais qu'est-ce que vous faites dehors ?
Oups, nous nous retournons devant un Adrián tout juste arrivé.
Nous, emmitouflées dans nos plaids en train de danser sur les notes de Makeba, de quoi avons-nous l'air ?
Un échange de regard et nous explosons de rire.
– Je ne sais pas à quoi vous carburez mais il fait huit degrés, rentrez, vous allez attraper la mort.
Docilement, comme des enfants pris la main dans le sac, nous rentrons au chaud.
Trois tisanes plus tard, nous sommes échouées sur le canapé à moitié somnolentes.
Après m'être glissé dans le lit, je pense in extremis à programmer mon réveil.
Oh ! Quatre appels ! Cinq messages ! Pierre.
« Je voudrais te parler.
Réponds s'il te plaît.
J'arrive.
Je suis là.
Si tu ne viens pas au portail, c'est moi qui vais te trouver. »
Que ? Quoi ? C'est quoi ce bazar ?!
23h17, heure du dernier message, c'était il y a dix minutes, nom d'une pipe !
Aïe ! Mon petit orteil vient de s'écraser sur le pied du lit.
Entre la douleur, le froid et la distance, je suis vite réveillée et très irritée.
La lumière de mon portable m'évite de me casser la figure. Les bruits de la nuit passent inaperçu comparé aux bruits de mes pas et de ma respiration.
Punaise, il est bien là, droit comme un i. Vite Alice, parle avant qu'il enchaîne, sinon tu es fichue.
– Bonsoir, je suis désolée mais mon mobile était sur silencieux.
– Tu ne regardes jamais ton téléphone ?
– Pas quand je suis tranquille. Je ne vois pas en quoi cela te fait venir.
– J'avais besoin de te parler.
– Ça ne pouvait pas attendre mardi ?
– J'ai eu peur que ça soit trop tard.
– Trop tard ?
– Ça fait un mois que je n'en peux plus, je ne vois pas en quoi cette séparation perdure. Nous sommes restés proches et c'est...
– Stop. J'ai fait une erreur de plus en laissant cette proximité mais ça ne sera plus le cas dorénavant.
– Tu ne peux pas dire que du jour au lendemain tu vas tout rejeter. Tu ne peux pas dire que tu n'aimes plus mes baisers...
Idiote, idiote, faible, je suis faible devant cet homme, je n'y arriverai jamais.
C'est les larmes aux bords des yeux et peu fière de moi que je rentre. Je fais cinq pas et une porte s'ouvre.– Alice ? C'est toi ?
Adrián allume la lumière du couloir.
– Oui. reniflais-je.
– Mais tu pleures ?
– Non non.
Malheureusement je ne peux pas mentir longtemps, les larmes ne cessent de couler.
– Oh viens-là toi.
En confiance, je me laisse guider dans ses bras.
– Je sais pas ce qui te met dans cet état mais saches que je déteste voir une femme pleurer. Alors avec trois sœurs, je peux te dire que je sais faire des super câlins.
Ses mots me font déjà sourire. Il commence par me bercer et me caresser les cheveux comme je le fais avec Rose. La chaleur du plaid et d'Adrián m'aide à m'apaiser, un dernier sanglot et ça va mieux.
– Merci. Je suis désolée, je suis vraiment plus faible que je ne l'aurai cru. avouais-je difficilement.
– Mais pourquoi tu dis ça ? D'après ce que je sais c'est loin d'être le cas. Tu as pris la décision de te séparer du père de ta fille. Après autant de temps et avec un enfant la plupart des gens se cachent derrière l'excuse « on va attendre pour le bien-être des enfants ». Je ne sais pas si ton chagrin à avoir avec ta situation ou si tu as vu une vidéo d'un chaton mais ne dis pas que tu es faible. Montre-toi jour après jour le contraire, ok ?
Je décolle enfin mon visage de son torse devenu trempe.
– Merci et pardon. répondis-je.
J'essuie son torse avec un bout du plaid, ce qui le fait sourire.
– Ne t'embête pas pour moi et s'il te plaît j'aimerai ne plus te voir dans cet état, ok ?
Devant son regard émeraude, impossible de me défiler.
– Ok je vais essayer. dis-je faiblement.
Sa moue dubitative me fait penser à sa sœur.
– Mouais, bon, c'est pas top mais ça ira pour l'instant.
– Je ne t'ai pas réveillé au moins ?
– Non j'allais boire.
– Tant mieux. Je te remercie, ça fait du bien.
– Mais je vous en prie madame tout le plaisir est pour moi.
Son étreinte se relâche, je me libère du plaid et vais le ranger.
– Merci bonne nuit Adrián.
– Fais de beaux rêves, à demain.
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MAlice
RomancePrise dans une relation qui ne lui ressemble plus, Alice va devoir puiser en elle pour prendre les choses en mains. Elle peut compter sur ses fidèles amies pour l'aider à affronter les épreuves et l'accompagner tout au long de son renouveau. C'est...