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Quel bonheur de dormir ici, à chaque fois, je dors comme un bébé. Apparemment, pour une fois, l'effet est le même pour Rose, elle commence tout juste à déjeuner.

– Bonjour mon cœur, c'est toi qui a allumé la télé ?

– Non maman, les dessins animés étaient déjà là.

– Ah, d'accord.

En sirotant mon café, je prends mon plaid et m'assois à côté de Rose. Son petit corps vient se blottir contre moi. Sentir sa chaleur, son odeur, caresser la douceur de ses cheveux, il n'en faut pas plus pour que je somnole.

Le petit rire de ma fille me tire d'un demi sommeil. Elle n'est plus à côté de moi, la télévision est éteinte. Son rire me mène à sa chambre. Ce que je vois me surprend et me fait sourire.

Adrián déguisé en princesse, se laisse maquiller par Rose, je ne vous raconte pas le tableau. Maintenant adossée à l'encadrement de la porte, les deux compères m'aperçoivent.

– Tu vois maman, il est toute belle.

– Je vois ça mon cœur. Je ne savais pas que les paillettes lui allaient aussi bien.

Adrián tente de retenir un sourire car Rose lui met du rouge à lèvres.

– Ai-je perdu toute crédibilité dame Alice ? me demande-t-il.

– Oh non, bon prince, laissez-moi revêtir ma tenue et nous serons prêts à défendre le monde du transformisme.

– Dans ce cas-là c'est parfait, nous serons prêts pour défiler cet été.

Étonnée qu'il connaisse la période des Pride Parade, je reste hébétée.

– Quoi, t'as vu un fantôme ? dit-il.

– Euh non non, tu as déjà défilé ?

– Oui avec ma pote, Charlie.

– J'ai jamais osé.

– Osé ?

– Je soutiens leur cause mais j'ai peur de déranger.

– Alors là, bien au contraire, c'est vraiment extra comme ambiance. Tu devrais venir, cette année nous allons à Madrid fin juin.

– Tu y vas chaque année ?

– Hum.

Rose lui rajoute du brillant à lèvres par-dessus le rouge déjà présent.

– Depuis son coming out, il y a cinq ans, j'essaie de me libérer pour l'accompagner, c'est l'occasion de se retrouver. Nous avons fait Paris, Londres et Amsterdam. Elle a même fait celle de Toronto lors d'un séjour pour le boulot. m'apprend-il.

– Je trouve ça super.

– Pour le meilleur et pour le pire, elle, c'est le meilleur de nous deux.

Vu l'allure de tombeur d'Adrián, j'étais à mille lieux de penser qu'il aurait pu avoir une meilleure amie sans qu'elle succombe et surtout qu'il défendrait à ce point ses convictions. Saletés d'aprioris, ils ont la dent dure.

– Je vous laisse à vos froufrous, je vais voir s'ils ont besoin d'aide de l'autre côté pour ce midi. leur dis-je.

– Attends.

Adrián se lève et écrase ses lèvres bariolées sur ma joue.

Pablo et Jehanne préparent des tapas, le plat principal préparé hier, mijote à nouveau depuis ce matin. Tout le monde sourit en voyant ma joue mais ne paraissent pas étonnés. Il reste seulement le dessert à faire, un flan au yaourt, le cuajada. Dix minutes après j'ai déjà fini, reste plus que la cuisson et surtout le temps de refroidissement.

MAliceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant