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Derrière mon volant, je ne cesse de repenser aux instants passés avec mon inconnu et à ceux ici, dans les Landes, ce n'est pas possible ! L'estomac retourné, je regarde le portail s'ouvrir et avance aux pas comme si j'allais à l'échafaud.

Une fois le pied à terre, le doux poil de Louve vient caresser ma jambe nue. Quand vais-je me décider à entrer ? Dois-je entrer directement ? Dois-je frapper ? Que dis-je ? Il y a une caméra et des capteurs au portail. Il sait que je suis là, il m'attend certainement. Mais s'il ne veut pas me voir ? Après tout je n'ai reçu aucunes nouvelles depuis mardi.

Ne soit pas bête Alice, tu veux des explications !

Ma main se baisse sur la poignée et pousse la porte. Sa silhouette se découpe dans la lumière de la verrière, debout, de dos, les mains dans les poches, son ombre m'impressionne plus qu'il ne le faudrait. Je pose mes affaires sur la table, pendant que je fais quelques pas, il se retourne et je ne sais que faire. Avec le contrejour je distingue à peine son visage. Maintenant à sa hauteur, immobile, je n'arrive pas à prononcer tout ce qu'il me vient à l'esprit, tout ce que j'avais préparé. D'une voix calme et posée, c'est lui qui prononce les premiers mots.

– Pardonne-moi.

– Pourquoi ? demandai-je d'une voix étranglée.

– Pour tout.

Sa réponse n'est qu'un souffle.

– Pourquoi ?

C'est le seul mot qui puisse sortir de ma bouche, tel un automate.

– Parce que c'est toi et je suis comme je suis. Je m'en veux mais je ne regrette rien. Si c'était à refaire je le referai sans hésiter.

Sa main se pose sur mon épaule mais je recule comme si elle me brûlait. Ces mots tournent en boucle dans ma tête. Ma colère prend le dessus sur ma peine et sort crescendo.

– Mais pourquoi ?! Pourquoi m'avoir pris ? Pourquoi m'avoir menti ? Pourquoi avoir continuer ?! Pourquoi avoir arrêter ?! Pourquoi dire la vérité ?!

– Parce que je te veux !

– Quoi ?

– Depuis la salle de bain, ta peur, ta détresse, tes excuses, ta colère amusée. Ta douceur aussi grande que ta force quand il s'agit de Rose. Tes grands airs alors que ça te brûle les lèvres de jurer. Tu m'as eu. Ton problème avec l'âge alors que t'es devenue mon amie autant qu'avec ma sœur qui a dix ans de moins que toi. T'imagines pas à quel point tu as pu me faire mal et me troubler pendant des mois. Et... Il y a eu le club... Quand tu m'as vu, j'ai vu ton désir, j'étais si furax. J'ai accablé ma sœur mais elle m'a dit que tu m'avais pas reconnu.

– Alors tu en as profité ?

– Non ! Si... Quand tu étais avec l'autre, j'ai vu ton regard suppliant à travers la vitre. Tu ne savais pas qui j'étais et pourtant tu me voulais ! Tu as joui en me regardant ! C'était si facile au club de le vouloir alors qu'à la maison tu détournais le regard. Pourtant tu as une façon de me comprendre comme si c'était si facile. J'ai cru devenir fou quand je l'ai vu te prendre. Tu peux même pas imaginer à quel point je t'en ai voulu. Tu m'as vu plus d'une fois en caleçon et au club, tu n'étais même pas capable de me reconnaître ?!

– Alors tu m'as séduite ?

– Je t'ai séduite ? Non, j'ai fait que répondre à ce que tu voulais et je le voulais.

– Ton visage ?

– Quelle aurait ta réaction, si face à moi, nue, prête à t'ouvrir, tu avais su ?

MAliceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant