Aaah, je me réveille d'une nuit sans rêve, paisible, reposante. Je réalise que je suis dans mon lit, seulement couverte de mon tee-shirt de la veille et de mon shorty. Mystère à élucider, je n'ai aucun souvenir de m'être couchée et encore moins déshabillée.
En me levant je réalise qu'il est bien tôt mais pas assez pour se rendormir. Je regarde Rose qui dort en travers du lit, je regarde furtivement si Adrián est bien là, c'est le cas. Je laisse un mot sur la table au cas où et m'engouffre dans la voiture. Ça dort dans la maison des filles, seule Pía travaille le dimanche matin. Je vais faire ma course et passerai vite fait lui faire la surprise.
Un quart d'heure plus tard, j'entends la douce mélodie carillonner sur mon passage. Je ne vois pas Pía, j'avance, toujours personne. J'ai à peine le temps d'admirer les fleurs que des bruits de vomissements se font entendre. Inquiète, je suis le bruit qui me guide vers l'arrière-boutique. Courbée au-dessus de la cuvette, je trouve Pía contractée de spasmes, rien ne peut plus sortir apparemment.
– Pía ?
La grande brune se retourne vers moi. D'habitude d'une beauté magistrale, son teint est cireux, ses cernes marqués et ses cheveux en bataille, c'est certainement dû à une mauvaise nuit.
– Ah c'est toi, désolé.
– Ça va mieux ? Tu as l'air complètement HS.
– Vidée est plus approprié.
Même malade elle trouve la force de faire de l'humour.
– Tu as de quoi te soigner ?
– Non j'ai rien, je suis rarement malade et je déteste prendre des médicaments, c'est bourré de je ne sais quoi.
– Je vois, pas la peine que je te propose ça.
Je lève le sachet de viennoiseries, au moment où elle les voit la nausée lui reprend, génial.
– Pía, tu penses que c'est une gastro-entérite ?
– Je n'ai que les vomissements pour l'instant mais ça fait déjà trois jours.
– D'accord, essaie de boire de toutes petites gorgées d'eau mais pas beaucoup, je reviens.
Pharmacie, supermarché, c'est bon j'ai le kit de survie. Devant mon amie je déballe les poches, gaufrettes dont elle raffole, celles de notre enfance, fourrées à la framboise, barres de céréales, muesli, bananes et fruits secs, fromage blanc, gâteau de riz.
– Mais c'est quoi tout ça ? Des produits laitiers ?
– Pía je ne crois pas que tu es une gastro-entérite.
Je déballe le sachet de la pharmacie, antispasmodiques, paracétamol, vitamines et ... En voyant la boite, elle ouvre grand la bouche avant de trembler. Ses yeux commencent à s'embuer.
– Hé, c'est juste par précaution, autant écarter cette piste si ce n'est pas la bonne, d'accord ? la rassurai-je.
Dans mes bras, je l'entends renifler et la sens hocher de la tête.
– Je ne veux pas m'immiscer dans ta vie, c'est ton jardin secret, je garderai ça pour moi, tu peux me faire confiance.
– Je le sais Alice, mais tu es si proche de nous, encore plus de ma petite sœur et même d'Adrián. Je ne veux pas que tu sois amenée à leur mentir.
– Ne t'inquiète pas pour ça, je ne vais pas mentir, ni leur dire ce que tu n'es peut-être pas prête à dire, d'accord ?
Pía me regarde, un client pousse la porte. Elle prend sur elle et gère telle la professionnelle qu'elle est. Je regarde attentivement ces gestes et écoute ses conseils.
Une fois le client satisfait avec son bouquet à la main, elle se retourne vers moi, le regard bien décidé. Par petites gorgées elle prend les cachets et s'absente rapidement dans les toilettes. Entre temps, une jeune cliente arrive, légèrement paniquée je décide tout de même de prendre les choses en mains. Seul le produit est différent, la gestion clientèle reste la même.
Oufff, elle paie par carte bancaire, c'est bête mais je ne sais pas comment s'ouvre sa caisse, le logiciel n'est pas le même qu'au travail.
Une fois la cliente partie, Pía arrive avec le test, le visage mitigé entre la joie et la contrariété. Elle le pose sur le plan de travail, positif, ne sachant pas si c'est attendu ou non, je la regarde et attends une réaction. Aussitôt elle fond en larmes et atterrit dans mes bras.
Dans la demi-heure qui a suivi, j'ai appris qu'elle était heureuse de cette surprise. Seul le contexte fait de l'ombre au tableau, ça fait un an qu'elle fréquente le papa, auto entrepreneur dans le bâtiment, souvent absent, ils ne se voient pas régulièrement, c'est pour ça qu'ils n'ont jamais évoqué la vie à deux. Elle ne l'a jamais présenté à la famille et le voit rarement à sa boutique. Mais elle est dingue de lui, il la gâte et l'emmène dès qu'ils le peuvent en escapade. Avant de lui annoncer la nouvelle, elle préfère vérifier la grossesse par une prise de sang, ensuite, elle avisera.
Pour éviter de pleurer à nouveau, elle me chasse de la boutique. Avant ça, je lui fais promettre de m'appeler aux moindres signes de malaise ou autre.
De retour avec mes provisions, j'en laisse une poche avec un petit mot pour les filles et pars avec le reste à la maison.
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MAlice
RomancePrise dans une relation qui ne lui ressemble plus, Alice va devoir puiser en elle pour prendre les choses en mains. Elle peut compter sur ses fidèles amies pour l'aider à affronter les épreuves et l'accompagner tout au long de son renouveau. C'est...