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Après avoir bordé Rose, j'attends qu'Adrián se couche avant d'aller prendre ma tisane. Silence radio, j'arrête le micro-onde avant qu'il ne sonne. Je glisse le sachet dans l'eau frémissante et sors de la cuisine. Oh non, du coin de l'œil, j'aperçois la porte d'Adrián s'ouvrir. Je serre le plaid et pars dehors sur la terrasse. Une fois bien installée, une boule blanche se rapproche, Louve se couche à mes pieds. Adrián n'a pas dû me voir car je n'entends rien. Oh... J'ai parlé trop vite, la baie vitrée coulisse. A côté de moi, il s'assoit, je fais mine de boire alors que l'eau est encore trop chaude.

– Alice, c'est moi où j'ai l'impression que tu me fais la tronche.

– Non, pas du tout.

– Tu m'as pas décroché un mot depuis la séance d'abdos.

– Coïncidence.

– Si tu le dis. Après tout, je sais que je peux te faire confiance. Si tu dis qu'il n'y a pas de malaise, c'est qu'il y en a pas. Bonne nuit.

Salaud, il sait que je vais forcément démentir. Il commence à se lever et je le retiens de la main qui atterrit sur une cuisse, musclée et surtout nue. Je me tourne enfin vers lui et remarque qu'il est en caleçon, mais ce n'est pas possible !

– Tu es fou ! Nous sommes en hiver !

– Et alors ? Je n'avais pas l'intention de m'éterniser.

– Sympa.

– J'allais squatter ton super plaid.

J'arrive à distinguer son sourire dans la nuit. J'ouvre mon plaid géant, bien assez grand pour deux.

– Bon, tu vas me dire ce qu'il y a ? insiste-t-il.

– Rien de méchant.

– Assez pour moi.

– Tu es trop attentif, c'est tout.

– Ben voyons. Allez dis-moi.

– T'es-tu vexé par mon refus pour l'apprentissage du tango ?

– Oui.

– Pourquoi ?

– Te faire recaler alors que t'es le meilleur, ça a du mal à passer. Mais c'est surtout que ça m'aurait fait plaisir de t'apprendre, c'est vraiment pour ça que je l'ai pris mal.

– Si tu l'avais formulé comme ça, j'aurai accepté. On verra ça le weekend prochain si tu es là.

– Ok, c'est noté.

– Autre chose. Tu sais effectivement que je tiens à tenir parole. Les abdos, c'était pour me punir ?

Je le sens se raidir, avant qu'il me réponde.

- Un petit peu, mais c'est une punition qui sert à ta santé.

– N'essaie pas de te rattraper.

– Je m'y prendrais autrement la prochaine fois, promis.

– Tu as intérêt.

– Câlin de réconciliation ?

– Tu es à moitié nu et nous sommes déjà collés.

– Fais pas ta pincée, viens là.

Nous nous serrons dans les bras comme si nous nous connaissions depuis des lustres, c'est agréable. La tête sur son épaule, une bêtise me vient en tête.

– Adrián.

– Hum.

– Tu sais, je suis déjà en pyjama et je n'ai pas mis de dentelle, alors si je m'endors faudra juste me porter.

– Malheur, aucun avantage à te porter si je ne te mets en pyjama. Je te laisserai mourir de froid, au mieux Louve réchauffera tes pieds.

– Goujat.

– T'inquiète, en bon prince je te borderai, mais si tu ronfles, je te largue sur le lit comme un sac à patates.

– Méchant.

Nous restons dehors le temps que je finisse ma tisane et regagnons ensuite nos chambres. A y repenser, ce jeune homme est bien attentif et attentionné, ça doit être ça de vivre avec trois femmes.

MAliceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant