MAlice

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Un bruit me réveil, je ne saurais dire quoi, puis des rires étouffés. Je crois reconnaître les enfants et Adrián qui les faire taire. Je veux bouger mais je suis bloquée. Je me rends compte qu'Aelís, la tête sur mon ventre, a passé son bras sur mes cuisses. J'essaie de bouger mais elle s'agrippe à moi et je ne veux pas la brusquer. J'attrape un coussin et je glisse entre nous, ouf, ça marche. Je m'extirpe du lit et m'étire en allant dans le salon.

Les enfants sont entrain de goûter sur la petite table et les deux compères s'affairent sur la table de la salle à manger.

– Bien dormi ? demande Adrián.

– Oui mais trop.

– Ah bon ?

– J'ai la tête dans le brouillard. Aelís est une bouillotte, j'ai plus l'habitude de dormir avec quelqu'un.

– Ça t'est jamais arrivée de dormir avec elle ? demande Charlie.

– Non. Vous planchez sur quoi ?

– L'aménagement de la piscine. répond Adrián.

– Et de ce mur. rajoute son amie.

– La piscine ?

– Oui, le mois prochain je fais installer une piscine derrière. répond Adrián.

– C'est la misère autant sur le style de piscine c'était facile mais pour le reste monsieur ne sait pas ce qu'il veut. râle son amie.

– Je sais ce que je ne veux pas, c'est tout. Regarde Alice.

Adrián me montre l'écran du pc. Des photos magnifiques aux décors soit tropicales, soit désertiques.

– C'est très beau.

– Oui, c'est sûr mais ... répond mon ami.

– Mais monsieur n'est pas inspiré. fuse Charlie.

– C'est pas ça, c'est pas moi c'est tout. enchaîne son compère.

Charlie grimace et reprend le pc. Je regarde derrière elle le mur blanc. Et si je leur parlais de mon idée, on ne sait jamais.

– Vous avez travaillé pour le mur ?

– Non. répondent les amis en chœur.

– J'ai peut-être une idée. dis-je sans prétention.

Je sélectionne les captures écran d'hier et leur montre. Ils font défiler les photos et font tour à tour des messes basses.

– Je pensais que ça serait sympa avec par-ci par-là des briques, rappelant les chevrons de la cuisine. Ça donnerait une impression de mur à l'abandon où la végétation aurait repris ces droits. Il faudra juste aménager le système de filtration dans la buanderie et le tour est joué.

– Qu'est-ce t'en penses ? demande Charlie à Adrián.

Ce dernier lève la tête vers moi et sourit de toutes ses dents.

– C'est une idée de génie ! Pourquoi t'y as pas pensé depuis le temps ? reproche-t-il à son amie.

– Oh hé tranquille ! Je pensais pas que ça aurait pu te plaire c'est tout. Je pensais plus à une matière minérale. Si le principe du mur végétal te plaît, c'est ok. Alléluia ! Merci Alice.

– Tu n'aurais pas une idée pour l'extérieur ? me demande Adrián.

Euh... Prise au dépourvu je sèche un peu. Alors il n'aime pas ce que j'ai vu car ce n'est pas lui. Je regarde autour de moi, pense aux endroits qu'il aime bien et là, ça me vient, tout afflue.

– Tu aimes la forêt, ça tombe bien tu y vis. Tu aimes aussi le littoral, donc si tu veux quelque chose d'authentique, qui soit toi, je choisirai la flore des dunes. Liseron, bruyère, ajoncs, genêts, les herbes hautes et tu fais la transition avec les bois grâce à la fougère.

– Mais oui ! C'est parfait ! Bon, pas de genêts, la linaire et l'immortelle apporteront assez de jaune mais beaucoup de gourbet et d'oyat. Charlie au boulot ! Quant à toi, petit génie, viens avec moi.

Adrián m'explique le projet dans son intégralité avec les petites modifications que mon idée a généré. Il voulait un bassin à filtration écologique mais il ne se fait pas assez confiance pour garder son équilibre. Du coup ça sera une piscine au sel, rectangulaire. La coque aura tout autour une sorte de marche pour pouvoir sortir où l'on veut. Sur le devant il y aura de larges marches. Sur la gauche et le fond, côté bois, il y aura toute la flore des landes jusqu'au bois. Sur la droite de la coque, côté maison familiale, il y aura une grande terrasse en bois avec tout le long une pergola qui se terminera par un petit cabanon où se trouvera le local technique.

– Tu n'as pas peur que ça casse l'espace entre les deux maisons ? m'inquiétai-je

– Justement c'est pour délimiter mon espace de celui familial. Si un jour les parents vendent la maison, je serai tranquille. Il faudra juste que je décale la pergola centrale c'est tout. À eux après de faire un deuxième accès à côté de l'autre.

– Ah ok, tu as pensé à tout. Tu penses vraiment qu'ils vont vendre un jour ?

– Honnêtement ? Non, je pense que Pía restera dans la maison et franchement ça serait génial.

– C'est sûr.

– En tout cas merci beaucoup pour tes idées. Charlie va pouvoir plancher et ne plus s'arracher les cheveux.

– Tout est une histoire de logique.

– Tu crois ça ?

– Oui. Toi, la nature, la nature, toi, tout simplement.

– Dis comme ça.

– Le projet sera finit quand ?

– Si le PH est bon et le temps au rendez-vous, première semaine de juin on pourra se baigner.

– Déjà ? C'est rapide.

– Depuis la verrière ça va en jeter avec les spots.

– Tu as prévu des spots ?

– Oui dans la terrasse des solaires, histoire que ça ne flash pas trop. Le local technique sera alimenté en partie par des panneaux solaires aussi, ils seront sur la pergola.

– Tu bosses dessus depuis combien de temps ?

– Deux ans. Quand les travaux de la maison ont été terminés, il a fallu un projet pour l'extérieur.

– Tu es plein de ressources.

– Juste quand ça me fait plaisir.

– Au fait.

Je lui fais un petit câlin, s'il est surpris, il ne le montre pas.

– Alice, me faire câliner ne me dérange pas mais s'il y a une raison particulière j'aimerai savoir laquelle pour recommencer.

Je veux m'écarter de lui mais ses bras me retiennent. Du coup je vais devoir lui répondre en parlant à son épaule.

– Les filles m'ont révélé que tu es à l'origine de l'anniversaire de Rose.

– Elle le mérite, elle est si mignonne. Même mama craque pour elle, pourtant c'est la plus coriace.

– Ta famille est géniale.

– Et tu en fais partie aussi, à juste titre que Charlie et Sacha.

– Merci.

Je le serre un peu plus fort, il embrasse le haut de ma tête et nous regagnons la maison.