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La soirée se passe dans une bonne ambiance.

Bien qu'elle ait fait une sieste tardive, Rose ne tarde pas à s'endormir, ça doit être l'effet de l'air.

Mon mobile sonne, ma mère, il ne manquait plus que ça.

– Oui maman.

– Ah Alice, comment vas-tu ?

– Bien maman merci, et vous à la maison ?

– Oui, oui et ma petite-fille ? Je peux lui parler ?

– Il est 20h30, elle a deux ans et demi, elle dort.

– Ah oui c'est vrai.

– Avec ton père nous avons croisé Pierre par hasard.

Je me fige sur place, nous n'avons annoncé à personne notre séparation.

– Oui et ?

– Tu es chez une amie, c'est ça ?

– Oui. Pierre travaille pas mal en ce moment. Les fêtes arrivant, il fallait prendre les congés avant.

– Ah d'accord, Rose ne s'ennuie pas trop ? Il y a des enfants ?

Ce qu'elle peut être agaçante.

– Non elle s'amuse comme une folle. Il y a un centre équestre pas loin, une ferme, une chienne et une famille aimante.

– D'accord, d'accord. Nous voulions savoir avec ton père ce que vous aviez prévu pour Noël ? Car nous souhaitions partir tous les deux pour le premier.

Aïe, les fêtes de fin d'année et ses repas extrêmement conviviaux...

– Rien pour l'instant.

– Comment ça ? Rien.

Son ton suraigüe de fausse bourgeoise m'irrite au plus haut point.

– Écoute maman, nous travaillons beaucoup. Ça serait bien cette année que nous le fassions uniquement tous les trois.

– Comment ?!

Si elle s'exclame encore une fois dans le combiné, je raccroche.

– Pierre nous a parlé que sa famille allait faire une grande réception le 23 au soir.

– Le 23 ?

– Oui avec des relations professionnelles.

– Si c'est professionnel cela n'a rien voir avec la famille.

– Si, ils nous invitent afin que nous puissions être libre comme bon nous semble les 24 et 25. N'est-ce pas une charmante attention ?

– Adorable.

– Alors que feriez-vous ?

– Je vais encore te le dire, nous travaillons le 23 et je travaille également le 24 donc nous resterons tranquillement à la maison.

– Mais Alice Pierre nous a dit...

Elle commence gentillement à m'énerver, je ne la laisse pas poursuivre.

– Il n'y a pas de mais maman.

– Quand verrons-nous Rose ?

– Si tu étais moins occupée dans tes prétendues mondanités avec Fabienne, tu aurais davantage de temps pour la voir. Être grand-mère ne se résume pas aux anniversaires et aux fêtes.

– Oh ! Ne parle pas à ta mère sur ce ton, si Fabienne t'entendait.

– Si ma belle-mère m'entendait je ne m'arrêterais pas là. Maintenant tu vas continuer de faire ce que tu adores, c'est à dire te regarder le nombril. Ma fille n'est pas ton faire valoir, tout comme ma belle-famille alors regarde-toi dans un miroir. Tu verras que tu n'es plus la femme simple et aimante qu'autrefois. Je continuerai bien notre conversation mais j'ai d'autre chose à faire. Embrasse papa de ma part si ce n'est pas trop te demander. Bonne soirée.

Ouh ! Quelle marionnette ! Depuis que je suis avec Pierre ma mère a complètement changée. Elle idolâtre la situation de ma belle-mère, un mari issu d'une famille carriériste dans la police, une belle demeure bourgeoise en plein cœur de Bordeaux, vivant au rythme de clubs en tous genres.

Depuis, nous nous sommes éloignées l'une de l'autre. Elle est devenue fade et parade comme si tout lui était dû, pendant que moi je m'effaçais dans l'ombre de Pierre. Tout compte fait, je ne sais pas laquelle des deux est la plus détestable.

Mon téléphone sonne, mon père, ben voyons.

– Alice ?

– Papa, s'il te plaît, nous parlerons plus tard. Je ne suis pas disposée à parler calmement pour l'instant. Je t'appelle demain avant ta balade matinale.

– A demain dans ce cas.

– Merci papa, à demain, je t'aime.

– Je t'aime ma fille.

Pauvre homme, ma mère doit être dans un état proche de l'hystérie. Il est le seul qui peut l'apaiser, tout comme il était le seul à calmer mes élans de rébellion. Il est l'homme le plus patient que je connaisse. Malheureusement le bel homme a succombé au charme d'une vraie emmerdeuse.

MAliceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant