Hum... J'ai subitement chaud, mon visage colle au plastique du matelas. L'ondulation de l'eau me perturbe, je suis toute seule dans la piscine. Bien que j'aie mis l'application de surveillance et activé le bracelet de sécurité pour Rose qui est à la sieste, je regarde autour de moi, rien. Nous sommes justes toutes les deux à cette heure-ci. Je me retourne sur le matelas et me souviens que j'ai laissé mon haut sur le rebord, mince. N'ayant pas envie de me mouiller à nouveau, j'essaie de regagner le côté. Tout d'un coup je sens le matelas bouger et aussi sec, je bascule dans l'eau. Paniquée, une fois la surface retrouvée je scrute l'eau autour de moi et sens une présence derrière-moi. Hystérique, je suis prête à en découdre, merde, trop tard... Heureusement, un mouvement de recul plus tard, ma main effleure le menton d'Adrián.
– Et bé ! T'as une façon de dire bonjour toi. s'amuse-t-il.
– Tu es fou ! J'ai eu peur. dis-je.
– Je vois ça, tu croyais que c'était quoi ? Un sanglier ?
– Quel humour !
– C'est bon, ne m'en veux pas. Tu étais si tranquille, j'ai eu le temps de faire six longueurs avant que tu émerges. Je voulais juste te taquiner un peu, c'était trop tentant. Ne me dis pas que tu l'aurais pas fait si ça avait été l'inverse ?
– C'est sûr que maintenant tu peux t'y attendre.
– Ah tu vois. Et tu sais, pas besoin de te cacher ? Je les connais.
Je réalise à peine qu'il parle de mes seins cachés par mon avant-bras.
– Que... Quoi ?! Tu les as vu mais tu ne les connais pas, nuance.
Je regagne le bord et tends le bras vers mon haut. Une main déterminée me le rafle sous le nez.
– Adrián ! Non !
– Ça serait dommage, c'est pas beau les traces de bronzage.
Il fait une moue triste, la même que sa sœur, pitié !
– Ça, c'est mon problème, donne-le-moi s'il te plaît.
– Viens le chercher.
Ses yeux implorants sont devenus bien malicieux.
– Adrián, fais très attention à ce que tu vas faire de mon maillot, conseil d'ami. le préviens-je.
– Conseil d'ami ?
Ça l'amuse apparemment de me voir approcher à l'affût du moindre de ses gestes. Devant lui, je tends la main en attendant qu'il y pose mon haut. Mais monsieur se retient de se sourire et tend le bras au-dessus de sa tête avec le dit maillot, sérieusement ? Il fait déjà une bonne tête de plus. Je vais pas faire des bons ridicules devant lui, il ne manquerait plus que ça. Dans l'eau je ne l'aurai pas à la force, réfléchis...
– Tu te crois en position en force ? demandais-je.
– Un peu. répond-il avec un grand sourire.
Je l'asperge d'eau, ce qui lui fait tourner la tête. D'un coup en prenant appui sur son épaule je saute et victoire !
Chose imprévue, je ne retombe pas sur mes pattes tél un chat, non, il m'a attrapé. Je suis coincée entre la paroi de la piscine et... lui ! Je suis seins nus, collée à mon ami et ça, de son propre fait, merde ! Ça ce n'est pas normal, c'est quoi le délire ?! En parlant de délire, mon corps en sait quelque chose... Sentir le siens contre le miens, lever les yeux vers les siens, rivés sur moi... Je reconnais très bien ce qu'il se passe en moi et je n'aime pas ça. Faut que je sorte de là et vite.
– Tu as perdu Adrián.
J'agite mon haut entre le peu d'espace qui nous sépare.
– T'en es sûre ?
Je rêve ! Maintenant son regard me vrille sur place et quelle est cette voix sensuelle ? Ressaisis-toi !
– Oui. Je dois préparer le goûter, ça serait sympa de...
Je n'ai pas le temps de finir que la fraîcheur de l'eau s'installe entre nous. Avant de plonger dans l'eau, j'ai bien remarqué qu'il serrait les dents. Mais qu'est-ce qu'il lui arrive ? Et moi ? Je n'ai pas voulu l'admettre à Loulou mais c'est dur de me défaire du souvenir de l'inconnu. Du coup mon corps ressent le manque et se manifeste à la moindre occasion.
Volontairement ou non, j'évite Adrián le reste de la journée, même au repas mon regard ne s'attarde pas. Une fois Rose en pyjama, la voiture chargée, il est temps de se dire au revoir. Il est dans le bureau. La petite revient de lui faire la bise et part en faire de même avec ses taties de cœur. Bon c'est le moment, c'est bête mais j'appréhende. Dans le couloir, j'avance péniblement, toutefois j'arrive bien à l'encadrement de la porte. Je passe la tête, il est derrière son bureau.
– A la prochaine. dis-je d'une manière qui se veut guillerette.
Préoccupé, il se lève de son bureau en se frottant la nuque. Vers lui, je fais un pas dans la pièce. Une ombre passe sur son visage avant de me regarder. Un orage sévit dans ses prunelles si verdoyantes habituellement. Sa main dégage une mèche de cheveux de mon épaule. Un instant, le temps paraît suspendu. Pourtant, raisonnablement, il s'avance pour me faire la bise. Mais c'est sans compter sur la tendance qu'il a de me déstabiliser. Sa joue contre la mienne reste immobilise avant de murmurer « pardonne-moi ». Tout se passe vite, j'en ai le vertige. Sa joue glisse et caresse, ses lèvres se déposent sur les miennes, inconscientes de ce qu'il se passe. Son bras, fort étau, me presse contre son corps. Malgré moi, mes lèvres répondent à son baiser et mon corps a son appel.
– Alice ! J'ai installé la petite dans la voiture !
Pía ! Oh !
– J'arrive ! lui dis-je essoufflée.
– Ok !
J'entends la porte d'entrée se refermer. Perdue, je me rends compte que je suis contre le mur, la cuisse est relevée sur sa hanche, sa main sur ma fesse. Mon pied retrouve le sol, mes doigts quittent ses cheveux. Sa respiration qu'il tente de maîtriser résonne dans les oreilles. Il respire mes cheveux et embrasse mon cou.
Doux et stupide agneau que je suis, je pars sans me retourner.
Pourquoi ne l'ai-je pas repoussé ? Cette situation me dérange, mais pas que, c'est davantage cette sensation de perdre pied. Derrière le volant, je me sens vibrer, je me sens vivante et tout me fait écho ! Et cet écho me gifle de plein fouet...
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MAlice
RomancePrise dans une relation qui ne lui ressemble plus, Alice va devoir puiser en elle pour prendre les choses en mains. Elle peut compter sur ses fidèles amies pour l'aider à affronter les épreuves et l'accompagner tout au long de son renouveau. C'est...